Depuis quelques années, de nouveaux matériaux permettent de construire des toits qui réfléchissent davantage la lumière - et donc l'énergie - du soleil. Mais pour être certifiés, ils doivent subir trois ans de tests afin d'évaluer la dégradation de leur pouvoir réfléchissant. Des chercheurs de l'Université Concordia viennent de mettre au point un procédé raccourcissant à trois jours la durée d'une telle évaluation. Cela devrait faciliter l'entrée sur le marché de matériaux encore plus performants. Nos explications.

LA RÉFLEXION

• 0 % : Proportion de l'énergie solaire qui est réfléchie par un toit noir traditionnel.

• 40 % : Proportion de l'énergie solaire qui est réfléchie par un toit noir traité avec un composé réfléchissant.

SOURCE : Université Concordia

LA MACHINE

« Nous avons conçu une machine à accélérer le temps pour les toits frais », explique Hashem Akbari, ingénieur civil à Concordia, dont les travaux ont récemment été décrits dans la revue spécialisée Solar Energy Materials and Solar Cells. Le premier jour, le matériau est placé dans une chambre reproduisant les intempéries - chaleur, humidité et ultraviolets. Le deuxième jour, il est aspergé pendant 10 secondes d'un mélange de poussière et de suie, ainsi que de particules de matière organique et de sels. L'échantillon ainsi traité passe ensuite une troisième journée dans une chambre simulant les effets nettoyants de la rosée et de la pluie.

LA NORME

ASTM International, un organisme de la Société américaine pour les tests de matériaux créé il y a plus d'un siècle, vient d'approuver la méthode de M. Akbari. Les normes d'ASTM International prévoyaient auparavant l'exposition d'un nouveau matériau de toit réfléchissant pendant trois ans, pour voir s'il conservait ses caractéristiques. Le coût supplémentaire du test en trois jours de M. Akbari n'est que de 100 $, selon lui. « Pour une entreprise, avoir des revenus rapidement après la mise au point d'un nouveau matériau est très avantageux : nous avons calculé que pour un nouveau produit, trois ans de ventes peuvent représenter de 4,5 à 9 millions US. »

LA VÉRIFICATION

La validité de la méthode en trois jours a été testée sur 25 matériaux, allant des bardeaux d'asphalte aux membranes d'étanchéité, avec des chambres simulant trois géographies différentes : chaude et humide, comme Miami, chaude et sèche, comme en Arizona, et une grande ville du Nord-Est américain, avec la pollution qui lui est associée. « Avant, avec les tests sur trois ans, il fallait installer le matériau à tester à tous ces endroits différents, dit l'ingénieur civil montréalais. Ça coûtait cher. »

LES PROGRÈS

De plus en plus de villes, notamment Montréal et Toronto, encouragent les toits réfléchissants. L'offre a explosé et l'efficacité est meilleure qu'il y a 10 ans, selon M. Akbari. « Avant, l'efficacité passait de 75-80 % à 60-65 % d'énergie réfléchie en trois ans. Maintenant, ça ne diminue que jusqu'à 65-70 %. Il y a même des matériaux qui au départ réfléchissent 90 % de l'énergie solaire. On a aussi introduit des couleurs réfléchissantes, pour les toits qui ne peuvent pas être blancs. Avec les tuiles ocre, par exemple, on a 45 % d'énergie réfléchie, contre seulement 10 % avec des tuiles conventionnelles. » La baisse de la performance réfléchissante est minime après les trois premières années d'exposition aux intempéries.

L'AVENIR

La prochaine étape est d'augmenter encore davantage la performance réfléchissante des toits de couleur, selon M. Akbari. « Quand on a des toits inclinés, on voit la couverture et parfois le style architectural ne se marie pas avec le blanc. Ça peut aussi être éblouissant. » Des travaux ont aussi lieu sur des vitres réfléchissantes. « Parfois, on parvient même à se passer totalement de climatisation », affirme M. Akbari.

Photo fournie par Duro-Last

Photo de toit.