Entre deux concerts et la promotion d'un album pop aux accents internationaux, Natalie Choquette s'arrête demain à Outremont pour un concert de Noël au profit d'I Musici. Pour la bonne cause et la beauté du monde !

Pour aider leur orchestre à boucler un budget malmené par la récession - de nombreux dons privés n'ont pas été faits cette année -, les musiciens d'I Musici ont offert de jouer gratuitement lors des concerts de Noël présentés ce week-end. La soprano Natalie Choquette n'a pas hésité à faire de même.

«Je suis très contente d'encourager les gens qui travaillent à répandre la beauté dans le monde. J'ai toujours aimé Yuli (Turovsky) et sa femme. Et en plus, je me fais plaisir. Chaque fois, c'est une chance de travailler avec des musiciens aussi extraordinaires. Ce n'est pas du tout de la charité!»

Car Natalie Choquette aime chanter, faut-il s'en étonner? Elle a très hâte d'entonner le Minuit, Chrétiens! demain soir à l'église Saint-Viateur, de «mâcher» le fameux si bémol, rigole-t-elle. «Quand je le chante, je m'imagine être Pavarotti!» Un cantique à l'énergie très virile, mais qui a été écrit pour une voix de femme, a-t-elle appris récemment. Tout un contraste avec la douceur enveloppante de son nouvel album de pop lyrique, Terra Bella.

Natalie Choquette a commencé sa carrière dans les églises, à la suggestion d'un de ses professeurs à l'université. Elle a obtenu son premier «contrat de mariage» à l'église Sainte-Brigide, chanté en grégorien à la basilique Notre-Dame. À Noël, elle espérait chaque année qu'on lui donne «un petit solo». «J'étais très timide», raconte-t-elle.

Aujourd'hui, bien des exubérances plus tard, elle «commence à comprendre la vie». Pourquoi est-ce qu'on vit si on doit tous mourir? lui demandait récemment sa fille de 12 ans. «Pour s'occuper le plus agréablement possible en attendant!» lui a-t-elle répondu.

Et elle ne se prive d'aucun plaisir. Après Terra Mia, lancé l'an dernier, Terra Bella rassemble 12 chansons de presque autant de pays. L'album paraît plus lent, plus mélancolique que le précédent. «Il a une certaine douceur, précise-t-elle plutôt. Je ne prends pas ma grosse voix d'opéra...»

La chanteuse lyrique y chante en sept langues différentes, y compris en yiddish. Fille de diplomate, elle a grandi dans plusieurs pays, s'est frottée à différents paysages sonores. Ainsi, chaque pièce offre une couleur bien particulière, un univers différent. «Toute ma vie, j'ai vécu dans de petites bulles. C'est dans la musique que j'ai pris mes racines.»

De son adolescence en Italie, elle a gardé un goût certain pour les romances napolitaines et pour des airs populaires comme Il mio canto libero, de Lucio Battisti, qu'elle chante avec ses filles Florence K, Éléonore Lagacé et Ariane Lagacé. Sur I'te Vurria Vasa, elle chante avec Michael, le protégé de Josélito Michaud. «Michael est capable de fioritures. Il chante ça comme un Napolitain même s'il vient du Saguenay.»

Sur J'attendrai, chanson évoquant la Deuxième Guerre mondiale, elle songe aux Parisiennes attendant leurs amoureux partis à la guerre.

Dans Soir d'hiver, le poème de Nelligan mis en musique par Claude Léveillée, elle voulait que sa «voix fasse de la buée sur la vitre».

Du répertoire acadien, elle a choisi Le jardinier du couvent. Pour l'accompagner, elle a fait appel à deux Acadiens, Pierre Robichaud et la jeune Frédérique Cyr-Deschênes, que sa fille Éléonore a côtoyée à La cour des grands, l'émission de jeunes talents diffusée à TVA.

On compte une seule création, Kanou. Elle est de Basile Seni, auteur-compositeur-interprète originaire du Burkina Faso vivant aujourd'hui à Trois-Rivières. Ici encore, en plus du balafon et du luth africain, on reconnaît les voix de ses deux cadettes.

Elle estime important de faire participer ses enfants dans son travail. «Chaque projet les prive un peu de leur mère. Cela les aide à accepter de me voir partir. Elles sentent qu'il y a un peu d'elles-mêmes là-dedans», souligne-t-elle.

De tournée en tournée

Parce que Natalie Choquette fait beauoup de tournées. Son calendrier des dernières semaines est particulièrement chargé. Les hôtels bruyants, le manque de sommeil, la sécheresse des véhicules, les tournées de promo qui commencent à l'aube... Ses armes? Un humidificateur de voyage, un radio-réveil qui génère des «bruits blancs», beaucoup d'eau chaude et une bonne dose d'optimisme: quoi qu'il arrive, cela finit toujours par passer...

«Quand on est mère de famille, on apprend à fonctionner dans toutes les circonstances. Je suis plus forte qu'avant! Et puis, on ne peut être qu'à un seul endroit à la fois.» Sa philosophie: «Apprécier le moment présent, rester ouvert et réceptif au charme de la vie, de l'imprévu, de l'inconnu...»

En somme, pourquoi râler que le voyage est long lorsqu'on est coincé en voiture dans le parc des Laurentides? «Le Saguenay, c'est si beau!»

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Concert-bénéfice de Noël d'I Musici, avec Natalie Choquette, soprano. Chef d'orchestre: Yuli Turovsky. Choeur I Musici. Chef de choeur: Julien Proulx. Église Saint-Viateur d'Outremont. Demain à 19h30. Programme: cantiques de Noël, extraits du Messie de Handel, de la Symphonie des jouets de Léopold Mozart et du Canon de Pachelbel et du Noël pour cordes de Marc Bélanger.