C'est sur un balai, dit-on, que toute sorcière sort de la cheminée pour aller mêler son tapage au vacarme d'autres sorcières. Cependant, c'est sur le couronnement (qu'on appelle communément «tête») de la cheminée qu'elle pose les pieds pour mieux prendre son envol aussi bien que pour atterrir, au retour. C'est, entre autres, pourquoi il doit être en bon état.

Rompant avec cette allégorie, le conseiller et inspecteur en bâtiment Guy Lévesque, de Saint-Augustin-de-Desmaures, précise que le couronnement est un moulage robuste de béton destiné à protéger la cheminée elle-même. C'est une défense, simplifie-t-il, contre «ce qui part du ciel».

 

En fait, le couronnement couvre le sommet afin que la pluie, par exemple, ne vienne désagréger la partie intérieure et non vernissée de la brique ou s'introduire dans ses pores, y demeurer, se laisser surprendre par le gel, se dilater et la faire éclater.

De plus, continue le spécialiste au service de la société Capitale Inspection, l'ouvrage, dont le plateau est légèrement incliné vers l'extérieur, forme une saillie ou un nez au-dessus des murs de la cheminée. Les eaux que le couronnement reçoit sont alors dirigées à distance de ceux-ci pour les ménager et s'abîment sur la toiture.

En revanche, le bord de l'ouverture, au centre du couronnement, correspondant à la partie béante de la cheminée, recouvre le contour du boisseau, qui est le tuyau d'échappement en argile, voire en béton, des gaz de combustion. Ce qui, de la sorte, empêche les eaux de s'introduire entre celui-ci et le périmètre de la cheminée.

Intervalles

Un couronnement fissuré, cassé, démembré, qui farine ou qui est mal assujetti, conduit à la dégradation de la cheminée, laquelle est éprouvée déjà par l'opposition de la chaleur des gaz à la «froideur» de la cheminée. Ce qui, d'après M. Lévesque, entraîne une dilatation et une contraction subtiles des matériaux. Ce, par intervalles.

«Qu'on chauffe au gaz naturel, au mazout ou au bois, que la cheminée soit en brique d'argile, en pierre ou en brique de béton ne fait aucune différence», insiste le conseiller et inspecteur, membre agréé depuis 2003 de l'Association des inspecteurs en bâtiment du Québec (AIBQ).

Aux normes

Une cheminée est un ouvrage coûteux, rappelle-t-il. De plus, elle doit être fonctionnelle et «aux normes» de peur qu'elle ne présente des risques d'incendie, voire d'intoxication dans la maison.

Une section de boisseau abîmée peut laisser passer de l'humidité et de la fumée dans la chambre formée par le conduit et l'enceinte de maçonnerie. De la condensation s'y formera, puis la créosote. Il y a alors risque non visible d'incendie.

Inspection assidue

Il est opportun de profiter des inspections d'automne et de printemps qu'on fait sur sa maison pour voir l'état de la cheminée. L'examen du couronnement, d'abord. Puis des parois extérieures. Finalement, de l'âme ou du conduit en l'éclairant au moyen d'une lampe de poche.

«Si la pente raide de votre toiture vous empêche de monter la voir de près, employez, du sol, une lunette d'approche ou l'objectif grossissant de votre caméra numérique», propose M. Lévesque. Ce n'est pas l'idéal, d'accord. Mais vous pourrez appréhender ce qui ne va pas.

Des bris, d'une manière ou d'une autre, vous préoccupent : joignez un maçon consciencieux.

«Il peut sur place refaire le couronnement et les joints de mortier, remplacer des boisseaux et des briques», détaille M. Lévesque.

Chemisage

Si le conduit de fumée est dans un état lamentable, il peut, en principe, doubler la paroi d'une chemise d'acier inoxydable.

Le coût d'un pareil travail est d'ordinaire de 1000 $ à 1500 $. Il peut être plus élevé si le conduit est double ou triple et qu'il faille un échafaudage pour accéder à la cheminée.

S'il faut la reconstruire au complet, du sol jusqu'au faîte, cela peut entraîner un déboursé de 10 000 $. Peut-être davantage. Pour la partie émergente sur le toit, compter 3000 $ et plus.

Problèmes mineurs? Vous pouvez éventuellement vous tirer vous-même d'affaire. À la condition de vous y entendre et de vous attacher.

Le couronnement est fissuré? «Colmatez-le au moyen d'un scellant silicone pour haute température», recommande Guy Lévesque. Pratiquez un V dans la fissure, à l'aide d'un ciseau à froid, qui lui servira de logement.

Des joints de mortier sont à reprendre? Employez toujours un mortier destiné à cet usage ne contenant, par ailleurs, ni colle ni époxy. «Le mortier ne doit pas être trop fort. Il doit avoir une résilience suffisante pour absorber la dilatation de la brique», conclut M. Lévesque.