La nouvelle prise de conscience face au harcèlement sexuel en milieu de travail découlant des récentes allégations incite certaines entreprises à faire ce qu'il faut pour minimiser les risques de comportements inadéquats pendant les «partys» du temps des Fêtes, révèlent des experts des ressources humaines.

Même si l'époque des débauches loin des yeux des conjoint(e)s est essentiellement révolue, la socialisation avec les collègues en dehors des heures de travail peut demeurer périlleuse, selon Shelley Brown, la présidente de la firme montréalaise Bromelin HR Consulting.

«Surtout si on ajoute de l'alcool, disons que ça peut contribuer aux comportements discutables», a-t-elle dit.

Mme Brown rapporte une hausse de la demande pour des formations concernant le harcèlement sexuel, et même pour des enquêtes, depuis que des allégations ont détrôné des hommes comme Harvey Weinstein et Kevin Spacey.

Et même si les clients de la firme planifient toujours des fêtes, plusieurs d'entre eux s'affairent aussi à garantir un environnement respectueux, ajoute-t-elle. Ces mesures comprennent la disparition du bar ouvert au profit d'un nombre restreint de consommations et l'envoi de courriels demandant aux employés de faire preuve de jugement, poursuit Mme Brown.

«L'approche qui est différente cette année et que je pense que les employeurs et probablement les employés sont un peu plus conscients du sujet en raison de l'attention médiatique que le harcèlement sexuel a reçu», a-t-elle dit.

Plusieurs compagnies de l'Ontario ont adopté une telle stratégie il y a longtemps, quand la province s'est dotée de lois concernant la violence et le harcèlement en milieu de travail, dit Lynn Brown, la directrice générale de la firme torontoise Brown Consulting Group.

«Je pense que les employeurs se sont dits, «Je ne veux plus vraiment de cette responsabilité', a-t-elle expliqué. Donc maintenant on voit typiquement des compagnies qui organisent des fêtes le midi ou quelque chose de très calme au bureau, elles embauchent un traiteur, elles s'assurent que les gens ont un taxi pour rentrer, ce genre de truc.»

«Ça ne crée pas ce genre d'environnement et on recommande que les gens fassent ça pour réduire le risque.»

Mais même si la compagnie fait tout selon les règles de l'art, rien ne garantit que les employés se comporteront correctement, prévient Lynn Brown, qui dit recevoir plus d'appels pour harcèlement sexuel après les Fêtes que pendant tout le reste de l'année.

«Les plaintes que je reçois après un "party" des Fêtes, 99% du temps c'est du harcèlement sexuel. C'est quelqu'un qui a trop bu et qui a eu un comportement inapproprié», dit-elle.

Les choses tournent parfois au vinaigre quand les employés quittent les lieux pour aller continuer à boire ailleurs, surtout si un patron est du coup, explique Mme Brown. Il revient aux employeurs de prévenir les responsables que certaines limites ne peuvent être franchies, même après la fête, selon elle.

Même en faisant abstraction du risque de harcèlement, les fêtes de bureau sont tellement périlleuses socialement que certains employés choisissent tout simplement de les éviter, dit Dianne Hunnam-Jones, de la firme OfficeTeam.

Une enquête menée récemment par cette compagnie auprès de 550 employés de bureau canadiens a découvert que moins de 30% d'entre eux considèrent que ces fêtes sont plaisantes, tandis qu'un peu plus de 20% considèrent ne pas avoir d'autre choix que d'y participer.

«C'est souvent une occasion où des gens qui ne se connaissent pas vraiment se retrouvent dans un environnement social et ça peut être inconfortable», a expliqué Mme Hunnam-Jones.

«C'est différent dans une culture où les gens veulent être ensemble et qu'ils ont hâte, ajoute-t-elle. Mais pour la plupart, et les chiffres le démontrent, les gens ne sont pas vraiment excités par l'idée.»