Lettre à tous les parlementaires de l'opposition à Ottawa.

Vous êtes élus pour représenter le peuple qui vous a choisis. Vous vous êtes donc engagés à voir à ses intérêts.

En toute démocratie, c'est le peuple qui devrait avoir le dernier mot.

Tout comme la majorité du peuple canadien, je remarque que sur bien des points, vous semblez en total désaccord avec le gouvernement conservateur.

Je pourrais parler, par exemple, de la position de M. Harper face à l'environnement, la guerre en Afghanistan, les ressortissants canadiens emprisonnés par les États-Unis et combien d'autres situations où le gouvernement actuel se positionne au détriment de l'opinion du peuple qu'il est supposé représenter.

Il me semble tout aussi évident que ensemble, vous êtes en mesure de faire tomber ce gouvernement au moment que vous choisirez opportun.

Par contre, dans notre régime démocratique, je remarque que toutes les oppositions à des gouvernements minoritaires ont une forte tendance à attendre que les sondages leur assurent une bonne avance avant d'agir.

Cette stratégie électorale me semble démontrer un fort manque d'intégrité de la part de ceux qui y ont recours; après tout, n'est-ce pas au peuple de décider et les parlementaires ne devraient-ils pas, en toute bonne conscience, se plier aux choix de ce même peuple?

Je pense que le terme "démocratie" a perdu ses lettres de noblesse en cours de route.

Lorsque je vois un premier ministre dénier l'urgence d'une action sur le plan environnemental malgré l'opinion populaire, et que je constate l'inertie de l'opposition compte tenu de tout le pouvoir qu'elle détient, je me sens trahi.

L'intégrité est une notion que le pouvoir semble ne pas connaître, pourtant, elle devrait être l'essence même de ce même pouvoir.

Tant que l'argent et la soif de pouvoir rédigeront les stratégies gouvernementales, le peuple aura honte de son drapeau.

Tant que les lobbyistes mèneront le bal à grands coups de tapes sur l'épaule, de cocktails et d'argent dans les caisses électorales, le peuple ressentira toute la trahison de la part de ceux qu'il a élus.

Pendant que les gouvernements refoulent, par les forces policières, l'expression du peuple, ils déroulent le tapis rouge pour ces mêmes lobbyistes et leur donnent accès à toutes les tribunes.

Et après, ils prétendent offrir à leur peuple une politique de saine démocratie.

Aristote doit se retourner dans sa tombe.

Bien que le gouvernement canadien condamne les génocides survenus dans certains pays, il ne voit pas que ses actions protectrices envers les compagnies pétrolières, en Alberta, se veulent un génocide planétaire déguisé en apport économique.

Nous condamnons la gouvernance des dictateurs, mais comment pourrions-nous appeler un gouvernement, comme celui de Stephen Harper, qui agit à l'encontre des aspirations de son peuple?

Tout ceci me rappelle un dicton bien connu: il voit la paille dans l'oeil du voisin et ne voit pas la poutre dans le sien.

Mesdames, messieurs les parlementaires de l'opposition, agissez s'il vous plaît afin que nous puissions à nouveau être fiers d'être Canadiens.

Thierry Évrard

Trois-Rivières