L'offre du prêt-à-manger et du prêt-à-cuisiner pour le temps des Fêtes a explosé ces dernières années, incitant les pressés à troquer le tablier contre le rayon des surgelés. Le prêt-à-cuisiner qui donne l'impression d'avoir cuisiné un peu coûte cependant plus cher que la version maison et est souvent gras et sucré.

Selon Nathalie Jobin d'Extenso, le centre de référence sur la nutrition humaine de l'Université de Montréal, prêt-à-cuisiner ajoute quelques étapes de préparation simplement pour plaire au consommateur. «Ca peut donner l'impression d'avoir cuisiné un peu. Je dis bien l'impression, car souvent, il suffit de mélanger ou d'assaisonner pour que ce soit prêt.»

Les distributeurs alimentaires ont mis en marché toute une gamme de produits pour aider leurs clients à recevoir en grand sans y mettre le temps. Les catégories sont multiples : hors-d'oeuvre, grands classiques, plats réconfortants, spécialités ethniques, desserts simples ou élaborés...

«On est rendus beaucoup plus loin que les petites saucisses enrobées de pâte même si elles demeurent les plus populaires auprès des enfants», résume Anne-Hélène Lavoie, porte-parole de Sobeys, maison-mère d'IGA. Les combinaisons fruits de mer et pâte phyllo sont particulièrement en vogue, tout comme les charcuteries et les incontournables fromages fins.

L'effervescence est telle à ce temps-ci de l'année que les grandes bannières en profitent pour lancer leurs nouveaux mets précuisinés sur le marché. Certains se retrouvent à peine quelques semaines sur les tablettes, d'autres se vendent à l'année. Tous, ils font l'objet de promotions débridées. En prospectus, à la télé, dans Internet, les fabricants et les distributeurs tapent sur le clou de la facilité. Les chaînes publient même des magazines sur papier glacé, avec moult photos et recettes, qui sont plus lus que bien des magazines féminins.

«Les gens nous disent qu'ils veulent se simplifier la vie dans le temps des Fêtes et c'est dans cet esprit-là qu'on travaille», fait valoir Josée Bédard, porte-parole québécoise de Loblaw, qui chapeaute aussi les bannières Maxi et Provigo.

Selon Robin Labonté, de la boucherie Au petit bedon, de Québec, les pâtés à la viande et au poulet figurent parmi les meilleures ventes. «Le monde a plus le temps de faire à manger pis les jeunes ne savent même pas comment cuisiner», constate le commerçant, qui profite de la manne pendant qu'elle passe.

Gale Ellen West, professeure au département d'économie agroalimentaire et des sciences de la consommation de l'Université Laval, ose tout de même croire que ces produits servent de dépanneurs dans le temps des Fêtes et que les grandes journées de réjouissances, comme Noël et le jour de l'An, sont encore synonymes de bonne bouffe cuisinée en famille.

Quand famille il y a. «Il y a un phénomène démographique incontournable qui influence l'offre alimentaire et c'est celui du nombre de ménages composés d'une seule personne», fait-elle remarquer. Il faut beaucoup de motivation, pour ne pas dire de courage, pour se faire cuire une dinde qu'on sera seul à manger pendant des jours et des jours.

Le plus curieux dans tout ça, c'est que les livres et les cours de cuisine sont désormais des cadeaux prisés sous le sapin.