Si les orteils se cognent ou trouvent le vide, si monter un escalier se fait à pas de souris, ou de géants, c'est peut-être que les marches n'ont pas une dimension adéquate. Du moins, régulière. Et si l'équilibre est difficile à trouver, c'est qu'il est peut-être même hors normes.

Si les orteils se cognent ou trouvent le vide, si monter un escalier se fait à pas de souris, ou de géants, c'est peut-être que les marches n'ont pas une dimension adéquate. Du moins, régulière. Et si l'équilibre est difficile à trouver, c'est qu'il est peut-être même hors normes.

D'abord, il faut savoir que la construction d'un escalier droit est accessible à tous les bricoleurs, pour autant que celui-ci ait un minimum de minutie. Les modèles avec angles ou à palier requièrent davantage de savoir-faire, comme ceux où on a posé un palier central, à mi-chemin entre deux étages. Bref, l'escalier ne se construit pas à l'aveuglette : les dimensions sont importantes et même réglementées selon le Code de sécurité rédigé par la Régie du bâtiment. La plupart des contremaîtres s'y fient, c'est plutôt lorsqu'on se fait bricoleur qu'il faut connaître ces normes qui sont assez détaillées. Si votre escalier n'est pas conforme, «la Ville peut émettre un avis d'infraction de 100 $ pour un individu et de 300 $ pour une personne morale pour des bâtiments sous la juridiction municipale», spécifie François Moisan, responsable des communications à la Ville. La compagnie d'assurances peut également exiger des ajustements pour rendre le tout adéquat puisqu'en cas d'incident, le propriétaire de la résidence ou du bâtiment sera responsable.

Conforme au pouce près

L'escalier est constitué de contremarches, de limons, soit le côté de la cage d'escalier, et de marches, dont la profondeur est appelée giron. La contremarche dans les normes doit avoir entre 5 po et 7 7/8 po de hauteur. Le giron varie quant à lui entre 8 1/4 po et 14 po. Entre les deux, ça peut varier. La largeur de l'ensemble doit être d'un minimum de 34 pouces.

Pour éviter que les plus haut perchés ne se cognent le coco, une hauteur de 6,6 pieds est fortement recommandée entre les marches et le plafond, distance appelée échappée.

Pas de mains libres

La main courante (rampe) est obligatoire, que l'escalier soit complètement encastré ou qu'il soit accoté à un seul pan de mur. D'ailleurs, le Code exige que cette rampe ne change de côté, malgré un coin ou un palier. «Quelqu'un qui a des problèmes de vision ne doit pas chercher la suite de la main courante si on l'a changée de côté», précise André Gagné, directeur du service technique à l'Association provinciale des constructeurs d'habitation du Québec (APCHQ).

Un côté libre veut automatiquement dire la pose d'un garde-corps, soit une rampe avec barreaux, ayant une hauteur minimale de 36 po. On doit toujours pouvoir poser sa main sur un côté de l'escalier, surtout s'il n'est pas emmuré. Même les barreaux ont un espace requis, un maximum de 4 po, afin d'éviter que ne passent par le trou des objets ou les jambes des tout-petits.

«Les garde-corps doivent empêcher les enfants de grimper. Les barreaux ne devraient pas contenir trop d'éléments horizontaux», poursuit M. Gagné. Ces parties fréquentes dans les constructions en fer forgé peuvent aider bébé à s'agripper un peu partout.

Le Code prescrit aussi un maximum de trois marches dans un coin à 90 degrés, «pour éviter que les surfaces aient moins de 30 degrés. C'est dangereux dans les coins si l'angle est trop aigu», spécifie le directeur technique. Le colimaçon, comprenant beaucoup de ces pointes, ne respectera pas la règle du 30 degrés, mais les marches devront être plus larges afin de pouvoir déposer le pied.

À l'extérieur, les règles sont semblables. Mais, selon toute logique, un balcon au deuxième étage aura un garde-corps plus élevé, soit d'un minimum de 42 pouces. Puis la main courante est indispensable s'il n'y a pas de garde-corps.

Finition

Pour le recouvrement, les experts suggèrent d'y aller avec le décor. Toutefois, comme l'escalier est un endroit passant, l'usage du tapis y est plus recommandé qu'ailleurs dans la résidence. Il est antidérapant et insonorisant. Mais c'est lors de l'entretien que le propriétaire rit moins. Un aspirateur dans les angles n'est pas de tout repos. Le béton, qui gagne en popularité, est le recouvrement devant être pris au départ. On ne peut le poser sur un escalier que l'on rénove et constitué de bois, son poids risque de faire céder l'ensemble ou, du moins, l'affaiblir. L'usage du verre trempé, très design, est conforme, mais moins recommandé pour la finition d'un garde-corps. «Dans le fond, un escalier peut être seulement utilitaire, renchérit M. Gagné. Mais, à part les normes, ça peut aussi être une oeuvre d'art.»

 Droits acquis

 Malgré une série de normes gérées par la Régie du bâtiment du Québec, certaines résidences ne passeront pas sous la loupe dans les marches, notamment celles qui ont été construites bien avant la rédaction des règles.

 «On se fie au Code de 1990», précise Martin Couture, conseiller chez Escaliers 2000. «On essaie de le suivre à la lettre. Mais dans certaines maisons comme dans le Vieux-Québec, les gens ont des droits acquis.»

 C'est ce que rappelle l'APCHQ. Des résidences ayant des escaliers construits avant l'instauration du Code courant sont exemptes de certaines règles. Mais attention, pas question de tenter de contourner la norme avec un modèle récent. «Si on rénove une maison qui date de 1837, c'est certain qu'on ne peut pas refaire le plancher au complet. À ce compte, on répare les marches une à une.» C'est, encore une fois, une question d'assurance : s'il cogne à la porte et remarque qu'il n'y a pas de main courante, l'assureur peut exiger son installation dans les 30 jours.

 

Photothèque Le Soleil

La main courante (rampe) est obligatoire, que l'escalier soit complètement encastré ou qu'il soit accoté à un seul pan de mur.