Malgré la crainte que l'échange de bons voeux dégénère en beuverie, au prochain party de bureau, ce n'est pas de mise de bouder le party du patron, selon deux prêtresses québécoises du savoir-vivre. «Il faut au moins faire acte de présence et, surtout, ne pas y aller l'estomac vide», dit l'une d'elles, Danielle Parent.

Un truc qui marche, c'est d'avaler une cuillérée d'huile d'olive avant de se rendre à une réception, conseille Louise Masson, directrice de la firme Beaux Gestes et auteure de Sacrée Politesse. Une chose que lui a appris un Polonais dans le circuit diplomatique, il y a bien des années. «L'huile flotte dans l'estomac et en tapisse les parois, empêchant l'alcool de bien pénétrer dans l'organisme et de monter au cerveau», explique-t-elle.Il n'y aurait qu'au Québec, selon Mme Masson, que les partys de bureau tournent mal de façon presque systématique. L'autre écueil de ces réunions, ce sont les jeunes femmes qui s'y présentent habillées très sexy, dit-elle. Selon elle, ce n'est pas l'endroit pour ça. «On devrait devoir sa promotion à ses compétences professionnelles.»

Le réveillon de Noël est souvent l'occasion où on présente un nouveau conjoint à sa famille. Le nouveau venu, ou la nouvelle venue, devrait se montrer discret, dit Danielle Parent. «Être naturel, écouter, ne pas trop parler.» Et ne pas oublier d'apporter un cadeau à ses hôtes, ajoute Louise Masson. La bouteille de champagne est à proscrire comme cadeau. «Si ce n'est pas entre intimes, ça fait prétentieux», dit Danielle Parent.

Dans les soupers du temps des Fêtes, on n'a aussi pas le choix d'inviter le beau-frère qui tape sur les nerfs, mais «on peut le placer à l'autre bout de la table», suggère Mme Parent. Elle propose aussi de mélanger les couples de vieille date (mais pas les jeunes amoureux) pour que la soirée soit plus animée. Pour éviter les excès, on devrait offrir quelque chose à manger à ses invités avant de leur présenter un verre d'alcool.

Un autre truc qu'elle propose est de ne pas boire seul. Pourquoi ne pas attendre d'avoir établi un contact avec quelqu'un, avant de lever le coude ? «On boirait moins de cette façon», dit Mme Parent, qui estime, par ailleurs, qu'il ne faut jamais refuser un plat ou recouvrir son verre de sa main pour éviter d'être resservi. «On doit goûter à tout ou, au pire, ne pas manger ce qu'il y a dans l'assiette et ne pas toucher à son verre.» Cela serait aussi valide pour les gens au régime, les abstinents, les végétariens, etc.

Côté conversation, on aurait toujours intérêt à réfléchir avant d'ouvrir la bouche. «Il ne faut pas dire tout ce qui nous passe par la tête», juge Louise Masson. Les sujets à éviter sont nombreux, selon son code des bonnes manières : les potins, les scandales, interroger sa voisine sur son lifting ou son voisin sur le coût de sa maison, parler de ses impôts et de ses maladies, critiquer la nourriture. Cela s'ajoute aux trois sujets dont les Européens ont fait des tabous : la politique, la religion et le sexe.

Les Québécois sont, sur ce dernier point, des déviants profonds. Nous serions des champions pour parler de sexe à table, dit Mme Masson. Elle précise que les sujets de controverse doivent être évités à table parce que c'est un endroit «fait pour être heureux et qu'on y est armé d'un couteau. Ça peut mal finir si les passions montent !»