(Montréal) Les Canadiens qui envisagent d’acheter un sapin de Noël naturel cette saison devraient commencer à magasiner maintenant et s’attendre à payer plus, selon l’Association canadienne des producteurs d’arbres de Noël.

Les producteurs prévoient que 2020 sera une année de ventes record. Le président de l’association, Larry Downey, affirme que c’est une simple question d’offre et de demande : une pénurie d’arbres jumelée à une grande demande de la part des personnes qui espèrent égayer leurs espaces de vie au moment où ils sont forcés de passer beaucoup de temps à la maison.

« Personnellement, nous n’envisageons pas que la COVID nous affectera », a indiqué M. Downey, dont la ferme familiale située à Hatley vend jusqu’à 30 000 sapins de Noël chaque année.

La plupart des grossistes avec lesquels M. Downey s’est entretenu cette année ont déjà atteint des records de ventes, a-t-il ajouté, une grande partie de la demande provenant de fournisseurs aux États-Unis. Les détaillants passent généralement leurs commandes d’arbres dès juin, note M. Downey.

Le marché des sapins de Noël subit toujours les effets de la Grande Récession, qui a mis de nombreux producteurs américains à la faillite et en a conduit d’autres à réduire leurs plantations. Étant donné que les jeunes arbres mettent huit à dix ans pour atteindre la taille d’un sapin de Noël typique, les effets de la baisse de l’offre ne sont apparus que récemment.

La pénurie a poussé les prix à la hausse. M. Downey affirme que les sapins de Noël se vendent environ 5 $ de plus cette année, poursuivant une tendance observée depuis plusieurs années. Le prix moyen d’un sapin a augmenté de 123 %, à 78 $ US en 2018, contre 35 $ US en 2013, selon la National Christmas Tree Association, aux États-Unis.

Les prix sont également à la hausse au Canada. Stéphane Bernier, qui dirige la Plantation Bernier à Lac-Brome, et Bronwyn Harper, qui est copropriétaire de la Hillcrest Tree Farm près d’Ottawa, disent tous deux avoir augmenté les prix des sapins de Noël cette année.

En plus de la pénurie, les vendeurs de sapins disent s’attendre à une forte demande de la part des consommateurs à la recherche d’une activité de plein air permettant la distanciation physique et qui souhaitent ajouter un peu d’esprit des Fêtes dans leur maison, où ils passent davantage de temps avec cette deuxième vague de COVID-19. La pandémie a déjà entraîné des dépenses plus importantes que prévu sur le marché de la rénovation domiciliaire, une tendance qui pourrait être de bon augure pour les ventes de sapins de Noël.

Certaines variétés d’arbres comme les sapins Fraser sont encore plus recherchées. Mme Harper dit qu’elle vend des sapins Fraser pour environ 85 $ — soit 20 $ de plus que l’an dernier — depuis que son fournisseur a augmenté ses prix. (Les sapins Fraser ne peuvent pas pousser sur sa propriété à cause du terrain, souligne Mme Harper.)

La demande prévue de sapins de Noël a déclenché une ruée de certains détaillants pour acheter davantage d’arbres en gros.

Phil Quinn, copropriétaire de Quinn Farm près de Montréal, dit qu’il a dû acheter des arbres supplémentaires à des grossistes pour les vendre dans sa ferme, car il n’en a pas suffisamment cultivé sur sa propre propriété pour répondre à la demande qu’il prévoit cette année. Et Mme Harper dit qu’elle a reçu de nombreux appels de personnes à la recherche de sapins en gros, bien qu’elle ne fasse que de la vente au détail.

« Tout le monde veut un sapin et ils le veulent maintenant », dit M. Quinn, qui s’attend à avoir écoulé tous ses sapins d’ici la deuxième semaine de décembre.

Mais alors que la demande de sapins devrait être forte, la pandémie a créé son propre ensemble de défis pour les vendeurs. La plupart d’entre eux ne seront pas en mesure d’offrir le même ensemble d’attractions cette année, les exigences de distanciation physique obligeant les fermes à abandonner des attraits supplémentaires tels que les promenades en calèche et les foyers extérieurs.

Mme Harper dit que son plus grand défi cette année sera de développer des directives de distanciation claires pour les personnes qui viendront chercher des sapins. Les propriétaires de la ferme n’autorisent pas les gens à amener leurs chiens, par exemple, et ils n’offrent pas non plus de promenades en calèche. Plutôt que de servir du cidre de pomme chaud, Hillcrest Tree Farm offrira aux gens des friandises à emporter lorsqu’ils partiront.

« Ce qui aurait pu être une visite d’une heure sera une visite plus courte cette année », souligne Mme Harper.

De même, Serge Lapointe, propriétaire de la Plantation JLS à Sainte-Angèle-de-Monnoir, affirme que sa ferme n’offrira pas d’occasions pour les acheteurs de sapins de Noël de se rassembler cette année. Il n’y aura pas, notamment la possibilité de prendre une photo avec le père Noël, contrairement aux années précédentes.

Un aspect du marché des sapins de Noël à surveiller cette année sera la façon dont les directives sanitaires auront un impact sur la façon dont les gens achèteront des arbres, s’ils iront les chercher en personne ou les commander en ligne, affirme Paul Quinn (qui n’a pas de lien de parenté avec Phil Quinn), un analyste chez RBC Dominion valeurs mobilières qui étudie les ventes de sapins de Noël d’année en année.

Les vendeurs de sapins au détail pourraient faire face à une certaine concurrence de la part de grands joueurs en ligne. Sur leur site web, Home Depot et Walmart répertorient tous deux des sapins Fraser naturels à vendre, disponibles pour livraison avant Noël. Une recherche sur le site web d’Amazon n’a donné aucun résultat pour les sapins de Noël naturels, bien que la société propose une variété d’arbres artificiels à vendre.

Mais Phil Quinn croit que les gens chercheront à profiter de l’occasion de choisir leur propre sapin, en personne.

« Les gens veulent simplement une sorte de normalité », croit-il.