Après un Black Friday qui donne le grand départ des achats de cadeaux, le commerce est entré dans quatre semaines cruciales, durant lesquelles la logistique joue un rôle-clé pour faciliter la tâche de père Noël étourdis.

«Cette année encore, nous allons sauver les père Noël qui auraient oublié que Noël tombe le 25 décembre, car ils pourront commander sur Paris le 24 jusqu'à 21 h 15», et être livrés avant minuit, affirme à l'AFP, Ronan Bolé, président d'Amazon Logistique France.

Et pour les abonnés «Prime», ajoute-t-il, «ils pourront le faire encore jusqu'à 14 h (le 24, NDLR) dans les grandes villes, telles Paris, Lyon ou Marseille, et être livrés en soirée».

Pour la filiale française du géant américain du commerce en ligne, comme pour nombre d'e-commerçants, les quatre à six semaines précédant Noël sont cruciales pour leur chiffre d'affaires annuel.

À titre d'exemple, deux millions d'articles avaient été commandés en une seule journée lors du Black Friday 2017 chez Amazon, soit une augmentation de 40 % par rapport à 2016.

«Grosso modo, sur la période précédant Noël, on a un trafic sur le site multiplié par deux», précise M. Bolé, qui compte cette année encore sur 7500 intérimaires embauchés pour l'occasion.

Nouveaux standards

Pour Julien Dutreuil, directeur associé chez Bartle, «Amazon a défini de nouveaux standards et obligé ses concurrents à s'aligner dessus», dont la livraison en deux jours, et ces pratiques «ont essaimé dans tout le e-commerce», ajoute le consultant.

Autre défi à la concurrence, le site donne dès la commande une date de livraison précise, ou une fourchette de plus en plus resserrée. Et pour éviter que le client n'annule son «panier», les e-commerçants font tout pour que cette date soit la plus rapprochée possible de celle de la prise de commande.

«Grâce à ce qu'on appelle un OMS (order management system, ou système de gestion de commande), un algorithme va calculer, en fonction de la localisation du client, le chemin logistique que va prendre sa commande, où prendre le stock et quel trajet on va lui faire faire», explique M. Dutreuil à l'AFP.

En logistique, ajoute le consultant, «il existe ce qu'on appelle le "cut off", c'est-à-dire la date à partir de laquelle on arrête de prendre les commandes pour Noël et, en cinq ans, ce "cut off" s'est considérablement rétréci».

Même si pour l'instant, c'est surtout vrai pour les grandes villes, «la date limite de passage des commandes s'est retardée et on observe globalement des commandes de plus en plus tardives», ajoute M. Dutreuil.

Toujours plus de colis

Avec le développement du commerce en ligne (+14,3 % en 2017), et le fait que plus de la moitié des achats de Noël seront commandés sur l'internet cette année selon une étude OpinionWay, le nombre de colis circulant en France en fin d'année augmente considérablement, obligeant les acteurs de la chaîne logistique à s'adapter.

Ainsi, chez Mondial Relay, à l'approche de Noël, «l'enseigne déploie d'importants moyens et dévoile un algorithme spécifique pour assurer une bonne régulation des flux et permettre la livraison de colis de (ses) 30 000 e-commerçants partenaires».

Pour ce faire, avec un réseau de 7400 «points-relais», elle se dit prête à assurer la livraison de plus de 450 000 colis traités par jour durant le mois de décembre.

Spécialiste de la livraison du dernier kilomètre, Easy2Go, qui voit pour sa part son chiffre d'affaires doubler dès la mi-octobre, est capable de rendre disponibles, «lors des pics d'activité soudains, des véhicules supplémentaires».

Pour Julien Dutreuil, cette multiplication des offres, «du coursier au point-relais, des consignes au drone», devrait permettre qu'aucun cadeau ne parvienne en retard.

Attention cependant, prévient-il, pour les jouets les plus demandés par les enfants, il est presque déjà trop tard pour commander, «en raison d'un marché très concentré sur certaines références».

Donc un conseil aux parents: dépêchez-vous ou vous risquez d'y devoir mettre le prix fort !