Le Soleil publie cette année encore une série de textes sur l'ébénisterie. Dans la vie de tous les jours, on touche du bois pour appeler la chance. Dans cette rubrique, on le touchera pour en faire des meubles et d'autres objets délicats et ornés. Toucher du bois, c'est entrer dans le sillage de l'ébénisterie. À partir des rudiments. Cela, avec le concours de deux ébénistes et professeurs d'ébénisterie à l'école Artebois, rue de la Concorde, à Québec. L'un, Éric Thériault, est spécialisé en sculpture d'ornementation; l'autre, Pierre Pagé, en finition.

Il est toujours étonnant de réaliser à quel point la toupie portative est un outil qui fascine. Tellement que beaucoup en font l'achat. Mais, surpris par le bruit du moteur, la vitesse à laquelle tourne le couteau et refroidi par quelques mauvaises expériences lors des premiers essais, on range bien sagement la toupie dans sa boîte. Voyons ensemble quelques points permettant de démystifier la bête.

La sécurité

Contrairement à un banc de scie ou à une dégauchisseuse où vous n'avez pas le choix d'alimenter la machine dans un sens précis, vous avez ce choix avec une toupie. Vous devez toujours faire le bon choix, sans quoi ce pourrait être fatal à votre pièce ou, pire, à vos doigts. Comme avec toutes les machines façonnant le bois, vous devez travailler «contre» le sens de rotation. Par déduction, vous saurez déterminer le sens de rotation de votre couteau en regardant le tranchant. Ce sens ne change pas, peu importe les couteaux ou la toupie utilisés. Dans le cas où vous n'utilisez pas la toupie dans la bonne direction, vous vous sentirez «entraîné» par elle. Il faut alors modifier le sens d'utilisation. Le son de la toupie - et celui de toutes les machines - nous en dit long sur ce qui se passe.

Ça brûle!

Vous toupillez et la surface est pleine de traces de brûlage. Plusieurs causes sont possibles :

- la qualité du couteau (25 couteaux pour 50 $ ou un couteau pour 50 $??);

- l'affûtage de votre couteau;

- la fréquence de rotation trop élevée (diminuez la fréquence);

- la vitesse d'alimentation trop lente (allez un peu plus vite).

Ça éclate!

Vous toupillez et des éclisses se détachent de la surface. Encore là, plusieurs facteurs sont en cause, dont certains ne se contrôlent pas toujours :

- Votre pièce vibre légèrement lors du toupillage. Maintenez un appui ferme aux alentours de la zone de toupillage.

- Vous allez trop vite. Diminuez votre vitesse d'avancée, sans toutefois ralentir au point de brûler les surfaces.

- Vous enlevez trop de matière à la fois.

- La surface à toupiller est à contre-fil, c'est-à-dire que la fibre de bois est orientée de telle sorte que votre couteau relève la fibre au lieu de la coucher. Appliquez les deux premières solutions et, la prochaine fois, dans la mesure du possible, choisissez mieux la surface qui sera toupillée.

Les types de toupie

Plusieurs toupies s'offrent à vous sur le marché : certaines sont plongeantes, d'autres non. Une toupie plongeante permet de modifier en tout temps la sortie du couteau, le moteur étant fixé sur des pistons coulissants. Certaines marques offrent maintenant deux types de bases - plongeante ou fixe - avec un moteur. Plusieurs puissances de moteur sont proposées, allant de 1 3/4 à 3 forces.

Table à toupie

Il est possible de fixer la base de votre toupie sous une table. De cette façon, on manipule la pièce de bois et non la toupie. Dans la grande majorité des cas, c'est la façon la plus pratique d'exécuter un toupillage; cependant la base plongeante n'est pas l'idéal pour ce type d'utilisation.

Il y aurait encore des pages et des pages à écrire, ne serait-ce que pour développer les points abordés plus haut. Si vous souhaitez en savoir davantage sur cet outil, l'école d'ébénisterie Artebois offre un séminaire de trois heures sur le sujet.

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