Que faire avec ma vieille maison passoire? Comme les autres duplex et triplex - près de 30% du parc immobilier de Montréal -, elle est devenue admissible, ce printemps, aux subventions Rénoclimat de l'Agence de l'efficacité énergétique.

J'avais craqué, il y a 20 ans, pour sa tendre brique d'argile séchée au soleil, dans laquelle on trouve, ici et là, l'empreinte d'une patte de chat. Briques et boiseries: des matériaux écologiques mais... aaaat... pas nécessairement... snif! une maison saine! Or, améliorer l'étanchéité rehausse la qualité de l'air en même temps que l'efficacité énergétique. Précisons que le facteur qualité de l'air motive, ici, plus que l'économie d'énergie, puisque la facture de chauffage n'est pas très élevée dans le haut de ce duplex en rangée.

«Les voisins, en bas et sur les côtés, ne font pas que vous chauffer, ils vous polluent!» fait remarquer non sans humour Pascal Cabana, conseiller énergétique chez Legault-Dubois. Les fuites d'air obéissent entre autres à l'effet de cheminée: elles s'engouffrent dans le logement, en provenance de l'épaisseur des murs, depuis la cave jusqu'au toit, et charrient une fine poussière de laine minérale, plâtre, moisissures et autres débris organiques. En restaurant, autant que faire se peut, la continuité du système pare-air du logement, les poussières allergènes entreront moins. On veillera ensuite à faire entrer de l'air frais. Première étape donc, préalable aux subventions Rénoclimat: le test d'infiltrométrie, effectué ici par la firme Legault-Dubois.

La gifle

Le résultat atteint des sommets himalayens: 15,79 CAH!!! (voir l'encadré). Très pauvre, l'étanchéité. La pire brèche dans le système pare-air: dans le garde-robe, l'accès aux tuyaux du bain. La soufflerie actionnée, j'observe avec consternation mes jolies robes voleter au vent malsain. On est loin des champs de lavande...

Dans un magasin à grande surface, avec un vendeur obligeant, nous comparons les mérites de deux types de trappes d'accès pour colmater ce trou: la trappe de métal (12 po. par 12 po., 28,99$), qui se visse dans le bois, ou celle de plastique (15 po. par 15 po., 18,76$), qui se «clippe» sur le gypse. L'une ou l'autre seront parfaitement étanches, si on ajoute, à la première, un mince coupe-froid compressible; et aux deux, du calfeutrant.

Steven, un travailleur venu à mon secours, injecte de la mousse isolante (à expansion maximale) autour de la boîte du ventilateur de la salle de bain. La hotte de cuisine sera visitée de façon similaire.

À la rencontre des murs et des planchers, il faut enlever la haute moulure patrimoniale, appliquer de l'isolant acoustique (qui ne sèche pas) et remettre la moulure. La poutre apparente du plafond sera calfeutrée là où elle rejoint le gypse, de même que le périmètre des fenêtres, les trous pour passer le câble, les fils électriques, les tuyaux, etc. Un petit carré de mousse taillé exprès sera inséré sous les plaques électriques, de même que des bouchons à prise de courant.

Réticences...

Une fois l'étanchéité améliorée, le rapport de Legault-Dubois suggère d'installer une thermopompe à air homologuée Energy Star (subventionnée) pour diminuer les frais de chauffage et de climatisation. Sauf que... j'hésite à ajouter des turbulences à l'air, même moins poussiéreux; ça coupe l'inspiration pour la gymnastique et les vocalises... La décision à ce sujet se prendra après le second test d'infiltrométrie (voir l'encadré).

Quant à ajouter de l'isolant à ce toit plat, un autre geste soutenu par Rénoclimat, il se peut que cela empêche la neige de fondre en hiver. «Il faut que le toit soit assez solide pour supporter la neige», avertit Emmanuel Cosgrove (Écohabitation) dans ses cours de rénovation écologique. «Le toit doit être examiné par un ingénieur», ajoute Pascal Cabana. Cet examen permettra aussi de connaître le facteur d'isolation, et s'il y a lieu de l'augmenter. De plus, il est possible qu'on découvre l'indésirable l'amiante amphibolique... Ceci est un autre chapitre de l'histoire, à suivre dans La Presse, dans un an peut-être, après les travaux.