Ça y est. C'est reparti. La valse des invitations du temps des Fêtes bat son plein. Horreur! C'est à votre tour, cette année, de recevoir toute la famille: la tante Bertha qui surveille son cholestérol, sa fillette végétarienne et le grand-père asthmatique qui ne supporte pas les poils de chat. Osons le dire: il y a des jours, où, franchement, recevoir, c'est un cauchemar.

Vous souvenez-vous du temps où, à Noël, on allait tous chez mamie? Elle sortait sa belle vaisselle des Fêtes, son argenterie, et puis on mangeait tous dans la grande salle à manger. Au menu: toujours la dinde, les canneberges, sans oublier la purée de pommes de terre. Pas de dessert avant d'avoir fini. Tout fini.

Si seulement cela pouvait être aussi simple aujourd'hui. Mais mamie n'est plus là. On n'a pas de vaisselle des Fêtes. Encore moins d'argenterie. Et il va falloir entasser tout le monde dans notre cinq et demi.

Mais s'il n'y avait que cela. Voilà qu'il faut faire un menu qui plaise à tous, ni trop gras ni trop riche, sans sel pour Tonton, sans sucre pour Tata. Bonjour le casse-tête. Espérons que les enfants seront sages, les chats discrets.

Pourquoi tout ce stress? Parce que les temps ont changé, croit la sociologue Diane Pacom, de l'Université d'Ottawa, qui avoue au passage ne jamais recevoir. «Parce que sinon, je n'en dors pas. Ça me rend malade.» De nos jours, finis les menus traditionnels. «Avant, il y avait des traditions. À Noël, on mangeait certaines choses. Il y avait des coutumes coulées dans le ciment, dit-elle. Maintenant, le monde est sans référence réelle.»

Comme le menu n'est plus dicté par la tradition, on doit désormais plaire à tout le monde. S'il le faut, la petite cousine aura sa dinde au tofu. Et il le faudra, croit aussi Mme Pacom. «Absolument. Sinon, on manque de respect envers nos convives.» Ce «geste de courtoisie suprême» reflète aussi, selon elle, «un souci, propre à notre société individualiste, d'accommoder chacun.»

Conséquence? Si jadis, recevoir était un art; aujourd'hui, c'est devenu une science, «un étalage de prouesses et de connaissances». Mamie doit se retourner dans sa tombe.

Car dans un monde où il existe des Martha Stewart et des Jamie Oliver, où il y a une science du centre de table et de la coupe du fromage, «recevoir est devenu un sport extrême», tranche la sociologue.



Passer à côté de l'essentiel


Mais dans cette quête de plaire à tout le monde, ne se perd-on pas un peu? Absolument, répond Lise Ravary, rédactrice en chef et éditrice de la revue Châtelaine, qui signe un billet sur la question dans son numéro du mois de décembre. Car pourquoi invite-t-on? s'interroge-t-elle. Pour en mettre plein la vue aux gens ou pour passer un bon moment ensemble? «Moi j'ai quelques restrictions alimentaires, mais je passe par-dessus. Quand je suis invitée, je ne m'en vais pas vivre une aventure culinaire, je m'en vais vivre un moment!»

«On est beaucoup plus préoccupé par ce dont on va avoir l'air que par ce que l'on va échanger. Il faut être bon dans tout aujourd'hui. Alors, on fait des steppettes pour impressionner le monde», ajoute-t-elle.

En se concentrant autant sur l'apparence, on passe aussi à côté de l'essentiel. «L'essentiel, c'est d'être avec les gens. Pas de leur en mettre plein la vue! (...) Quand on dit: viens souper à la maison, le mot clé, c'est maison. Bien plus que souper. C'est tellement devenu une mise en scène que cela n'a plus aucun rapport avec le but premier de la manoeuvre!»

Certes, recevoir, c'est inviter des gens chez soi, dans ce que l'on a de plus intime. Évidemment, on veut se montrer sous son meilleur jour. D'où l'angoisse: il faut que la maison soit impeccable; imaginez s'il fallait que les convives repartent avec des poils de chat ou de chien sur les pantalons...

Lise Ravary, comme Diane Pacom, n'organise plus de réceptions chez elle.

«Je trouve ça beaucoup trop compliqué. Les gros soupers planifiés, je n'ai plus le temps, je n'ai plus le goût. J'aime beaucoup mieux les trucs spontanés.» Un soir, elle a d'ailleurs invité ses amis à manger... du pâté chinois.

Contrairement à Diane Pacom, elle ne croit pas qu'il faille se fendre en quatre pour accommoder tout le monde avec un menu individualisé, au besoin. Parce que s'il faut plaire à celle-ci qui suit un régime Atkins, à celui-là qui a l'estomac fragile, on ne s'en sort plus.

D'ailleurs, d'où nous vient cette manie de dévoiler nos petites intolérances les plus intimes? À cause de cette «obsession de la santé» de notre société vieillissante, répond Mme Ravary. «Le coeur, l'estomac, le gras. On trippe non seulement sur notre nombril, mais sur ce qu'il y a derrière. On n'a pas beaucoup de pudeur.»

Mais avec tant de restrictions, difficile de partager avec les autres. Lise Ravary se souvient d'une amie qui ne voulait pas que ses enfants mangent de bonbons. Un Noël, elle leur a apporté- oh! l'impair- des chocolats. «Je me suis brouillée avec mon amie, raconte-t-elle. Ça a fait toute une affaire. Mais jusqu'où ces choses-là ne deviennent-elles pas des barrières?»

 

NOURRIR L'ALLERGIQUE

- Utilisez le moins possible de produits transformés.

- Optez pour un rôti, quelque chose de simple, avec peu d'ingrédients.

- Si vous devez absolument utiliser des produits transformés, lisez attentivement les étiquettes, à la recherche des ingrédients potentiellement dangereux.

- Utilisez une surface de travail très propre. Un couteau souillé ayant touché l'allergène peut suffire pour provoquer une réaction fâcheuse chez votre convive.

- À table, servez toujours la personne allergique en premier. Vous risquez moins de contaminer vos ustensiles.

- Utilisez des ustensiles de couleurs différentes, pour ne pas vous tromper. Une couleur pour la personne allergique, une autre pour les autres.

- Toujours, bien sûr, lavez-vous les mains.

Source : AQAA

ACCUEILLIR L'ASTHMATIQUE

Au Québec, on compte 700 000 asthmatiques, parmi lesquels près de la moitié sont des enfants. Cela correspond à près d'une personne sur 10 (8,7% de la population totale). Si vous recevez, notamment des enfants, vous avez donc de bonnes chances de tomber sur une personne souffrant d'asthme. Voici quelques trucs à garder en mémoire.À éviter :

- les bougies

- les bouquets de fleurs

- l'encens

- la fumée secondaire

À méditer :

Si vos convives partent comme des voleurs, c'est peut-être parce que la poussière leur est tout simplement intolérable. Ne le prenez pas mal !

À suggérer :

Si vous avez des chats ou des chiens, informez à l'avance à vos convives, qui pourront prendre les mesures nécessaires (pompe, antihistaminique ou anti- inflammatoire). Un bon ménage ne fera certainement pas de tort.

Source : Association pulmonaire du Québec, 1 800 295-8111