Cette année encore, on nous demande de suggérer six disques de musique classique pour offrir à Noël. Or, notre liste a été vite comblée par six réalisations entièrement d'ici. Pourquoi donc chercher ailleurs? Une fois de plus, le made in Québec s'est révélé aussi bon que ce qui vient de l'étranger. Le hasard a aussi voulu que quatre réalisations soient d'Analekta, les deux autres d'ATMA, et que Saint-Saëns figure sur deux d'entre elles.

L'ORGUE DE LA MAISON SYMPHONIQUE

Événement majeur de notre histoire musicale, l'inauguration de l'orgue Casavant installé dans la Maison symphonique a été enregistrée pour la postérité. Si les micros ont capté bien des toux, même lointaines, ils ont reproduit du gigantesque instrument de 6489 tuyaux une image sonore beaucoup plus saisissante que ce qu'elle était en salle. La 3e Symphonie, avec orgue, de Saint-Saëns domine le disque. Olivier Latry y est tour à tour intérieur et spectaculaire et l'Orchestre Symphonique de Montréal s'y révèle étonnamment inspiré par Kent Nagano. On peut ignorer les quelconques pièces qui complétaient le programme. Le Saint-Saëns vaut à lui seul le disque entier.

Analekta, AN 2 8779

19,99 $

UN AUTRE TRIOMPHE YNS-OM

Avec cette 10e Symphonie de Mahler également enregistrée à la Maison symphonique, mais cette fois sans public et donc sans bruits parasites, Yannick Nézet-Séguin et l'Orchestre Métropolitain signent une autre triomphale réussite. L'inachevée Dixième est jouée, comme c'est généralement le cas, dans l'édition complétée du musicologue Deryck Cooke. La virtuosité orchestrale et la qualité sonore de l'OM sont égales à celles de l'OSM - ici en tout cas! - et la conception du génial YNS rejoint, dans l'intériorité comme dans le délire, les meilleures de la discographie.

ATMA, ACD2 2711

15,99 $

CHOPIN EN PRÉ-CONCOURS

La veille de son départ pour le Concours Chopin de Varsovie, d'où il allait revenir avec le deuxième prix - parmi 84 concurrents de 20 pays -, Charles Richard-Hamelin avait enregistré un récital consacré au compositeur qui lui valut sa médaille d'argent. Le programme : 3e Sonate, op. 58, Polonaise-Fantaisie op. 61 et les deux Nocturnes op. 62. Le Joliétain de 26 ans y révèle toutes les qualités d'un pianiste d'envergure et, à travers des rubatos souvent assez personnels, un réel rapprochement des légendaires interprètes de cette musique.

Analekta, AN 2 9127

19,99 $

PHOTO ULYSSE LEMERISE, COLLABORATION SPÉCIALE

La 10e Symphonie de Malher, avec Yannick Nézet-Séguin et l’Orchestre Métropolitain.

LE VIOLON CHARMEUR DE WAN

Des trois Concertos pour violon de Saint-Saëns, seul le dernier, op. 61, en si mineur, figure au répertoire. Les disques groupant les trois sont très rares. Heureuse idée, donc, que cette intégrale confiée au jeune violon-solo de l'OSM, Andrew Wan. Si le 1er Concerto offre peu d'originalité, celle-ci se manifeste dès le 2e Concerto, pour s'épanouir pleinement dans le 3e. Somptueusement encadré par Nagano et l'orchestre, le violon de Wan est à la fois virtuose et charmeur, toujours de bon goût et toujours d'une justesse absolue. Ici encore, un live, mais cette fois sans autres bruits que les applaudissements suivant chaque concerto.

Analekta, AN 2 8770

19,99 $

NOËL À L'ORGUE DE L'ORATOIRE

Vincent Boucher, le nouvel organiste titulaire de l'Oratoire Saint-Joseph, perpétue une tradition instaurée par Raymond Daveluy, son prédécesseur à cette tribune: l'exécution en concert, à cette période-ci de l'année, des 12 Noëls de Louis-Claude Daquin, et dont ce généreux disque de 70 minutes est le prolongement. Du puissant Beckerath allemand de l'Oratoire, Boucher fait un orgue baroque français dont il détaille anches, ornements, dialogues et effets d'écho avec un art raffiné et une allégresse de circonstance.

ATMA, ACD2 2703

24,99 $

STÉPHANE ET SON VIOLONCELLE

Stéphane Tétreault reprend ici, cette fois sur son fameux violoncelle Stradivarius de 1707, le répertoire qu'il défend en concert depuis quelques années déjà, et ce, même s'il n'a que 22 ans. Comme toujours, il confirme son immense talent d'interprète comme de technicien. Il apporte une dimension insoupçonnée à l'Arpeggione de Schubert et au Divertimento de Haydn et, tout en se permettant quelques maniérismes, atteint la maturité de ses plus illustres aînés dans la Sonate op. 38 de Brahms. Avec l'exemplaire Marie-Ève Scarfone au piano.

Analekta, AN 2 9994

19,99 $

PHOTO ULYSSE LEMERISE, COLLABORATION SPÉCIALE

Andrew Wan et l'Orchestre Symphonique de Montréal proposent l'intégrale des concertos pour violon de Saint-Saëns.