Personne ne croit que la ministre du Patrimoine Josée Verner avait un horaire si chargé qu'elle n'aurait pu défendre les décisions du gouvernement de mettre la hache dans plusieurs petits programmes en culture. Et ce n'est pas avec des généralités comme ses commentaires d'hier qu'elle va impressionner la galerie. "La culture est un élément essentiel de l'identité d'un peuple et en ce sens aura toujours son appui indéfectible." Ah bon !

Personne ne croit que la ministre du Patrimoine Josée Verner avait un horaire si chargé qu'elle n'aurait pu défendre les décisions du gouvernement de mettre la hache dans plusieurs petits programmes en culture. Et ce n'est pas avec des généralités comme ses commentaires d'hier qu'elle va impressionner la galerie. "La culture est un élément essentiel de l'identité d'un peuple et en ce sens aura toujours son appui indéfectible." Ah bon !

Entre un minimum de courage politique et la poltronnerie, la marge est bien mince. La ministre Verner l'a franchie avec un cynisme qui n'a d'égal que le manque de respect pour le monde de la culture et le peu de valeur qu'il y accorde. En fait, ils s'en fichent éperdument dans la mesure où quelques exemples bien placés dans les médias pour titiller leur base électorale les servira bien davantage que les récriminations d'organismes de Montréal ou de Toronto.

Au cours des derniers jours, plusieurs organismes sont tombés au champ d'honneur, victimes d'une idéologie conservatrice teintée d'opportunisme. Cet émondage à la scie à chaîne s'est fait en catimini comme si le gouvernement n'avait pas le courage d'aller au front pour justifier ses décisions. C'est justement en se soustrayant aux feux de la rampe que la ministre Verner a laissé place à toutes les interprétations sur les motivations profondes de son gouvernement. Comme le message est rigoureusement contrôlé, il va sans dire qu'on ne voulait surtout pas risquer de le dénaturer en livrant une ministre junior en pâture à la horde culturelle. Si le manque de confiance est évident, le désir de contrôle l'est bien davantage. Sa sortie d'hier ne règle rien.

Il est beaucoup plus facile d'orchestrer quelques fuites, pour démontrer que l'argent des contribuables est utilisé pour envoyer un groupe qui s'appelle Holy Fuck représenter le Canada à l'étranger, que de se présenter devant Les grands ballets canadiens pour justifier une telle décision. Il s'agit d'un positionnement politique qui servira bien les conservateurs lorsqu'ils se présenteront devant les électeurs canadiens pour leur démontrer comment ils ont bien géré leurs impôts. D'une part, ils leur ont retourné des points de TPS et, d'autre part, ils sabrent dans des programmes qui ne véhiculent pas, à leur avis, les valeurs canadiennes, leurs valeurs canadiennes.

Il est normal qu'un gouvernement responsable se livre régulièrement à un "Examen stratégique des programmes et services fédéraux". On peut convenir que de tels exercices ont pour but de s'assurer que les fonds publics sont bien dépensés, qu'ils atteignent leurs objectifs, qu'ils aident les gens et les collectivités, qu'ils créent des emplois, qu'ils stimulent la création ou qu'ils contribuent au rayonnement intérieur ou extérieur du pays.

C'est quand de telles décisions se font en catimini et qu'on essaie de contrôler le message afin de lui donner une "spin" de dénigrement, d'image ou de morale qu'on entre sur un terrain miné, celui de l'idéologie. Pourtant ces programmes peuvent faire la différence pour une industrie ou pour le pays puisqu'ils sont souvent le coup de pouce qui fait avancer les choses, qui donne du rayonnement ou qui aide à la commercialisation d'une activité. Selon la ministre, "ces programmes n'ont pas démontré que l'investissement fédéral avait suffisamment d'impact pour faire une différence." C'est exactement le contraire que disent tous les intervenants du milieu.