À quinze ans, j'étais pensionnaire dans un orphelinat de Rouyn recyclé en séminaire. Mon père m'avait destiné à la plus belle carrière de l'époque, la prêtrise, à devenir un héraut de la foi catholique. J'assistais à la messe tous les matins, n'avais aucun contact, fût-il de l'oeil, avec les filles. On m'apprenait que la femme idéale pouvait enfanter sans "commettre le péché". Un surveillant de dortoir la nuit soulevait nos draps pour nous prendre en flagrant délit. Dans ce sombre univers à la gloire de Dieu, le sexe était partout, tellement voulut-on qu'il ne fût nulle part.

À quinze ans, j'étais pensionnaire dans un orphelinat de Rouyn recyclé en séminaire. Mon père m'avait destiné à la plus belle carrière de l'époque, la prêtrise, à devenir un héraut de la foi catholique. J'assistais à la messe tous les matins, n'avais aucun contact, fût-il de l'oeil, avec les filles. On m'apprenait que la femme idéale pouvait enfanter sans "commettre le péché". Un surveillant de dortoir la nuit soulevait nos draps pour nous prendre en flagrant délit. Dans ce sombre univers à la gloire de Dieu, le sexe était partout, tellement voulut-on qu'il ne fût nulle part.

À quinze ans, Omar Khadr était entraîné par son père à devenir un soldat taliban. On lui apprenait tous les matins à détester les "suppôts de Satan" et à devenir un héros de la foi musulmane. Dans ce sombre univers à la gloire d'Allah, la haine était partout, tellement voulut-on qu'elle y fût. Omar et moi avons en commun que tous deux avons été des enfants endoctrinés par des adultes qui avaient instauré tout un arsenal pour faire de nous des soldats, moi du Christ, lui de Mahomet. La grande différence est que moi j'ai pu sortir de cet univers tordu, lui pas. Lessivé par des fondamentalistes, incarcéré par des tortionnaires, il se fait maintenant larguer par son propre, mauvais mot, pays qui prétend venir en aide aux enfants soldats. Mon histoire n'en est pas une. La sienne est celle de l'indicible bêtise humaine, autre mauvais mot, les bêtes sont plus sensibles.