Il y a eu le «joyeuses Fêtes» au lieu du «joyeux Noël». Il y a eu «l'arbre de vie» plutôt que le sapin de Noël. On a même célébré le «solstice d'hiver» plutôt que Noël. L'ère des accommodements raisonnables en a fait voir de toutes les couleurs au Québec, de tradition catholique. Serait-ce le moment du retour du balancier?

C'est ce que croit en tout cas Diane Pacom, de l'Université d'Ottawa. Après les festivités «à la carte», où chacun bricole le rituel qui lui convient en évacuant les éléments qui lui déplaisent, qu'ils soient religieux ou gastronomiques, «il y a une réaction très forte pour ceux qui reviennent à la tradition telle quelle». «Je n'ai jamais vu autant de crèches à Montréal», dit-elle. «Je sens cette espèce de désir de revenir à l'authenticité. On avait pensé que c'était fini, que les gens feraient ce qu'ils voulaient, mais non.»

 

Daniel Weinstock, juif non pratiquant et prof de philo à l'Université de Montréal, espère que la mode de diluer l'essence de Noël pour en faire une fête plus inclusive est terminée. «Je crois que les minorités religieuses pratiquantes ne voient aucun problème à ce que d'autres groupes religieux célèbrent également leur religion», dit-il. «On ne dit pas aux gens: arrêtez de fêter vos fêtes pour qu'on prenne la place. Ce qu'on dit, c'est qu'on voudrait bien y participer mais qu'on ne peut pas parce que, par exemple, on ne peut manger de porc.»