Mon quartier d'Oakland était très majoritairement noir quand j'y suis arrivé il y a 30 ans. Avec l'embourgeoisement et l'immigration, il est aujourd'hui diversifié. Même la bande qui vend de la drogue aux passants dans le quartier depuis cinq ans est diversifiée. Le chef, jusqu'à ce qu'il soit assassiné il y a quelques mois, était originaire du sud-asiatique.

Mon quartier d'Oakland était très majoritairement noir quand j'y suis arrivé il y a 30 ans. Avec l'embourgeoisement et l'immigration, il est aujourd'hui diversifié. Même la bande qui vend de la drogue aux passants dans le quartier depuis cinq ans est diversifiée. Le chef, jusqu'à ce qu'il soit assassiné il y a quelques mois, était originaire du sud-asiatique.

Une jeune Blanche promène son chien Saint-Hubert (bloodhound) devant chez moi chaque matin. Pour moi, vu l'histoire des Saint-Hubert et des Noirs, l'expérience n'est pas très agréable. La relation entre les Noirs et les jurys entièrement blancs a également été marquée par la frustration et la déception.

Depuis deux ans, Richard Prince de l'institut Maynard – au nom de feu Robert Maynard, éditeur du Tribune d'Oakland – a constaté la disparition des journalistes noirs, asiatiques et hispaniques des médias américains.

Ainsi, lorsque la carrière d'une célébrité noire, voire d'un président noir, est évaluée, c'est généralement par un jury médiatique entièrement blanc, les journalistes sportifs étant généralement les plus ouvertement racistes. Certains ont même traité le boxeur Joe Louis, un patriote, d'«animal» qui n'avait pas besoin de s'entraîner.

Les tribulations de Tiger Woods arrivent au moment ou le ministère de la Justice sous Obama refuse toujours de pardonner Jack Johnson, le champion des poids lourds qui a eu des démêlés judiciaires pour avoir fréquenté des femmes blanches (et ce, dans un pays qui a produit une nouvelle race grâce aux relations intimes interraciales... en privé). Après la saga de Jack Johnson, Joe Louis a eu droit de fréquenter des femmes blanches, mais dans la discrétion. Muhammad Ali est un icône américain, car des partenaires étaient noires. La plupart du temps.

Il y a déjà eu des golfeurs noirs, mais ce n'est pas exactement un sport noir. Et dans le cas de Tiger, comme pour la plupart des célébrités noires, ce ne sont pas les Noirs qui ont contribué à en faire une vedette. On nous demande notre avis seulement quand ils se mettent dans le pétrin. L'autre jour, quand je suis allé chez le dentiste, une jeune technicienne a sympathisé avec moi comme si Tiger faisait partie de ma famille. «N'est-ce pas terrible pour Tiger?» m'a-t-elle demandée. «Oui, ai-je répondu, il doit commencer à penser qu'il est sénateur.»

Une blague sur fond de vérité. À une question du Wall Street Journal, j'ai suggéré à Tiger de consulter le gouverneur de la Californie, Arnold Schwarzenegger. Avant son élection, le Los Angeles Times a révélé qu'il était un coureur de jupons invétéré. Et comment l'ancien comédien a-t-il composé avec l'éruption de «bimbos» accusatrices? Il a déclaré qu'il ferait enquête sur lui-même après l'élection. Il a gagné le vote des femmes ainsi que l'appui de la féministe de la télé, Tammy Bruce. Après l'élection, le bureau du gouverneur a dit que l'enquête ne serait pas nécessaire. Le sénateur Orrin Hatch, champion des family values, a même suggéré d'amender la Constitution pour permettre au Terminator de se présenter à la présidence des États-Unis.

Tiger pourrait également consulter Andre Agassi pour savoir comment son histoire de dépendance à la méthadone n'a duré qu'une semaine dans les médias. Il pourrait aussi demander à Lance Armstrong comment il a réussi à garder son image propre, propre, propre, même si les accusations de dopage ne se démentissent pas.

Feu Rick James a demandé à un intervieweur pourquoi on s'intéressait davantage à Michael Jackson qu'à la guerre en Irak. C'est le cas de Michael Vick, de Chris Brown, de O.J. Simpson, de Kobe Bryant et d'autres athlètes noirs. Tiger occupe constamment la une non seulement des tabloïds, mais aussi des médias «progressistes» comme le Huffington Post, Salon.com. Sur Air America, Ed Schultz et Bill Press se comportent comme des médias pornos. Bill Press est le «progressiste» américain des années 2000. Pendant son séjour en Californie, il s'est joint à la droite pour éliminer les programmes d'accès à l'égalité (affirmative action).

Sur MNSBC, à l'émission de David Shuster, malgré l'information sur la disponibilité des millions de courriels de l'administration de George W. Bush et les reportages sur la conférence de Copenhague, Tiger et ses flammes étaient la manchette. Le New York Post l'a traité de «Cheetah» du nom du fidèle chimpanzé de Tarzan.

La meilleure analyse de cette obsession pour Tiger que j'ai lue est celle de Susan Block, une psychologue, sur Counterpunch.org. Pour l'expliquer, elle a signalé les fantasmes de ses patients, des hommes blancs. Si seulement elle pouvait recevoir sur le divan certains journalistes sportifs. Depuis des années, ces derniers essaient de cultiver des great white hopes pour défendre la race blanche contre un athlète noir supérieur. Cet espoir blanc est arrivé, mais c'est sous la forme d'une serveuse de cocktails.

Je ne sais pas si ce que les médias qualifient d'American Public est très indulgent, mais les amateurs de sports le sont. Les journalistes sportifs disaient que Michael Vick et Kobe Bryant étaient finis. Mais les amateurs continuent à applaudir chacun de leurs touchés et chacun de leurs slam dunks. Il y a donc espoir.

Mon homme, le président John F. Kennedy, a «joué» sans broncher sur tous les terrains. Seymour Hersh dit que son entourage lui amenait des «callgirls de haute classe» pour satisfaire sa dépendance au sexe. Or, un sondage récent révèle que parmi les derniers présidents, c'est la figure de JFK que la population veut voir sur le mont Rushmore à côté des autres.

Sois patient Tiger.