L'auteure a été obligée de quitter sa maison au mois d'avril suite à un glissement de terrain.

Pourquoi avez-vous fait ça?

Pourquoi faut-il profiter du malheur des autres?

J'essaie de me dire que vous pensiez que la maison était abandonnée, mais alors pourquoi être venu à l'aube (probablement) pour tout dérober à la hâte?

Les barricades et les rubans jaunes et rouges n'indiquent-ils pas qu'il ne faut pas entrer?

Vous êtes des connaisseurs puisque vous avez pris ce qui avait la plus grande valeur.

Pourtant, vous devez aussi savoir que les vivaces et arbustes se transplantent mieux à l'automne et c'est justement pour ça que j'attendais.

Peut-être que le fait que les trois plantes en pots ont été arrosées dernièrement pouvait indiquer qu'elles étaient encore aimées.

D'accord, j'ai été imprudente de les laisser là.

J'ai trop confiance dans le monde.

J'ai trouvé que les jardinières donnaient un air plus gai à ma triste maison que j'ai dû quitter à cause du glissement de terrain.

Quant à la jade dans le beau grand pot, c'était un cadeau d'un cher cousin, aujourd'hui décédé.

Je l'avais laissée là parce qu'il était difficile de la transporter sans la briser et j'ai naïvement pensé que je pourrais l'apporter directement à ma nouvelle maison, à l'automne, et comme ça la «maganer» le moins possible.

Je vais vous demander une chose :pouvez-vous me la rapporter?

Mettez-la dans le trou que vous avez fait en enlevant l'astilbe près de la route.

Elle m'est si précieuse.

Dimanche matin, j'ai été si triste que je ne me sentais même pas choquée.

À la messe, j'ai réalisé que vous deviez être vraiment misérables pour pouvoir faire ça.

Vous voyez, je suis une femme généreuse et j'avais offert à plusieurs personnes de partager mes vivaces quand je serais prête à les déménager.

J'en aurais fait pareillement pour vous.

Mais évidement, j'aurais gardé les trois petits arbustes que j'ai achetés l'année passée.

S'il vous plaît, rapportez ma jade.

Caroline Young

Saint-Étienne-des-Grès