En réponse à la chronique de Bryan Perro sur ses 40 ans.

Je franchirai la barre des 70 ans très bientôt; est-ce une barre (en code ?), une borne, un rayon laser?

Et j'ai toujours été actif.

Peu de vacances même si officiellement retraité d'une de mes occupations depuis onze ans.

Réagir aux décennies est assez répandu, mes belles-soeurs, pas celles de Tremblay, s'en servent abondamment, cependant ce sont les autres qui me font remarquer que j'ai atteint l'âge ou le look âgé.

Comme analogie, ou mieux comme parallèle, voyager, passer les frontières de différents pays, s'apparente au passage du temps à l'échelle humaine.

En voyage, traverser une frontière permet d'accéder au nouveau pays, à son environnement, à ses gens, à une autre civilisation, à la découverte d'autres richesses.

Évidemment, des déceptions et des problèmes surgiront.

De plus, il faudra l'abandonner, souvent à regret, à la frontière suivante.

Utiliser l'avion provoque une situation de vivre avec puisque nous sommes plongés dans un environnement différent, sans péripéties.

Cela s'apparente au coma, possiblement aussi comme avoir vécu une période heureuse pendant dix ans.

Au retour, on se retrouve dans son environnement habituel alors que la pyramide chronologique s'élargit toujours.

Impossible de retrouver ses vingt ans, quoique certains s'illusionnent à essayer quand même ou essaient de mentir ou de transporter la vérité sans précaution (comme disait mon oncle G B).

Alors que passer de la trentaine à la quarantaine, semble-t-il, amènerait le comble de l'épanouissement sexuel chez les femmes.

Faut pas marquer ce passage en changeant de blonde, de job, de localité ou même de pays pour être certain d'officialiser l'affaire.

Dans «Le Nouvelliste» du 2 décembre 2007, il est fait mention de l'élan créateur de l'écrivain Réjean Bonenfant et de son détour fertile à soixante ans.

Parce qu'on a vécu entre les deux décennies, on n'a pas vieilli de dix ans d'un coup, alors?

C'est là-haut dans la partie psychologique du cerveau que ça se passe.

Autant se rappeler qu'on vient de savourer un repas de par toutes ses bouchées plutôt que de ne se souvenir que du début et de la fin.

Les étapes physiques et surtout événementielles récupérées par le commerce sont utiles comme jalons en autant qu'elles servent à réunir les familles.

Et les activités intergénérationnelles (une fortune au Scrabble), qu'on appelait autrefois la vie de famille parce que l'époque a produit d'innombrables ménages éclatés.

La plupart des aînés s'ennuient; tuer le temps (expression terrible, suicidaire pour les idées), devient leur occupation principale, pourtant l'ouverture d'esprit, la créativité, le questionnement, le travail bien fait empêche la vie de s'ennuyer.

L'effervescence qu'offrent les trésors de la vie devrait maintenir l'intérêt au point où on réalise que le temps va nous manquer.

Ce qui est acquis, enrichit la vie et les efforts se conjuguent pour engraisser l'expérience, découvrir de nouveaux aspects et nourrir son dynamo (ou dynamisme).

La vie se refait tous les jours avec les ingrédients stockés et ceux du moment.

Il s'agit de forger le savoir-faire, profiter des occasions, des contacts pour approfondir sa démarche.

Exercer son imagination comme vous l'avez fait de par vos écritures, vos activités, dont le spectacle Éclyps, à la Cité de l'Énergie de Shawinigan.

J'y suis d'ailleurs bénévole à l'Espace, depuis l'an dernier, le samedi matin, et ami d'un des personnages.

Être artiste oblige à planifier un peu tout de même et l'inquiétude positive veille toute la vie.

Pour moi artiste signifie vivant à plein.

Maurice Bergeron

sculpteur

Saint-Narcisse