Le premier geste du propriétaire soucieux de développement durable demeure encore et toujours la réduction de la consommation d'énergie, un geste «payant pour le propriétaire, pour la société et pour l'environnement», nous rappelle l'ingénieur François Boulanger, en conférence hier matin au Salon de l'immobilier et de la copropriété, tenu jusqu'à demain au Palais des congrès de Montréal.

Engagé chez Équiterre dans les domaines de l'énergie, du transport et du bâtiment, M. Boulanger estime qu'un important travail de sensibilisation doit être fait auprès des entrepreneurs en construction. Trouver des matériaux sains et écologiques n'est déjà pas facile pour le commun des mortels, convient-il, «même si c'est en train de changer».

 

«Mais les entrepreneurs, qui ont plus de ressources, opposent une résistance au changement, poursuit-il. Ça leur demande du temps et des efforts pour trouver des distributeurs de matériaux écologiques et établir des liens avec eux. Ça leur complique la vie.»

En bâtiment durable, on utilise beaucoup la «conception intégrée», dans le cadre de laquelle les principaux partenaires de construction - client, architecte, entrepreneur, représentants de différents métiers - se réunissent dès le début du projet. Mais comment soigner les maisons qui ont de l'âge, plutôt la norme dans le parc immobilier de Montréal? À lui seul, le marché de la rénovation des immeubles déjà existants atteindra 100 millions de dollars par année au Québec, d'ici trois à cinq ans, selon les chiffres présentés au Salon.

«Les propriétaires doivent savoir qu'ils ne sont pas seuls», souligne M. Boulanger. Avec le programme Rénoclimat, par exemple, ils peuvent recevoir une évaluation et des conseils personnalisés. Une seconde évaluation, une fois la performance énergétique améliorée, leur donne accès à des subventions.

«On croit souvent à tort que changer les fenêtres et les portes améliorera notablement le bilan énergétique, dit M. Boulanger. Ce n'est pas exact. Le gain le plus important se fait par le colmatage des fuites entre le cadre et le mur.»

Infiltrométrie maison

On peut faire un test d'infiltrométrie maison, reprend l'ingénieur, en actionnant un appareil qui tire l'air - hotte de cuisine, sécheuse - et en observant la fumée d'un bâton d'encens. On bouche les fuites repérées avec des boudins de mousse, du calfeutrant (au fusil) ou de la laine. D'autres lieux de perte importante d'énergie: le toit et le sous-sol. «Et si on a à refaire un mur de briques, on en profite pour améliorer l'isolation.»

Les systèmes de chauffage sont un autre élément stratégique. Les fournaises à l'huile de qualité ont maintenant une efficacité de 85% et les appareils au gaz de 95%, comparées à 60 ou 70% il y a 15 ans. Ici encore, des subventions aident à faire l'acquisition d'appareils plus performants. Quant à l'électricité, elle demeure un moyen de chauffage efficace, qui peut être optimisé avec des thermostats électroniques, programmables de préférence.