Durant les Jeux olympiques de la Grèce antique, les cités en guerre les unes contre les autres décrétaient une trêve pour la durée des compétitions sportives. Cette trêve a duré des siècles et contribué d'une certaine façon à ouvrir un dialogue pacificateur entre adversaires. Aujourd'hui, c'est le contraire. Les Jeux olympiques modernes, surtout depuis les années 1970, sont devenus l'occasion d'envenimer les conflits entre les peuples.

Durant les Jeux olympiques de la Grèce antique, les cités en guerre les unes contre les autres décrétaient une trêve pour la durée des compétitions sportives. Cette trêve a duré des siècles et contribué d'une certaine façon à ouvrir un dialogue pacificateur entre adversaires. Aujourd'hui, c'est le contraire. Les Jeux olympiques modernes, surtout depuis les années 1970, sont devenus l'occasion d'envenimer les conflits entre les peuples.

En 1972, le groupe extrémiste Septembre noir faisait régner la terreur à Munich en s'attaquant aux athlètes israéliens. Quatre années plus tard, à Montréal, 27 pays africains ont boycotté les Jeux parce qu'une équipe de rugby de la Nouvelle-Zélande avait effectué une tournée en Afrique du Sud, alors sous le régime de l'apartheid. En 1980, les États-Unis et une cinquantaine de leurs alliés, dont le Canada, ont refusé de participer aux Jeux de Moscou à cause de l'intervention soviétique en Afghanistan. Les Soviétiques et un bloc de 15 pays de l'Est se sont vengés en boycottant les Jeux de Los Angeles en 1984. En 1988, ce fut au tour de Cuba, du Nicaragua, de l'Éthiopie et de la Corée du Nord. Puis, aux Jeux d'Atlanta en 1996, une bombe a fait une centaine de blessés.

Ces gestes n'ont peu ou pas influencé le cours des choses, ni avant ni après les Jeux olympiques. L'apartheid n'est pas disparu avant les années 1990 en Afrique du Sud et les Soviétiques n'ont pas quitté l'Afghanistan avant 1989, au moment où leur pays s'effondrait. Aujourd'hui, on voudrait nous faire croire qu'en intensifiant les moyens de pression à l'approche des Jeux d'été de Pékin, y compris par des gestes politiques aux Jeux mêmes, que la Chine respectera davantage les droits de la personne. L'absence du premier ministre Stephen Harper à la cérémonie d'ouverture semble s'inscrire dans cette pensée.

Cette dénonciation générale de la répression en Chine est fondée. Dans un rapport publié mardi par Amnistie internationale, l'organisme de défense des droits de la personne évoque de nouveau les condamnations à mort, les persécutions, l'intimidation de journalistes et d'avocats, et bien plus. Tous se souviennent de l'intervention militaire chinoise au Tibet. Sans doute faut-il que l'opinion mondiale soit constamment sensibilisée aux injustices, en Chine et ailleurs. Mais doit-on faire des Jeux olympiques un moment fort de ces louables campagnes, ou devrait-on plutôt déclarer une trêve ?

Si, autrefois, des pays en guerre pouvaient déposer les armes et quitter les champs de bataille pour participer à des épreuves sportives, ne pourrait-on pas en faire autant en 2008 et laisser nos athlètes s'exécuter en paix, sans avoir à porter le poids des péchés de leurs dirigeants et concitoyens ?