La nouvelle à l'effet que l'avion de la campagne libérale n'était pas prêt sera anodine pour quelques-uns. Pour d'autres, cela est révélateur de l'amplitude des problèmes qui affligent Stéphane Dion et son équipe. Ces derniers ont raison.

La nouvelle à l'effet que l'avion de la campagne libérale n'était pas prêt sera anodine pour quelques-uns. Pour d'autres, cela est révélateur de l'amplitude des problèmes qui affligent Stéphane Dion et son équipe. Ces derniers ont raison.

Ne mettons pas cet ennui passager sous le coup d'un problème technique ou d'une quelconque erreur.

Cette nouvelle fournit une preuve bien tangible que les troupes libérales sont désemparées, manquent de ressources financières et de ressources humaines, ce qui débouche sur des problèmes d'intendance comme celui de l'avion non disponible et plus grave encore, sur des ratés au niveau du programme électoral. Ce n'est pas vrai pour tout le monde libéral et sur toute la ligne, mais cette histoire illustre que le PLC n'avait pas les sous pour préparer sa campagne électorale, et/ou a confié des dossiers d'importance à des gens qui n'étaient pas prêts. Ce parti qui pouvait compter sur une caisse électorale bien garnie depuis des décennies doit aujourd'hui gratter les fonds de tiroir.

Pour se convaincre des problèmes libéraux, comparons avec l'état dans lequel était le Parti conservateur à l'aube de la dernière campagne électorale, celle qui s'est amorcée en décembre 2005. Le gouvernement de Paul Martin avait failli tomber au printemps d'avant, et seul la transfuge Belinda Stronach avait pu sauver les libéraux. Pendant plus de six mois, tous savaient les libéraux minoritaires en sursis. Pendant que les conservateurs multipliaient leurs attaques sur M. Martin et le scandale des commandites qui handicapait son gouvernement, les Bleus mettaient discrètement en place leur plan électoral. Une fois tombé, l'équipe de campagne de Stephen Harper était tout à fait prête à se lancer dans une course : tout l'aspect technique était fin prêt et côté programme, les cinq priorités conservatrices avaient été identifiées.

Les libéraux de Stéphane Dion ont passé la dernière année à menacer de défaire le gouvernement Harper. Nous aurions pu croire qu'ils avaient un plan d'attaque tout fin prêt ! Nous réalisons aujourd'hui que l'un de leurs principaux outils de campagne, l'avion nolisé pour les besoins du chef, n'est pas prêt. Et les modifications apportées au plan environnemental de Stéphane Dion, son Tournant vert, démontrent que cet élément-charnière du programme électoral n'a pas fait l'objet d'une longue réflexion, ni d'une consultation digne de ce nom. Ç'aurait été encore plus crucial compte tenu des handicaps que doit relever M. Dion au plan personnel : un anglais parfois ardu, une désaffection parmi les Québécois, un charisme totalement absent, un air d'universitaire froid et distant. À défaut de pouvoir corriger cela, nous aurions pu croire que les troupes libérales auraient peaufiné le message électoral. Même pas ! Ou du moins, pas encore !

Certes, la campagne électorale est encore jeune. Il reste cinq semaines. Peut-être Stéphane Dion et le PLC réservent-ils des surprises aux électeurs. Peut-être est-ce une stratégie qui nous échappe encore que de partir loin en deuxième place pour provoquer un ralliement qui sera couronné au fil, le 14 octobre, comme un coureur de fond qui se terre derrière le peloton pour déployer toutes ses énergies au dernier tour. L'avenir nous le dira. C'est à cela, justement, que servent les campagnes électorales.

May au silence

Les petits partis espèrent toujours être invités lors des débats des chefs parce qu'il s'agit d'une vitrine unique auprès des électeurs. Et ils se fâchent toujours lorsqu'ils sont boudés, crient à l'injustice. Ce n'est pas différent cette fois alors qu'Elizabeth May, du Parti vert, s'est vue interdite des débats de la campagne 2008.

Les Verts ont un député mais c'est un transfuge. Ils n'ont même jamais passé proche d'en faire élire un. Jusqu'ici, leur programme tourne autour d'une idée unique. À défaut de quoi, l'absence de Mme May ne privera pas les électeurs d'une voix essentielle lors des débats.