Il y a 20 ans, j'ai vécu ma propre fin du monde. Ce tremblement de terre m'a secoué pendant plusieurs années à errer, presque morte à mon tour, à la recherche de ce bonheur qui est tant difficile à atteindre.

Je suis en ce moment dans une très grande luminosité.

J'ai l'impression de sentir le souffle tendre de tous ces gens qui aiment mon père. Les sourires sont radieux et le souvenir est très présent.

Depuis quelque temps, on parle beaucoup de Félix Leclerc.

Cet homme des bois, défricheur, poète, fier et debout. Il est un phare, une lumière dans l'abîme.

La plupart des gens ont un souvenir précis de lui, d'une rencontre après un spectacle, d'un hochement de tête de sa part, d'un mot gentil.

Il n'était pas parfait mais il portait en lui la sincérité.

Cette sincérité qui, aujourd'hui, est de plus en plus difficile à garder.

Cette sincérité est palpable autour de moi en ce moment.

Je la retrouve dans les rencontres que je fais, dans les textes publiés, dans les petits mots qui se retrouvent dans un vieux soulier usé déposé sur la tombe de mon père.

Cette sincérité m'apporte le rêve qu'il faut et ce bonheur tant recherché.

Je touche de ma main le bleu du ciel avec une soif de vivre.

Puis, j'ai une bouffée immense pour mes deux fils et je me dis qu'ils sont chanceux d'avoir un grand-papa si noble dans sa force de vivre, ce grand-père au regard bleu.

À tout ceux et celles qui ont aimé Félix et son oeuvre, je vous remercie du plus profond de mon être.

Cette oeuvre est toujours bien vivante, 20 ans après sa mort et c'est grâce à vous.

Aujourd'hui, je suis heureuse.

Léo Ferré s'est trompé, ce n'est pas vrai qu'avec le temps tout s'en va.

J'en ai la preuve maintenant.

Nathalie Leclerc

fille de Félix Leclerc