Patrick Norman a lancé son premier disque de Noël il y a 16 ans (Noël sans faim), son deuxième il y a 14 ans (The Christmas Album) ... et son troisième il y a quelques jours! Un disque joyeux, lumineux, souriant, country, intitulé justement Plaisirs de Noël et réalisé par... Gilles Valiquette. Ho ho ho hi haaaa!

Si vous le voulez bien, les enfants, on va commencer par un petit conte de Noël qui est aussi une histoire vraie, d'accord?

 

En 1964, alors que Patrick Norman a 18 ans, il s'achète une guitare Fender Jazz Master et un amplificateur Fender Tremolux, réputé pour le petit trémolo particulier qu'il confère à la guitare. Mais en 1970, Norman décide de vendre son Tremolux pour un plus gros amplificateur, vente qu'il regrette quasi immédiatement; hélas, il est trop tard...

«L'année passée, poursuit Patrick Norman, mon frère arrive chez ma mère à la veille du jour de l'An et me dit: As-tu vu ce qui traîne dans le passage? Je vais voir... et c'est mon amplificateur Fender Tremolux, que mon frère a racheté au gars qui me l'avait acheté il y a 44 ans - et qui en avait pris bien soin, en plus! Je capotais! Mon frère a fait ça, tout seul, juste pour me faire plaisir! Alors, cet été, en mai, j'ai pris ma vieille guitare Gretsch autographiée par Chet Atkins, je l'ai branchée dans mon bel ampli Tremolux et tout ce que tu entends d'électrique sur Plaisirs de Noël, ça a été fait avec mon vieux stock! Je pense que c'est pour ça que l'album est plein de bonheur et de lumière...»

C'est vrai que c'est un disque heureux, avec à peine une chanson triste (mais très belle et inédite: Lettre au père Noël), et plein de guitares. De ses précédents disques de Noël, Patrick Norman n'a repris qu'une seule chanson, dans d'autres arrangements: Bonjour, Noël, une superbe (et méconnue) chanson de Marc Fontenoy (auteur-compositeur des années 40 et 50 à qui on doit notamment... Buenas noches mi amor): «Je l'ai reprise parce que justement je la trouve magnifique, explique Norman. C'est comme du soleil sur la neige, cette chanson!»

 

Le contact avec Gilles Valiquette - dont c'est le premier disque de Noël en carrière! - a été particulièrement chaleureux: «C'est lui qui me poussait plus loin, qui me disait: envoye, fais-toi plaisir, mets-en de la guitare.» Et il en a mis en masse, comme son fidèle ami Jean-Guy Grenier a mis de la steel-guitar et du banjo pour la peine, pendant qu'André Proulx se faisait aller le violon et la mandoline: ça donne un beau long pot-pourri instrumental de 10 minutes ou un Il est né le divin enfant qui swingue la bacaisse dans le fond de la crèche!

On soulignera aussi le travail des percussions, jouées par nul autre que Paul Picard (de Maneige à Céline Dion!) - et Dieu sait s'il y a de la clochette et de la tambourine dans un disque de Noël: «Paul a vraiment rehaussé toute cette musique,» estime Patrick Norman.

S'il y a un bémol à ce disque, ce sont les quelques notes de claviers ici et là (notamment dans la toute première chanson, Au royaume du bonhomme hiver), qui ne sont vraiment pas heureuses.

Dès le deuxième morceau, heureusement, tout se replace grâce à une nouvelle chanson signée Bourbon Gautier, joyeuse comme tout, et baptisée Sonne ta cloche (oui, ça sonne comme Santa Claus!), très bluegrass.

«Mais Au royaume du bonhomme hiver a quelque chose de particulier pour moi, conclut Patrick Norman. La version française est de Lucien Brien, et c'est avec la chanson de Lucien, Mon coeur est à toi, que j'ai vraiment commencé à avoir du succès (en 1972) et que j'ai pu exercer un métier que j'adore. C'est comme si je bouclais une boucle...» Une boucle de Noël, bien sûr.

Patrick Norman

Plaisirs de Noël

Disques Patrick Norman/DEP

***1/2