En tant qu'utilisateur quotidien du métro et résidant de la Rive-Sud, je devrais me réjouir de l'annonce de la création d'un groupe chargé d'étudier le prolongement des lignes orange, bleue et jaune vers Laval, l'est de Montréal et Longueuil respectivement. Malheureusement, ces projets comportent de toute évidence bien plus de défauts que de qualités, mais surtout, ils représentent un exemple d'opportunisme à quelques semaines des élections municipales.

En tant qu'utilisateur quotidien du métro et résidant de la Rive-Sud, je devrais me réjouir de l'annonce de la création d'un groupe chargé d'étudier le prolongement des lignes orange, bleue et jaune vers Laval, l'est de Montréal et Longueuil respectivement. Malheureusement, ces projets comportent de toute évidence bien plus de défauts que de qualités, mais surtout, ils représentent un exemple d'opportunisme à quelques semaines des élections municipales.

Il faut savoir que les maires de la région métropolitaine n'ont rien annoncé de nouveau. L'Agence métropolitaine de transport possède nombre d'études, d'enquêtes et d'estimations sur l'extension des lignes orange, jaune et bleue. A-t-on vraiment besoin de quelques millions de plus ou pourrions-nous tout simplement fouiller un peu et mettre à jour les chiffres sans pour autant dépenser autant d'argent?

De plus, ces prolongements sont-ils vraiment nécessaires? Mis à part le prolongement de la ligne bleue vers Anjou, les futurs axes de métro proposés sont loin de desservir des pôles d'activité intenses: à Longueuil, le nouveau terminus de la ligne jaune serait situé dans un champ près de l'aéroport. Une grande partie du boulevard Rolland-Therrien qui serait desservi est constitué de quartiers résidentiels de faible densité ou de terres boisées en attente de développement résidentiel. L'idée de desservir l'aéroport de Saint-Hubert est loin d'être prioritaire: bien que Longueuil veuille en développer le potentiel, aucun transporteur aérien d'envergure n'est prêt à y poser ses premiers avions, et l'achalandage prévu vaut-il vraiment un métro?

À Laval, il en va de même pour l'axe du boulevard Chomedy, qui présente une plus grande densité des activités, mais rien pour justifier la construction d'un équipement capable de transporter plusieurs dizaines de milliers de personnes par jour.

Il faut admettre que de desservir l'arrondissement Saint-Laurent présente un certain intérêt, surtout si on peut créer une synergie avec le train de banlieue Montréal—Deux-Montagnes, mais traverser à Laval n'apporte rien de neuf.

De plus, le prolongement de la ligne bleue aurait pour effet d'augmenter l'achalandage sur la ligne orange entre les stations Jean-Talon et Berri-UQAM. Or, ce tronçon est déjà utilisé à pleine capacité et les fréquences de service aux heures de pointe ne permettent pas l'ajout de service supplémentaire. En conséquence, on pénalise les usagers au coeur de Montréal qui devront laisser encore passer plusieurs trains avant de pouvoir trouver une place.

Les réseaux de transports en commun de grande capacité comme les métros devraient être développés là où l'achalandage s'avère nécessaire. Or, la demande actuelle n'indique aucune pression particulière pour plus de transports collectifs dans les secteurs que desserviraient les prolongements dont l'étude a été annoncée. Étendre le réseau de métro tel que le voudraient les maires de Montréal, Longueuil et Laval limite les sommes disponibles pour offrir un meilleur service de transports à d'autres endroits où les besoins en transports sont criants, mais surtout, sent l'opportunisme électoral à plein nez.



L'auteur détient un baccalauréat en urbanisme de l'Université de Montréal et effectue présentement un certificat en sciences économiques dans cette même université.