La Presse rendait compte jeudi du sondage Léger Marketing / Fédération des commissions scolaires qui nous apprend que les Québécois sont très largement favorables à la tenue simultanée des élections municipales et scolaires. C'est une excellente nouvelle quand on sait que les commissaires eux-mêmes ont mis un bon moment à se ranger à cette idée. J'ai déjà entendu un président de la CECM dire qu'il ne fallait pas mélanger l'éducation avec les égouts!

La Presse rendait compte jeudi du sondage Léger Marketing / Fédération des commissions scolaires qui nous apprend que les Québécois sont très largement favorables à la tenue simultanée des élections municipales et scolaires. C'est une excellente nouvelle quand on sait que les commissaires eux-mêmes ont mis un bon moment à se ranger à cette idée. J'ai déjà entendu un président de la CECM dire qu'il ne fallait pas mélanger l'éducation avec les égouts!

Maintenant, ce sont les élus municipaux qui sont réticents à l'idée, avant tout pour des raisons administratives et techniques. Pourtant, l'Ontario y est parvenue depuis longtemps. Au surplus, c'est plus compliqué qu'au Québec: on y retrouve en effet, superposées sur le même territoire, une municipalité, un district scolaire public anglophone, un public francophone, un district catholique anglophone et un catholique francophone. Qui plus est, aucune de leurs frontières ne concorde! Certaines sont d'ailleurs immenses.

Dans une étude menée sur la question en 2000, je me suis intéressé de près au cas ontarien et me suis rendu observer le déroulement du scrutin dans un bureau de votation d'Ottawa. Les choses se passent ainsi.

La liste électorale d'une circonscription municipale contient déjà l'information relative à l'appartenance du citoyen à l'un ou l'autre des quatre types de districts scolaires. Les scrutateurs remettent donc à l'électeur l'un ou l'autre des quatre bulletins de vote imprimés à la couleur de son district scolaire propre. On y retrouve à la fois les candidats à la mairie, au conseil municipal et au district scolaire. Au surplus, le vote se fait par des lecteurs électroniques. Et, chez eux, cela fonctionne. Très bien même! L'ordinateur fait le reste. À 20h15, les résultats étaient disponibles!

Le plus difficile de ce système réside cependant dans le découpage et l'harmonisation des circonscriptions électorales. On y est parvenu en faisant en sorte qu'une circonscription scolaire soit toujours un multiple de plusieurs circonscriptions municipales. L'harmonisation des quartiers municipaux et scolaires rend possible l'élaboration d'une liste électorale commune à la fois pour l'élection municipale et pour les quatre types de districts scolaires.

Si la tenue simultanée des élections municipales et scolaires est susceptible de hausser la participation famélique aux secondes – comme le montre l'exemple ontarien –, cette formule n'est pas non plus un remède miracle. D'autres facteurs plus importants expliquent la faible participation des citoyens.

Le premier est la conscience du devoir civique qui se perd avec les nouvelles générations, car cette conscience est pour une bonne part liée à l'éducation chrétienne faite jadis en chaire par les curés: «Mes biens chers frères, mais bien chères soeurs. C'est demain jour d'élection. C'est votre devoir de citoyen et de chrétien d'aller voter...»

La non-participation est liée aussi à l'absence chronique d'enjeux électoraux réels. À cet égard, la culture politique, ou devrais-je plutôt dire, apolitique des commissaires d'école demeure probablement le facteur explicatif premier de l'extrême faiblesse de la démocratie électorale scolaire. «L'éducation, répète-t-on depuis 150 ans, doit rester en dehors de la politique.» Résultat: «S'il n'y a rien là, pourquoi se déplacer?» Aussi, chacun reste chez soi!