Dans son arbre de Noël, Marc a accroché 700 boules. «N'écrivez pas ça, je vais passer pour un fou», supplie-t-il en pouffant. Et le fait qu'il y ait deux sapins dans la maison, si ce n'est pas de la folie, qu'est-ce que c'est? Le sens de la fête, le désir de partager et le besoin de se souvenir, sans doute...

Marc et Ginet ont chacun leur sapin. Celui de Ginet est d'esprit victorien, avec ses oiseaux, ses guirlandes fines et ses boules creuses remplies de petits personnages. «C'est Marc qui me fournit», confie-t-elle avec reconnaissance.

 

trésor

Le nouveau retraité collectionne les antiquités depuis une trentaine d'années. Il a eu la piqûre pour les petites parures de céramique le jour où il a découvert un «trésor» chez des gens qui venaient de lui vendre un vieux coffre. Le «trésor» était réparti dans trois boîtes truffées de décorations vieilles de 100 ans.

Marc a vite perçu la valeur de sa trouvaille. Il a donc appelé Claude Davis, LE collectionneur d'articles de Noël à Québec. «Il était si excité qu'il en a perdu la voix», raconte-t-il. En échange du précieux contenu des trois caisses, Davis a «vidé» son arbre de Noël et donné à Marc tout ce qu'il contenait. Deux semaines plus tard, le sapin de Marc s'effondrait, pulvérisant dans sa chute les ornements de Davis.

Marc frémit quand il pense que le «trésor» aurait été anéanti sous le sapin s'il ne l'avait pas offert à Claude Davis. Aujourd'hui, les ornements centenaires se trouvent au Musée de la civilisation, à qui ce dernier en a fait don.

«Les objets sont faits pour être transmis», philosophe Marc, qui n'a de cesse d'en offrir lui-même au moindre prétexte.

 

Marc ne tombe pas tous les jours sur de telles merveilles du passé. Mais chaque boîte acquise à l'aveuglette lui réserve un petit bonheur. Récemment, il en a acheté six, dont il a extrait une crèche et tous ses personnages. Marc et Ginet les ont placés sous l'escalier, tout près du foyer.Certains objets n'ont de sens que par leur beauté et par les histoires relatives à leur acquisition. D'autres rappellent des personnes aimées. Marc désigne une boule inusitée, blanche, ajourée et d'une rondeur parfaite. C'est sa mère de 84 ans, Thérèse, qui l'a crochetée autour d'un ballon, puis «empesée» dans du sucre, avant de crever le ballon et de rester avec une boule sophistiquée, décorée selon l'inspiration du moment. «Elle me l'a donnée l'an passé, dit-il. C'est ma préférée.»

L'essentiel

Cette magie ne s'explique pas. On en vient toujours à évoquer l'enfance, la vieillesse et les choses essentielles qui se résument à l'amour. Pour Ginet et Marc, Noël est un moment de partage qui se cristallise autour de leurs enfants et de leurs trois petits-fils. Dans leur demeure ancestrale de l'île d'Orléans, ça ne dérougira pas. Ils convieront même l'esprit des anciens propriétaires, «M. et Mme Malouin», qui ont insufflé beaucoup d'âme en ce lieu.

Photo: Steve Deschenes, Le Soleil

Marc a découvert les personnages de cette crèche dans des boîtes achetées à l'aveuglette.