Il est évident que les Chinois et autres Saoudiens ne s'approprient pas des terres en Afrique dans l'intérêt des locaux. Ils pensent surtout et avant tout à assurer leur propre subsistance. Quoique les Chinois paraissent être moins rapaces que beaucoup d'autres.

Il est évident que les Chinois et autres Saoudiens ne s'approprient pas des terres en Afrique dans l'intérêt des locaux. Ils pensent surtout et avant tout à assurer leur propre subsistance. Quoique les Chinois paraissent être moins rapaces que beaucoup d'autres.

Natif du Congo, j'y ai passé 40 ans dont 20 au service de la compagnie minière belge qui exploitait les gisements du Katanga. J'ai bien connu ce pays avant et bien après son indépendance. Le résultat est hallucinant. De tout ce que les Belges ont laissé, que ce soit du point de vue minier ou agricole, il ne reste rien. Le pays était autosuffisant en maïs, riz, café, sucre. Il en exportait au point où les exportations agricoles étaient plus importantes que la production minière. Aujourd'hui, ils dépendent du maïs de la Zambie vendu à des prix astronomiques.

Je ne peux pas parler de pays que je ne connais pas. Mais en ce qui concerne le Congo, et le Katanga en particulier, je sais qu'il est possible d'y développer assez d'agriculture pour nourrir toute la population du Katanga et au-delà. Mais pas avec les méthodes du Fonds monétaire international (FMI) qui consistent à verser des dizaines de millions de dollars à des individus dont le principal souci est de s'enrichir. Le FMI gaspille des sommes astronomiques là où un dixième de ces montants suffirait à donner de très bons résultats. Et pour ajouter l'insulte à l'injure, le FMI exige des intérêts que les récipiendaires ne pourront jamais payer.

Il est inutile de déverser des millions de dollars pour acheter des tracteurs et autres machines agricoles alors que 80% des Congolais sont sans travail. Il y a moyen d'obtenir le même résultat avec de la main-d'oeuvre locale. Ce qui suppose une bonne organisation et beaucoup de maux de tête. Car gérer des centaines de travailleurs n'est pas à la portée de tout le monde.

Dans le cas d'une organisation à but non lucratif, trois conditions sont à remplir:

1. Réinculquer aux Congolais le sens de l'éthique et de la conscience professionnelle.

2. Engager et contrôler étroitement la main-d'oeuvre locale. En leur fournissant un salaire suffisant pour qu'ils survivent en attendant le résultat des récoltes. Payer le personnel au rendement. Ou au prorata des recettes. C'est-à-dire les faire participer aux résultats. Un salaire de 5$ à 6$ par jour est tout à fait raisonnable et permettrait aux travailleurs de subvenir aux besoins de leurs familles. Le surplus, s'il y en a, proviendra des récoltes.

3. Au risque de choquer les âmes bien pensantes, ne pas donner la gérance financière aux autochtones. Au moins dans un premier temps. Cela se produira tout seul à mesure que le point 1 sera réalisé.

Au départ, des expatriés seront nécessaires pour gérer les finances et surveiller les travaux. Il ne leur suffira pas d'avoir les connaissances techniques nécessaires. Il leur faut un esprit de missionnaire. Le travail devra se faire en utilisant au maximum la main-d'oeuvre disponible. Les dépenses initiales comprendront l'achat de quelques camions pour le transport du personnel et des récoltes. Plus de la chaux et des fertilisants. Pour pouvoir récolter en saison sèche, il faudra disposer de pompes et d'un système d'irrigation.

Je connais personnellement des surfaces découvertes de plusieurs milliers d'hectares qui ont surtout besoin d'être amendées. Des fertilisants seront nécessaires si une culture extensive est pratiquée.

Il faudrait que les Africains décident de prendre en main leur développement. Plus facile à dire qu'à faire. Car ils ont perdu toute éthique de travail. Toute l'Afrique est achetable. Ce n'est qu'une question de prix. Quelques-uns s'enrichissent à outrance alors que le reste de la population lutte pour sa survie. Les Africains attendent du secours de gens dont le but principal est de faire fructifier l'argent qu'ils avancent. Ce n'est pas dans l'intérêt des autochtones, car à intérêts composés, ils ne pourront jamais rembourser ces sommes.

Tout le monde parle d'aider les pays en voie de développement, mais personne n'envisage de réellement attaquer le problème. Qui consiste d'abord et avant tout de réapprendre à ces gens ce que signifie l'éthique et la conscience professionnelle. Ce qui ne peut se faire qu'avec l'apport de personnel expatrié, trié sur le volet. Des gens qui devront avoir à coeur le bien-être des travailleurs qu'ils encadrent. Je blasphème peut-être, mais le système paternaliste avait du bon. Et croyez-moi, la plupart des Katangais regrettent ce temps-là. Ils ont totalement perdu confiance dans leurs gouvernants et sont prêts à suivre quiconque leur assurera un minimum de sécurité. Par des actes. Pas des mots.