Vous avez constaté, à l'angle de la dalle de béton et d'un mur de fondation de votre sous-sol, un long trait d'humidité, à moins que ce ne soit un liséré de poudre blanche, résultant du farinage du béton. Vous avez d'abord été perplexe; maintenant, c'est l'angoisse qui vous anéantit. Car vous redoutez le dysfonctionnement de votre drain de fondation, ce monstre invisible. Consultez, c'est mieux.

Car vous avez beau vous éloigner en sifflotant pour vous persuader qu'il n'y a pas de dommage, ça ne changera rien. «Joignez un spécialiste consciencieux en drainage de fondation», recommande Richard Gignac, conseiller et inspecteur en bâtiment de Sillery. Tandis qu'il se peut, selon deux chefs d'entreprise de drainage interrogés par Le Soleil, que le dommage soit beaucoup moins grave que vous ne le croyez.

 

La plage d'humidité aussi bien que le farinage sont, en effet, symptomatiques. Aussi bien, le cas échéant, que les odeurs de «cani» et la présence de moisissures.

À moins que votre résidence ne soit déjà pourvue de buses ou de «cheminées» pour l'entretien ultérieur du drain, les techniciens feront une tranchée à un angle de la maison, sectionneront le conduit et introduiront une caméra de part et d'autre pour en faire le tour complet. S'il n'est pas sérieusement obstrué, naturellement.

«S'ils constatent une fissure préoccupante contre un mur de fondation, il est très vraisemblable que ce soit là qu'ils creusent, profitant de l'occasion pour la réparer», dit Richard Gignac. Ancien entrepreneur en construction de maisons de prestige, il est au service de la société Achat Inspection Conseil.

Du coup, ils considéreront la qualité et la distribution des agents filtrants qui environnent le drain tels le sable et le concassé. Car, les deux de concert ont pour objet d'empêcher les eaux pluviales ou de fonte, par-dessus, et celles de la nappe phréatique, par-dessous, d'errer près des fondations pour s'y introduire.

En fait, les eaux de surface sont envoyées par le fond alors que le drain, installé latéralement à la semelle de la fondation, s'occupe du trop-plein et s'empare des eaux souterraines montantes avant qu'elles n'inondent la semelle.

Mais le drain peut avoir atteint un âge canonique, avoir été percé et assiégé par de la terre et des racines, bouché lentement par les particules presque microscopiques transportées par les eaux. À moins qu'il n'ait été colonisé, comme cela est commun maintenant dans les vastes et plats lotissements résidentiels récents, par la bactérie mangeuse de fer. C'est elle qui produit l'ocre ferreuse qui est une sorte de pâte de fientes.

«Les maisons de 15 ans et plus sont susceptibles d'avoir des problèmes de drain. Et un simple examen par caméra, souvent à prix modique, est déjà rassurant», dit Marco Cantin, pdg de SOS Drainage de Québec.

Théoriquement, il faut creuser. À moins qu'on engage simplement la caméra dans le regard afférent, dans la maison même, au sous-sol. «Pour peu que votre maison ait moins de 20 ans», précise-t-il.

Obstructions

«Tout le monde n'a pas 20 000 $ pour faire reprendre, au complet et selon les règles de l'art, le système de drainage», trouve Michel Lamontagne, président de Drainage de la capitale de Charny. En matière de drains obstrués, il a vu neiger. De contrôle de l'ocre ferreuse, aussi.

Si votre maison a «les pieds dans l'eau» ou si ses fondations ne sont pas désaccouplées de la nappe phréatique, vous êtes, en principe, dans la misère. Car l'ocre ferreuse pourrait faire les quatre cents coups.

«On ne lève pas la maison pour la désaccoupler de la nappe, pas plus qu'on ne bouleverse tout l'aménagement paysager pour reprendre tout le système de drainage», continue-t-il.

Pour 1000 $ normalement, on creuse, on coupe, on lave sous pression, on javellise pour réduire le pH et contenir le développement de la bactérie, on envoie la caméra s'il y a des résistances, on met des cheminées en place. «Voilà le drain reparti à zéro. Chaque année, contre 250 $, on lui refait son ménage. La grosse paix», résume M. Lamontagne.

Si la caméra, dans sa course, détecte une fuite ou un problème majeur, c'est à cet endroit même qu'on pourrait creuser pour une réparation locale.

Encore qu'on puisse avoir un problème d'eau errante et d'infiltration dans le sous-sol sans que le drain ne soit bloqué. «De 2000 à 2007, on posait des drains gainés d'une membrane géotextile. Dans ce cas, c'est elle, sans doute, qui est bardée aux as de limon. Dans ce cas, il faut tout reprendre. S'il y a des fils de câble télé, de téléphone et d'électricité non groupés, là, attachez vos tuques. Il faudra travailler beaucoup à petite pelle», appréhende M. Lamontagne tout en s'interdisant, ici, de tenir un discours alarmiste.

Renseignements : Drainage de la capitale : 418 832-7764, drainagedelacapitale.com; SOS Drainage : 418 929-2618

 

Le drain et son environnement

Types de tuyaux

Grès et béton

Le principe de drainage des fondations est français, d'où l'appellation «drain français». Du coup, tel qu'en Europe, les premiers conduits étaient en grès. Ils ont du reste été très en vogue chez nous, depuis les années 1940 jusqu'au début des années 1960. Comme ils n'étaient pas perforés, l'eau s'introduisait par les pores du matériau. Avec le temps, leurs longueurs se disjoignaient pour laisser place, entre elles, à des vides de un quart à trois quarts de pouce par lesquels terre, limon et racines finissaient souvent par entrer. Puis le grès se faisant rare, le béton a pris la place, mais durant quelques années seulement. Parce que trop vulnérable dans de pareilles conditions.

Le «BIG-O»

Il prend la relève. Il est d'abord en plastique flexible et percé de trous. En raison de la «mémoire» inhérente au matériau, le plastique reprend ses droits : les trous se comblent. Désormais, on formera les trous au couteau ou à la scie afin que les ouvertures soient nettes et non «autoréparatrices». Le «BIG-O» est à présent le conduit de drainage le plus commun au Québec.

Le Lamontagne

Il est une création de Drainage de la capitale de Charny. Il n'est pas en vente sur le marché de détail. Il est lisse, très robuste et se moque, par conséquent, du poids des matériaux de remblayage. Cependant que ses trous de trois quarts de pouce sont francs et pratiqués à 8h, 6h et 4h afin que le drain s'empare des eaux souterraines, comme c'est du reste sa destination, et ne capte pas l'oxygène, dont raffole la bactérie mangeuse de fer, provenant d'en haut.