Pour attirer les touristes du Québec et d'ailleurs, le parc linéaire Le P'tit Train du Nord est présenté comme la colonne vertébrale de tout un réseau de sports de plein air dans la région des Laurentides.

Pour attirer les touristes du Québec et d'ailleurs, le parc linéaire Le P'tit Train du Nord est présenté comme la colonne vertébrale de tout un réseau de sports de plein air dans la région des Laurentides.

En effet, ce parc est un atout incroyable pour la région. D'abord pour ceux qui y habitent et en profitent toute l'année: vélo, marche, course, ski. Ensuite pour les touristes qui, tout en profitant de ce joyau, font vivre de multiples commerces tout autour.

Ceux qui veulent protéger le parc sont en lutte avec ceux qui, depuis sa création, charcutent cette colonne vertébrale en la coupant par d'innombrables traverses. Dans la région de Prévost, juste au nord de Saint-Jérôme, tellement de traverses ont sectionné ce parc qu'elles ont fait fuir les sportifs et des commerces qui en vivaient. On ne va pas faire de ski quand il faut enlever ses skis à tous les kilomètres. On ne va pas faire de vélo sur un parc avec de jeunes enfants quand il faut traverser des rues continuellement.

Depuis deux ans, un promoteur de Sainte-Adèle tentait d'obtenir l'autorisation de couper lui aussi ce parc, au km 28,5, pour construire 12 unités résidentielles sur un terrain supposément enclavé. Malgré la forte opposition, il a obtenu cette autorisation de la Ville de Sainte-Adèle avec la bénédiction du préfet de la MRC et le ministère des Transports du Québec vient d'autoriser cette traverse.

Conseil municipal, préfecture, député, ministère... des organismes, des élus sensés protéger les biens de la communauté et non favoriser des promoteurs. La décision a pourtant été prise au détriment des citoyens, usagers et professionnels du plein air, qui par centaines ont demandé de trouver une autre solution.

Le plus navrant, c'est qu'une autre solution existe. Les terrains du promoteur ne sont pas enclavés; il faut tout simplement construire une route d'accès qui ne touchera pas au parc et qui coûtera au maximum 300 000$ pour 12 maisons de prestige; ça veut dire 25 000$ pour avoir le privilège de vivre dans la cour du parc. Un privilège qui se vendrait des centaines de milliers de dollars dans d'autres régions du Canada où on protège les richesses communautaires. Dans quelques années ces maisons vaudront au moins 100 000$ de plus parce qu'elles seront situées tout à côté du parc s'il conserve sa valeur.

Comment le conseil municipal de Sainte-Adèle a-t-il pu permettre cette traverse? Comment le préfet a-t-il pu cautionner cette autorisation? Le MTQ fait-il preuve de compétence en autorisant cette traverse alors qu'il y a depuis si longtemps une autre solution connue de tous? Croiriez-vous qu'on apporte comme objection qu'il faudra couper des arbres et enjamber un cours d'eau si on désenclave par une autre sortie et que ce ne sera pas très écologique! Voyez comme on peut retourner les arguments des défenseurs du plein air!

Je fais partie des usagers qui n'ont pas d'intérêts financiers à protéger, pas de commerce ou d'amis promoteurs. Mais je suis de la génération qui proclame: «Nous avons reçu en héritage un magnifique cadeau et nous n'avons pas le droit de le saccager pour permettre à certains de s'enrichir. Nous avons le devoir (connaît-on encore ce mot en haut lieu?) de remettre aux générations qui nous suivent ce magnifique parc linéaire tel que nous l'avons reçu.»

Un moratoire vient d'être obtenu – pour trois mois! – sur les traverses coupant le P'tit Train du Nord... sauf celle du km 28,5! Pour les centaines d'usagers ayant signé des pétitions, pour les milliers utilisant ce parc, ce moratoire fait plutôt l'effet d'un somnifère pour nous désarmer pendant cette nouvelle profanation...

Il y aura donc une nouvelle coupe de ce joyau des Laurentides à moins que nous soyons assez nombreux – plus de 1000 signataires, ce ne fut pas assez! – pour faire reculer les responsables. Ils doivent prendre conscience de leurs véritables obligations et devoirs. L'intérêt commun doit prévaloir sur l'intérêt particulier.