Des milliers de Canadiens ont célébré, hier, la fête du Canada. La semaine dernière, les Québécois sont sortis en masse à l'occasion de la Fête nationale. Chaque pays a sa journée qu'il célèbre, jour de libération, création d'un État, commémoration d'un fait historique.

Des milliers de Canadiens ont célébré, hier, la fête du Canada. La semaine dernière, les Québécois sont sortis en masse à l'occasion de la Fête nationale. Chaque pays a sa journée qu'il célèbre, jour de libération, création d'un État, commémoration d'un fait historique.

Les Canadiens au 1er juillet, tout comme les Québécois à l'occasion du 24 juin, ont raison de célébrer les libertés dont ils jouissent. Nous ne répéterons jamais assez, dans les régimes démocratiques comme le nôtre, combien cet ensemble de libertés (liberté de parole, d'association, de choisir ses représentants, etc.) est précieuse. Nous en avons pour triste exemple ce que vient de traverser le Zimbabwe, où le président Robert Mugabe a usé de la violence contre ses propres concitoyens afin de se maintenir au pouvoir. Idem pour le Myanmar où la junte militaire n'a pas sourcillé à l'idée de sacrifier des milliers de citoyens qui habitaient les zones sinistrées par l'ouragan Nargis, en acceptant au compte-gouttes l'aide humanitaire venue de tous pays.

Célébrer sa fierté, cela ne se fait pas que lors des jours anniversaires. Malgré les appels à exercer son droit démocratique de voter, trop de citoyens boudent de ce qui pourrait aussi être perçu comme un "jour de fête", la fête de notre démocratie. Près de quatre citoyens sur 10 choisissent de ne pas exprimer leur choix démocratique, invoquant plusieurs raisons : ils ne se sentent pas concernés par les enjeux électoraux, ils ne croient pas que leur vote fera une différence, ils croient qu'il y a peu de différence entre les partis qui aspirent à former le gouvernement, etc. Les raisons peuvent être nombreuses mais celles qui militent en faveur d'une participation à l'élection sont plus importantes encore. Cette liberté de choix devrait faire partie de notre fierté, peu importe celle que l'on met de l'avant : la canadienne pour certains, la québécoise pour d'autres, ou tout autre encore.

La fierté est un noble sentiment, une assurance collective que nous sommes capables de faire de belles choses, de grandes choses. Les Franco-Ontariens, en particulier, se sont rappelés de leur fierté collective lorsque leur hôpital Montfort a été menacé de fermeture par un gouvernement peu soucieux des droits (quasi-) constitutionnels. Depuis, divers leaders communautaires tentent de perpétuer cette flamme intérieure en organisant des manifestations de groupe autour de ce qui devrait être perçu comme des symboles permanents de leur collectivité, les Monuments de la Francophonie.

Le péril de la fierté, c'est lorsqu'il devient débordant, lorsqu'il vient qu'à diminuer, à dénigrer l'autre. Être fier, c'est bien : être fier de faire partie d'un meilleur groupe social, voilà où résident les graines de l'abus, de la violence. Porté à son paroxysme, la fierté peut tristement se colorer aux teintes de l'aryanisme défendu par Adolf Hitler, par exemple, et attaquer des communautés toutes entières, comme les Juifs ont été la cible trop souvent dans l'Histoire, et encore aujourd'hui, ou des groupes raciaux comme les Noirs. Depuis le 11 septembre 2001, c'est toute la communauté arabe et/ou musulmane qui risque d'être balancée dans le lot des victimes d'une fierté mal placée.

Souhaitons que nous ayons la sagesse d'éviter ces excès.

En triste compagnie

Le président réélu du Zimbabwe, Robert Mugabe, a vécu deux journées sans histoire au Sommet de l'Union africaine, qui s'est terminé hier à Charm El-Cheikh, en Égypte. Certains auraient pu croire que son élection entachée de violence aurait pu remettre en question sa légitimité lors d'instances internationales. Mais pas à l'UA. Pour une raison bien simple : une douzaine des leaders des 53 pays membres ne sont pas plus légitimes que M. Mugabe. Ces sombres sires n'allaient pas lui reprocher ce qu'ils font, à différentes mesures, à la maison ! Triste réalité que celle qui permet à des tyrans, des dictateurs et des "présidents à vie" de se donner des airs de légitimité !