Vous ne connaissez peut-être pas son nom, mais assurément certains de ses faits et gestes. Kalle Lasn est l'éditeur de l'antimagazine Adbusters, de Vancouver. C'est à lui que l'on doit l'idée, voire la paternité, du mouvement Occupy Wall Street. Bref, c'est l'homme de tous les combats, que ce soit contre la publicité, les marchés, et la consommation en général. Et tout récemment, c'est aussi l'homme derrière nul autre que le mouvement Occupy Christmas. Et si on l'invitait à réveillonner?

D'abord, une précision: le mouvement Occupy Christmas, lancé ce mois-ci, ne se veut pas une négation des célébrations. On ne veut pas abolir Noël, mais plutôt dénoncer la surconsommation d'une fête devenue synonyme «d'endettement et de cupidité». «On veut convaincre les gens de passer du bon temps en famille, avec les gens qu'ils aiment, et à célébrer. On veut ramener le véritable esprit de Noël», résume Lauren Bercovitch, directrice de production du magazine Adbusters.

Alors, si vous voulez tout savoir, oui, probablement que Kalle Lasn fête Noël, qu'il a même un sapin, mange un bon repas, et échange des cadeaux. «Même si je pense qu'il va passer les Fêtes à travailler», glisse sa collègue. Mais le sapin a probablement été coupé à la main, dans une sapinière du coin. Le repas est à base d'aliments bios et locaux. Quant aux cadeaux, si vous deviez lui en offrir, mieux vaudrait privilégier quelque chose d'équitable et de local. Mais n'allez pas croire que cela soit nécessairement rabat-joie. Au contraire: «L'idée, c'est de s'amuser et de passer de très belles Fêtes, mais surtout de retrouver le sens véritable de ces Fêtes.»

«Je ne pense pas ce soit nécessairement un ascète, renchérit Annie Roy, cofondatrice de l'Action terroriste socialement acceptable, elle est aussi bien connue pour son engagement social, politique et écologiste. C'est quelqu'un de visiblement éduqué et bon vivant, il doit avoir le goût d'avoir du bon temps dans la vie aussi!»

Évidemment, jamais elle n'irait lui offrir «quelque chose d'inutile, made in China, dit-elle. Mais je ne le ferais pas de toute façon!» Savoir-vivre et convictions sociales obligent, elle irait plutôt vers quelque chose de fait maison, qu'elle emballerait avec du papier recyclé, comme avec le cadeau («un cadeau et ça s'arrête là») de ses enfants. «C'est important d'emballer. Ça fait partie du plaisir!»

Côté conversation, faudrait-il se préparer à discuter avec Kalle Lasn de politique, de surconsommation et d'appauvrissement de la société toute la soirée. Probablement pas, croit Annie Roy. Pendant les réunions de famille, la militante se garde d'ailleurs bien de faire la morale à ses proches. «Je ne suis pas là pour dire aux gens comment vivre Noël», dit-elle. Bien au contraire: comme tout le monde, elle est là, avant tout, pour la fête. «Ce n'est pas parce qu'on est engagé qu'on est des intransigeants sociaux!»