Petits ou grands, hauts responsables ou simples chauffeurs de taxi, tous les Kirghiz en sont convaincus depuis une semaine: le père Noël est un des leurs et ils comptent bien en apporter la preuve irréfutable.

La très sérieuse agence d'État pour le Tourisme a ouvert lundi un concours : prouvez que le Petit Papa Noël, plus connu en ex-URSS sous le nom de «grand-père Gel», habite au Kirghizstan et vous aurez des cadeaux.

«Pendant longtemps, on considérait que le père Noël habitait au pôle Nord. Mais maintenant nous savons que pour accomplir son devoir et souhaiter de bonnes fêtes au monde entier, il doit commencer sa tournée au Kirghizstan», a solennellement déclaré le directeur de l'agence, Tourousbek Mamachov.

Les habitants de ce petit pays montagneux d'Asie centrale ont désormais jusqu'au 20 décembre pour trouver la maison du meilleur ami des enfants.

Cette opération a été lancée suite à une étude de la société suédoise de consultants en ingénierie Sweco qui a calculé que le père Noël, un maître de la ponctualité depuis des centaines d'années, userait de son temps de manière optimale en partant du Kirghizstan.

En voyageant dans le sens inverse de la rotation de la Terre, il aurait 48 heures, les 24 et 25 décembre, pour faire les 2,5 milliards d'arrêts nécessaires afin de pouvoir servir tous les enfants en cadeaux.

Le responsable de la communication de l'agence pour le Tourisme, Kanybek Kalman-ououlou, est bien sûr convaincu que le père Noël, qui s'habille de bleu en ex-URSS, est un Kirghiz.

Pour lui le rapport suédois est une aubaine, son pays cherchant, avec ses montagnes d'une beauté époustouflante, à attirer les touristes.

«Du point de vue économique, les calculs des Suédois sont un cadeau du destin! Un grand merci à eux pour une telle surprise à la veille des fêtes (...) Ce sera l'image de marque de notre république», se réjouit le responsable.

M. Kalman-ououlou y va même de son pronostic : en expert du froid, le père Noël a dû élire domicile dans la région de Naryn, au centre du Kirghizstan, la partie la plus montagneuse et enneigée du pays, selon lui.

«J'ai appris la nouvelle venue de Suède avec plaisir. Maintenant tout le monde va dire que le père Noël est un Kirghiz! Qu'on lui construise une maison et vite! Moi-même je veux la visiter pour voir comment il vit», s'esclaffe Emile Aralbaïev, chauffeur de taxi à Bichkek.

Bien que les Kirghizs soient majoritairement des Musulmans sunnites, le père Noël --Ayaz Ata ici-- est très populaire, l'Union soviétique ayant colporté le mythe jusque dans ses territoires les plus reculés.

Les petits n'ont dès lors guère de mal à imaginer que leur héros habite près de chez eux.

«Il est déjà venu chez moi! Il est déjà venu à la maternelle, il a allumé des bougies sur le sapin et il a chanté avec nous», s'exclame Bolotbek Oussenov, du haut de ses quatre ans.

La journaliste en charge de la rubrique enfance à la radio d'État, Alla Golobokova, s'attend à recevoir bien plus de lettres au père Noël que les années précédentes.

«Une fois que les enfants vont savoir que le père Noël habite dans notre pays, la quantité de lettres va être multipliée par 100 ! (...) On va devoir recourir à des volontaires et demander l'aide des autres rédactions pour pouvoir répondre à toutes les demandes», prévoit-elle.

Un élément susceptible de déplacer la patrie du père Noël n'a toutefois pas été pris en compte par les ingénieurs suédois. En effet, au Kirghizstan, comme ailleurs en ex-URSS, le «grand-père Gel» fait sa tournée la nuit du Nouvel an, comme dans les autres pays de l'ex-URSS...