Le député François Legault défonce une porte ouverte en suggérant que le Parti québécois mette en veilleuse l'option souverainiste puisqu'elle "est devenue difficile à vendre."

Le député François Legault défonce une porte ouverte en suggérant que le Parti québécois mette en veilleuse l'option souverainiste puisqu'elle "est devenue difficile à vendre."

Depuis sa fondation, il y a 40 ans, le PQ doit composer avec l'article un de son programme, "réaliser la souveraineté politique du Québec".

Lorsque Pauline Marois a été littéralement plébiscitée pour prendre la direction du parti qui venait de perdre son titre d'opposition officielle aux élections de mars 2007 pour devenir "deuxième groupe d'opposition", c'était à condition que le parti accepte de mettre en veilleuse le projet référendaire et qu'il procède à la "modernisation" de son programme. Elle avait alors qualifié ces deux conditions de "corbeille de la mariée", exhortant les militants du parti à "cesser la fuite en avant" sans rien renier de leurs valeurs profondes de justice sociale, d'équité.

Il semble bien que, pour François Legault, cela ne soit pas suffisant et que le PQ doit être, d'abord et avant tout, un bon gouvernement qui doit s'atteler à régler les problèmes économiques et sociaux du Québec. Il est clair que l'option souverainiste n'est plus au goût du jour, ce que rejettent Pauline Marois et le chef bloquiste Gilles Duceppe. Ces derniers savent bien que l'ex-ministre péquiste a raison, mais ils ne peuvent tenir un tel discours sans s'aliéner la branche nationaliste radicale du parti. Ils savent également que, si le PQ était porté au pouvoir, il aurait bien d'autres chats à fouetter que de réunir les fameuses conditions gagnantes. La préparation d'un manifeste de la souveraineté à l'occasion du 40e anniversaire du PQ est bien davantage une concession aux nostalgiques que la véritable modernisation du programme du parti pour le remettre au goût du jour.

Tous conviennent donc que la souveraineté est difficile à vendre. Tous conviennent qu'il faut garder la flamme allumée, même si elle vacille. Par contre, quand Gilles Duceppe affirme que le débat est au coeur des préoccupations des gens, il ne leurre personne. Et, s'il veut faire de la souveraineté un enjeu majeur de la campagne électorale fédérale à l'horizon automnal, soit il dit n'importe quoi, soit il s'illusionne, soit il fait un baroud d'honneur avant de tirer sa révérence.

Il y a cependant une remarque de François Legault qui touche un point sensible, non seulement pour un gouvernement péquiste, mais pour tout gouvernement. Il est "très difficile de parler de projet collectif, que ce soit en environnement, que ce soit un grand projet comme la souveraineté." Les forces de l'inertie sont telles dans notre société qu'il est de plus en plus ardu, tant pour les politiciens que pour les gouvernants, de rassembler les gens autour d'une vision, d'un grand projet, d'un changement radical.

Pour "vendre" l'idée de la souveraineté, selon l'expression de François Legault, cela prend des "acheteurs". Il faut également que ces acheteurs y voient leur avantage, qu'ils en aient les moyens et qu'ils n'aient pas d'autres besoins à combler. Nul besoin de mettre en veilleuse l'idée de souveraineté, le "marché" s'en charge déjà.

pbergeron@ledroit.com