Des personnalités nous racontent des moments marquants qu’ils ont vécus durant la période des Fêtes ou des rituels qu’ils pratiquent à cette occasion.

En 2002, Joël Legendre a passé le temps des Fêtes loin des sapins, des bancs de neige et des vents froids du Québec. « Ma tante religieuse œuvre en Haïti depuis plus de 40 ans et j’avais décidé de passer un mois là-bas pour l’aider dans son travail. À l’époque, elle était directrice d’une école primaire et secondaire à Saint-Marc, à près de deux heures de la capitale, Port-au-Prince. »

Même s’il est connu pour ses talents de comédien, de chanteur, d’animateur, d’imitateur, de doubleur et de metteur en scène, il avait en tête d’y faire… des travaux manuels. « Puisque mon père travaille en menuiserie, je suis capable de me débrouiller. Je ne suis pas le meilleur, mais je suis arrivé là-bas avec mon marteau pour construire des bureaux et des tableaux d’école comme ma tante me le demandait. »

Très vite, les enfants du coin ont développé une grande curiosité à son sujet.

Je suis devenu la mascotte du village. Ils m’appelaient “Joël blanc”, parce que c’était rare qu’ils voient des hommes blancs dans ce village.

Joël Legendre

Peu à peu, un petit garçon a pris l’habitude de lui apporter une noix de coco dans laquelle se trouvait un mélange de lait de coco et de mangue. « Il repartait en chantant avec une voix exceptionnelle. Chaque fois, je lui demandais de chanter plus. En plus, il fredonnait en créole. C’était magnifique ! »

Voyant arriver Noël, il a demandé à sa tante si quelque chose était prévu pour la messe de minuit. Réponse : une cérémonie traditionnelle avec un chœur assez simple. Il a ensuite suggéré de monter une crèche vivante avec le groupe d’enfants qui l’entouraient. « Un petit gars faisait Joseph. Une petite fille jouait Marie. Il y avait trois rois mages, un âne et un bœuf. J’ai fait la mise en scène avec les enfants pendant trois semaines. »

Les voyant répéter, l’homme à tout faire des religieuses a proposé ses services pour construire une véritable crèche et la mère d’une fillette a utilisé des restants de tissus pour confectionner des costumes. « Puisqu’ils n’avaient pas vraiment d’église, on a fait ça dehors sur la petite place municipale. C’était tellement humain, improvisé et senti. Il n’y a jamais rien qui va battre ça. J’ai vécu quelque chose de magique ! »

Les enfants et les adultes du village lui ont alors fait réaliser que peu importe où il allait, il porterait toujours en lui un désir de transmission de la passion artistique. « Que je sois à Montréal ou dans le fin fond d’une campagne, ça va toujours teinter l’univers où je suis. »