L'entretien des fenêtres tout en bois n'est plus, comme autrefois, un esclavage. Les teintures protectrices sont nombreuses, plus efficaces que jamais et ne nécessitent qu'une application aux trois ou cinq ans. Pour le lavage des vitres, les battants et volets s'inclinent, pivotent ou s'enlèvent.

L'entretien des fenêtres tout en bois n'est plus, comme autrefois, un esclavage. Les teintures protectrices sont nombreuses, plus efficaces que jamais et ne nécessitent qu'une application aux trois ou cinq ans. Pour le lavage des vitres, les battants et volets s'inclinent, pivotent ou s'enlèvent.

Selon des spécialistes consultés par le Soleil, pour prendre soin de ses fenêtres nouvelles, une journée ou deux par année suffisent. À moins que ce ne soient quelques heures par-ci, par-là.

Le conseiller technique de l'APCHQ de Québec, Guy Simard, fait cependant cette mise en garde : si on ne s'en occupe jamais, on s'obligera, plus tard, à un travail de bénédictin pour les sauver.

«Et pour faciliter la corvée de teinture ou de peinture (latex), les coupe-froid ou bandes caoutchoutées, presque inusables d'ailleurs, sont à présent détachables», précise Jacky Lessard, porte-parole du fabricant de fenêtres et portes Menuiserie Delisle.

D'un autre côté, de nos jours, les fenêtres sont à double vitrage avec intercalaire, et scellées. Donc, aucun châssis double à poser, enlever et entreposer au fil des saisons.

Cependant, elles peuvent être à crémone et à simple vitrage, avec chambre d'air de quelques pouces, outre une fenêtre double fixe à guichets ouvrants pour les mois d'été. Menuiserie Delisle en fait de pareilles.

Par ailleurs, sur des fenêtres flambant neuves, des ombres produites par l'éruption superficielle de gomme peuvent paraître. Dans ce cas, propose M. Lessard, il faut simplement poncer localement, reteindre ou repeindre.

Des fenêtres en bois, régulièrement entretenues, ont une espérance de vie utile illimitée. En témoignent celles d'origine de maisons patrimoniales et anciennes de chez nous.

Cher

Les fenêtres en bois coûtent cher, admet M. Lessard. Mais si la demande croît, les prix pourraient baisser et l'industrie forestière québécoise mieux se porter.

Mais pour qu'une fenêtre fasse bien le travail, dit le pdg de Version III Design de Québec, Dennis Plante, il faut idéalement que le bois soit coupé après le retrait de la sève, soit bien séché et de qualité première.

Enfin, si le PVC nous tient à coeur, conclut Guy Simard, il ne faut pas lésiner sur la qualité de peur que le châssis ne gondole et que ne se produisent plus que normalement des ruptures de joints de «Mono».

Le compromis: la fenêtre placage de bois, PVC et aluminium

 Différentes possibilités s'offrent aux consommateurs dans la course aux fenêtres. Le PVC bardé dehors d'une lame d'aluminium peint «cuivre» - qui fait croire à du bois - et dedans d'un placage de bois véritable, l'emporte sur le bois massif qui, malgré tout, ne cesse de marquer des points. Quant au PVC nu, il a fait son temps.

 «Les gens aiment le bois, c'est évident. Mais ils le craignent en raison de son prix et appréhendent son entretien», explique Réjean Guay, directeur des ventes au magasin de détail, boul. Pierre-Bertrand, du fabricant de portes et fenêtres Caron & Guay.

 C'est pourquoi, continue M. Guay, cette composition «placage PVC et aluminium» est, pour les particuliers, un compromis.

 Chose certaine, ils sont las du blanc sans âme du PVC. Ce que pense également le conseiller technique de l'Association provinciale des constructeurs d'habitations (APCHQ) de Québec, Guy Simard.

 «En matière de construction neuve aussi, le PVC vainc le bois. Parce qu'il s'agit d'un choix économique et qu'il est sans entretien», admet-il.

 Encore que le premier, par temps très froid, se contracte jusqu'à 15 fois plus que le second. «Le bois travaille donc très peu», précise le conseiller.

 Appliquez, comme isolant, du polyuréthanne giclé, qui est non extensible et non compressible, derrière le jambage (montant) d'une fenêtre en PVC. Par - 25 ºC ou - 30 ºC, prévient M. Simard, le matériau se comprimera, se détachera légèrement du polyuréthanne et créera un passage d'air, appelé pont thermique.

