Dans la petite ville américaine de Leesburg, juifs et athées ont installé leurs propres décorations à côté de la crèche et du sapin de Noël, pour ne pas laisser aux chrétiens le monopole des fêtes de fin d'année.

La rivalité des symboles n'est que le dernier épisode des tensions entre communautés religieuses qui se multiplient aux États-Unis, pays décidément paradoxal où le président prête serment sur la Bible mais où la séparation entre l'Eglise et l'Etat est garantie par la loi.À Leesburg, l'altercation a éclaté quand des habitants ont été empêchés d'installer un arbre et une crèche de Noël, comme ils en avaient l'habitude depuis des décennies.

La raison officielle donnée par les autorités? Trop d'associations ont demandé à être représentées sur la pelouse du palais de justice de la ville. Pour ne pas faire de jaloux, toutes les demandes ont été rejetées.

Finalement, suite à la mobilisation des habitants, l'interdiction a été levée. Mais seulement pour les cinq associations qui avaient déposé leur demande en premier.

Les chrétiens ont donc installé une crèche et un arbre de Noël. Les juifs un chandelier à sept branches. Et les athées des banderoles défendant la séparation de l'Eglise et de l'Etat.

«Il n'y a pas de dieux, pas de diables, pas d'anges, pas de paradis ni d'enfer. La religion repose sur des mythes et superstitions qui durcissent les coeurs et asservissent les esprits», proclame la banderole déployée par l'association «Se libérer de la religion».

À Wilkes-Barre, en Pennsylvanie, une crèche et un chandelier à sept branches ont été retirés du parvis du palais de justice la semaine dernière, des groupes de pression ayant menacé de porter plainte contre ce qu'ils perçoivent comme un soutien du gouvernement à la religion.

Mais, miracle, la crèche et le chandelier étaient de retour lundi, un cabinet d'avocats ayant offert gratuitement ses services aux autorités du comté si elles devaient être traînées en justice.

En Californie, un arbre de Noël a été retiré du parvis d'un palais de justice. Avant de réapparaître une fois que le tribunal s'est assuré qu'il pourrait juridiquement motiver sa présence.

Et une petite ville de l'Ohio a rebaptisé son «défilé de Noël» en «défilé des Fêtes», une appellation plus neutre, pour éviter d'éventuelles poursuites judiciaires.

Même la Cour suprême a dû trancher des imbroglios de Noël. En 1984, elle a autorisé une ville de Rhode Island à installer une crèche à côté d'autres décorations de Noël, contrairement aux décisions prises par deux tribunaux.