La Ville de Gatineau et Sophie Lachance en sont venus à une entente négociée, annoncée hier. Celle qui occupait le poste de vérificatrice générale doit quitter ses fonctions le 28 août prochain, d'un commun accord avec les autorités municipales dont elle avait la responsabilité de surveiller les pratiques administratives.

La Ville de Gatineau et Sophie Lachance en sont venus à une entente négociée, annoncée hier. Celle qui occupait le poste de vérificatrice générale doit quitter ses fonctions le 28 août prochain, d'un commun accord avec les autorités municipales dont elle avait la responsabilité de surveiller les pratiques administratives.

Cet accord marque la fin d'une saga politico-juridique dont la fonction de vérificateur général et Gatineau auraient pu se passer. Voilà maintenant 16 mois que le torchon brûlait entre Mme Lachance et les autorités municipales et tout le monde s'est fourré le nez dans des affaires qui n'auraient jamais dû arriver. Un dîner au restaurant Sterling trop coûteux aux yeux de certains, des dépenses de bureau potentiellement inadmissibles, un entourage trop nombreux au gala annuel de la Chambre de commerce de Gatineau et pour couronner le tout, une enquête de la vérificatrice sur le cabinet du maire Marc Bureau. Le conseil municipal a voté à l'unanimité en faveur du congédiement de Mme Lachance en novembre 2007 ; la Commission des relations du travail du Québec a annulé cette décision en mai dernier. Les relations étaient si mauvaises que même le retour au travail, le 9 juin, a été entouré d'un voile d'incertitude. Peu après, le nouveau directeur général de la Ville de Gatineau, Robert Weemaes, rédigeait une directive interne enjoignant les directeurs de service de la municipalité de "ne pas donner suite" aux demandes de la vérificatrice générale.

Bref, même si Sophie Lachance était revenue, la situation était devenue invivable.

Chacun des clans aura constaté que les deux perdaient au statu quo et aura convenu qu'il valait mieux que Mme Lachance tourne la page, et que la Ville de Gatineau avale sa pilule. Une fois la volonté de règlement fermement assise, une entente n'était plus loin. La réputation professionnelle de Sophie Lachance en a évidemment souffert un coup : voir sa propre gestion financière remise en cause est un soufflet pour un comptable agréé dont la tâche est de vérifier les finances des autres. Elle gagnera maintenant à se faire oublier.

La Ville de Gatineau a souffert également, au niveau de ses finances publiques. Elle doit avaler un gros morceau : payer une somme estimée à 18 mois de salaire pour mettre fin au contrat de Mme Lachance (qui devait être en poste jusqu'en 2011), et rembourser tous ses frais juridiques. Une affaire globale de 250 000 $ peut-être. C'est sans compter les quelque 200 000 $ de frais juridiques que Gatineau aurait déjà encouru dans ce dossier, selon des informations obtenues par LeDroit en juillet. Ni les six mois de salaire (avec intérêts, etc.) que la Commission des relations du travail du Québec a ordonné à Gatineau en guise de pénalité pour le congédiement injustifié de novembre 2007.

Bref, ça s'additionne... En réglant une fois pour toutes, l'entente vient mettre un frein à toutes ces dépenses qui ne menaient à rien.

Le litige aura coûté plus de 500 000 $ aux contribuables gatinois qui auraient bien mieux préféré que ces sous servent à boucher des nids-de-poule, à offrir des services aux citoyens, ou à réduire la dette municipale qui se chiffre à 437 millions $.

Plus triste encore, toute cette histoire rappelle que Gatineau n'a pas eu de chance avec ce poste administratif que Québec a imposé dans la foulée des fusions municipales. Le premier, Paul Préseault, a dû quitter pour vice de procédure lors du concours. Le second, Alain Lalonde, a quitté peu après son entrée en poste pour aller faire le même travail pour la Ville d'Ottawa. Vous connaissez la saga de la troisième. Depuis sa création en 2003, le poste de vérificateur général a coûté plus de 3 millions $ aux contribuables. Pour deux rapports (un par M. Lalonde en 2004, un par Mme Lachance en 2006), c'est cher la page !

Et la cerise sur le sundae, c'est que le départ de Sophie Lachance pourrait marquer la fin de l'enquête sur les agissements au bureau du maire de Gatineau. Nous ne saurons peut-être jamais si ses soupçons étaient justifiés.

pjury@ledroit.com