Les Noëls des bourgeois montréalais du XIXe siècle ont plus en commun avec les nôtres qu'on pourrait le croire. Le sapin décoré, les cadeaux donnés à Noël et le réveillon nocturne étaient déjà au coeur des célébrations à l'époque victorienne.

C'est ce que démontre l'activité Noël victorien au lieu historique national du Canada Sir-George-Étienne-Cartier. La maison de la rue Notre-Dame, habitée autrefois par le politicien et avocat, est pour une 20e année parée pour le temps des Fêtes.

 

Au centre du salon trône le sapin. La table est mise pour recevoir les invités. Des branches de verdure ornent les cadres, miroirs et manteaux de cheminée. Dans le portique est suspendu le gui.

Les week-ends en après-midi, des personnages costumés racontent l'origine de différentes traditions de Noël dans les pièces richement meublées de cet intérieur victorien.

Des festivités qui ont plus à voir avec une fête païenne qu'on pourrait le croire. «Il y avait l'espoir du retour du soleil et du renouveau de l'agriculture. Les branches de verdure installées dans les maisons le symbolisaient», souligne Émilie Fortier, qui incarne la servante Marie.

«Nouveau soleil» est d'ailleurs l'une des significations possibles du mot «Noël» Les symboles de la lumière et du soleil sont donc bien présents, à preuve les bougies allumées qui décorent le sapin.

Celui-ci fait son apparition au XIXe siècle de notre côté de l'Atlantique. C'est le prince Albert, mari de la reine Victoria, qui a ramené de son Allemagne natale cette coutume. Les gravures dans les journaux convaincront les classes aisées d'adopter cette mode. «Cette tradition et plusieurs autres liées à Noël étaient d'abord réservées aux bourgeois. Elles se sont répandues dans l'ensemble de la population après la Deuxième Guerre mondiale», note Isabelle Chalifoux, qui incarne la bourgeoise Mme Parent.

Les cadeaux servaient à l'ère victorienne de décorations pour le sapin. Ils n'étaient pas emballés, contrairement à aujourd'hui. Lors de la distribution, on dépouillait littéralement l'arbre.

L'orange, fruit exotique symbole du soleil et cadeau privilégié, faisait figure de boule de Noël. Les présents comestibles avaient la cote, notamment les cornes d'abondance remplies de confiseries et de noix.

Une nouveauté cette année au lieu historique: la lanterne magique. Lointain ancêtre du projecteur de cinéma, elle servait principalement à présenter sur un drap blanc des gravures de lieux célèbres. Ici, elle sert à montrer différentes représentations du père Noël. On peut facilement imaginer comment les images projetées sur le mur pouvaient fasciner les gens à l'époque.

Parmi les autres nouveautés, les visiteurs pourront assister à une représentation théâtrale du conte La Nuit avant Noël (The Night Before Christmas), écrit en 1823 par le pasteur Clément Clark Moore. «C'est lui qui a jeté les bases de l'histoire du père Noël, à savoir qu'il se promenait avec des rennes et qu'il entrait par les cheminées», dit Émilie Fortier.

Les représentations, destinées principalement aux enfants, auront lieu les dimanches 7, 14 et 21 décembre à 10h30. Il faut réserver sa place. Même chose pour «Tout le monde à table», un cours sur l'art de recevoir à Noël à l'époque victorienne, dispensé par le majordome de la maison, les samedis 13 et 20 décembre à 10h30.

C'est fascinant de voir à quel point les choses ont peu changé. Déjà, il y a plus de 100 ans, on critiquait le caractère commercial de la fête. Et on se plaignait de voir les vitrines de Noël apparaître aussi tôt que... le 10 décembre.

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Jusqu'au 21 décembre

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