 Côté chalets

 Néanmoins, cette fenêtre, pareillement déclinée, est «gagnante», trouve l'Atelier Avant-Garde de Sainte-Foy.

 «D'autant que des fenêtres tout bois (deux fois plus coûteuses au minimum que le PVC) auraient pour effet de détourner une partie des ressources financières d'un projet de rénovation de détails de construction, de confort ou d'aménagement jugés nécessaires», y dit-on. C'est également l'avis du designer d'intérieur et président de Version III Design de Québec, Dennis Plante.

 Cependant, de nombreux propriétaires craquent pour le bois massif. «Si leur budget le leur permettait, plusieurs y succomberaient», pense l'architecte et copropriétaire de l'Atelier, Jean-Marc Harvey.

 Mais c'est du côté des chalets de choix et des maisons de campagne, d'après M. Guay, que les fenêtres de ce genre ont le plus de succès.

Représentant aux ventes chez Menuiserie Delisle, fabricant de fenêtres et de portes de Limoilou, Jacky Lessard soutient, pour sa part, que la demande de belles fenêtres en bois n'a jamais été aussi importante et que, depuis quelque temps, l'entreprise a du mal à fournir.

 «Le carnet de commandes est chargé. Pour celles qui sont faites actuellement, le produit ne pourra être livré qu'en mai», dit-il.

 Propriétaire de Rustic portes et fenêtres de Lévis, Pierre Gaudreault sait, quant à lui, que le marché, pour des fenêtres de bois, est petit, mais il est sûr qu'il est en croissance.

 Et à la question du Soleil «Quel est le profil de l'acheteur de fenêtres de bois?», M. Lessard répond qu'il a un certain âge, est poli, simple dans sa tenue et ses manières, à l'aise financièrement, souvent propriétaire d'une maison de campagne, prêt à se donner un peu de peine pour l'entretien des châssis et désireux d'habiter longtemps la maison qu'il a décidé de transformer. En revanche, poursuit-il, il est intolérant aux portes en acier et au bois jointé.

 Mais il arrive que l'acheteur soit jeune. Il a fait l'acquisition d'une maison du temps jadis. «Il trouve le bois terriblement beau.» Au rythme de ses moyens, il remplace ses fenêtres aussi bien qu'il rénove sa maison. Progressivement. «Avec les siens, il veut l'habiter tout le temps. Il ne voit pas les choses autrement», relate le représentant.

 Un meuble

 Dennis Plante n'en revient pas, de son côté, des fenêtres en bois d'esprit ancien à croisillons et à crémone.

 «Leur conformation, leurs moulures et leur surplomb en pilastre font penser à un meuble. Vu à travers elles, un paysage, quel qu'il soit, est deux fois plus beau», plaide-t-il. Tout comme il n'en finit pas d'exalter les solariums (sorte de verrières à toit rigide) garnis de bois et de pierre.

 Changer, d'un coup sec, toutes les fenêtres en PVC des maisons pour des fenêtres de bois serait une aberration. Nous n'en sommes pas là. Le PVC avec placage de bois a sa place. «On peut s'en offrir en commençant, par exemple, par les pièces de vie», propose-t-il.

 Pour celles en bois massif, elles seront couvertes, à l'extérieur, d'aluminium extrudé 1/8 po «cuivré» ou vert tendre pour prévenir leur dessèchement hâtif l'été et pour se soulager du fardeau de l'entretien. Les portes le seront aussi. À plus forte raison, cependant. Car elles peuvent gauchir en raison de l'opposition des températures intérieure et extérieure.

 PETIT LEXIQUE

 Crémone : tige de fer qu'on hausse pour verrouiller et qu'on baisse pour déverrouiller les battants d'une fenêtre en faisant tourner une poignée. Cette ferrure est appelée espagnolette.

 Croisillons : boiseries qui se croisent pour former des petits carreaux de vitre. De nos jours, dans des fenêtres, de faux croisillons sont collés dans l'entre-vitrage. Parfois, à l'extérieur, on superpose, avec précision, une véritable moulure. Dans ce cas, on jurerait de vrais carreaux, dit-on chez Menuiserie Delisle.

 

Photo Jean-Marie Villeneuve, Le Soleil

Fenêtre en bois à ferrures anciennes.