Une jeune fille qui se fait offrir par ses parents un nouveau nez, une femme qui reçoit un bon pour une poitrine plus généreuse ou parfois, dans un genre plus osé, une «reconstruction vaginale» et même une nouvelle virginité, tout est prétexte à cadeaux aux États-Unis.

«Il arrive de plus en plus souvent qu'un mari dépose au pied de l'arbre de Noël une enveloppe contenant un bon pour un rendez-vous payé avec un chirurgien esthétique pour une simple consultation ou pour pratiquer l'opération dont sa femme (et lui aussi souvent) rêve», raconte le docteur Peter Fodor, un chirurgien plastique de Los Angeles en Californie. Tous les cas de figure sont possibles, selon Esmeralda Vanegas, propriétaire d'un centre de soins et de beauté près de New York, spécialisée dans la reconstruction et le rajeunissement du vagin.

«Les reconstructions de l'hymen ou du vagin sont particulièrement demandées en cadeau que font des femmes à des maris qui ont déjà tout. Soit parce qu'elles savent que certains fantasment à l'idée d'avoir des rapports avec une vierge, soit des femmes qui, après plusieurs enfants et l'âge venant, ont besoin de resserrer les parois de leur vagin pour éprouver plus de plaisir et en donner davantage à leur partenaire», explique Esmeralda Vanegas.

Les publicités pour ce type d'opération, au coût de 2000 dollars, sont sans détours : «offrez de nouvelles sensations à votre partenaire, augmentez vos zones érogènes, développez votre point G...», vantent les publicités sur l'internet de multiples centres américains de «rajeunissement du vagin».

Le centre d'Esmeralda Vanegas comptabilise cinq opérations par mois de l'hymen.

Les médecins pratiquent ces opérations de chirurgie «très privées» sans état d'âme, regrettant même qu'elles ne soient pas remboursées par les assurances santé.

S'il s'agit d'un cadeau de Noël, «il faut s'y prendre à l'avance car pendant 6 à 8 semaines après une opération les rapports sexuels sont interdits», prévient Esmeralda Vanegas.

Quant aux détracteurs de cette nouvelle mode, elle leur rétorque : «ces opérations répondent à la même logique que les plus classiques : comment mieux séduire ?»

Pour le docteur Fodor, la tendance cadeaux de Noël pour les interventions esthétiques se développe. Mais il faut des «antennes psychologiques pour savoir si la personne qui a reçu le cadeau le fait aussi pour elle et non pas uniquement pour faire plaisir à celui qui le lui a offert». «Parfois certain(e)s sont vexé(e)s de ce cadeau, mais ils viennent quand même me voir», ajoute-t-il.

Selon le docteur Lawrence Reed, plasticien à New York, la tendance cadeau se manifeste tout au long de l'année du fait du succès grandissant de la chirurgie esthétique et grâce aussi aux nouvelles pratiques qui sont moins coûteuses et moins invasives que précédemment.

La multiplication des procédures «non chirurgicales» (botox, peeling, blanchiment des dents, etc.) permet ainsi à des ami(es) de se faire des cadeaux plus facilement.

«Le pic d'activité pour notre secteur est la fin de l'année, l'objectif étant d'avoir la meilleure mine possible pendant les fêtes de fin d'année», précise le docteur Reed. Et la tendance persiste sur les premiers jours de janvier. «Environ 5 à 10% de plus, à vue de nez», selon Peter Fodor.

Selon l'Association américaine de chirurgie plastique et reconstructrice, les actes chirurgicaux réalisés par ses adhérents sont dans 35% des cas des cadeaux offerts aux patients.

En 2004, 12 milliards de dollars ont été dépensés par les Américains dans la chirurgie esthétique avec en vedette la liposuccion, l'augmentation mammaire et la chirurgie des paupières. En hausse de 44% par rapport à 2003, le nombre des opérations s'est élevé à 12 millions, dont 90% concernaient des femmes.