Comment redonner à une brique ou une pierre le mortier (liant) qu'elle a perdu? demande Le Soleil à Jacques Dugas, gérant des ventes, pour le centre et l'est du Québec, de la société Daubois, de Montréal et Toronto, qui fabrique des mortiers «spécialisés» et des bétons prémélangés.

Employez, pour ce faire, un mortier de rejointoiement prémélangé, à base de chaux hydratée, autant que possible, auquel vous n'ajoutez que de l'eau. Prêchant pour sa paroisse, M. Dugas préconise Restomix. Il est, selon lui, maniable, adhère bien tandis que son indice de transmission de la vapeur et ses propriétés d'«autoréparation» sont élevés.

 

«L'utilisation de gants de caoutchouc, de lunettes de sécurité et d'un masque antipoussière approuvé est fortement recommandée», plaide-t-il.

Maintenant, continue M. Dugas, enlevez, au moyen d'un ciseau à froid ou d'une rectifieuse (buffer), sur une profondeur minimale de 25 mm (près de 1 po), le mortier décollé. Jusqu'à ce que vous atteigniez le mortier massif, sain et encore bien pris. Mais passé 50 mm, renoncez. Dans ce cas, sortez soigneusement la brique ou la pierre de son logement et reprenez le chemisage au complet. Mais avec un mélange dit «de pose». Bétonix Plus de type N ou autre.

Pour rejointoyer, nettoyez et humectez l'intérieur du joint. Appliquez, au moyen d'une langue de chatte - qui est une truelle étroite - , une mince couche de mortier, puis laissez «semi-durcir» un moment. Du moins, jusqu'à ce que vous puissiez y laisser une légère empreinte sous la pression du doigt. Faites de même une deuxième fois, puis une troisième.

Finissez au moyen d'un fer à lisser «concave». Faites glisser l'outil sur le liant avec une pression qui suffise à produire une légère laitance à la surface. Pareil joint est idéal. Il donne lieu à une meilleure étanchéité aussi bien qu'à une meilleure adhérence à l'élément de maçonnerie.

D'un autre côté, ne remplissez jamais le joint d'un seul coup. Car il y a risque de laisser des vides. Ce qui peut écourter, dès le départ, l'espérance de vie utile du mortier.

Mais si les joints de mortier d'un mur sont droits, profonds ou en retrait, un lissage concave sera inesthétique. «Néanmoins, il faut être prévenu que de pareils joints donnent lieu à des petites tablettes sur lesquelles l'eau séjourne», trouve le porte-parole de Daubois.

Aussi pour la pierre

Le mortier à rejointoyer peut généralement servir à refaire les joints de pierre. Il adhère bien, fait barrage à l'eau tout en facilitant le passage de la vapeur du dedans au dehors. Il est cependant moins structurel que le mortier de pose. Cette faiblesse relative est compensée par la force constitutive combinée des éléments de maçonnerie et du mortier bien portant en périphérie.

Mais si un poinçon ou une clé qu'on introduit dans le mortier passe tout droit, il faut déchausser (enlever) la brique ou la pierre, nettoyer tout l'enfoncement et la réinstaller, mais en la chemisant de mortier «de pose», cette fois. Une brique désagrégée sera enlevée et remplacée suivant le même procédé. Cependant, si un nombre important de briques ou de pierres sont sérieusement abîmées ou dégarnies, il faudra requérir les services d'un maçon compétent et consciencieux.

D'autre part, sur un mur dont le mortier manquant forme un escalier sur plusieurs rangs, sinon un X, on peut le rejointoyer. Mais ce ne sera qu'un expédient. Car le liant ne manquera pas de se détacher de la brique, tôt ou tard. Cela peut dépendre du mur qui serait localement désaxé ou de fondations qui bougent.

Consistance

M. Dugas rappelle que le mode d'emploi d'un liant doit être scrupuleusement respecté. «Pour le mortier Restomix de Daubois, par exemple, qui est savamment calibré, ce serait une erreur, sous prétexte d'un rendement plus sûr, d'appliquer un scellant ou une peinture par-dessus», met en garde M. Dugas. On voulant blinder son mortier, on peut l'anémier.

On a fini d'apprêter son mortier prémélangé, dit le chef de service de chez Daubois inc., quand il a une consistance humide «assez épaisse pour produire dans la main une boule conservant sa forme».

Enfin, M. Dugas recommande d'incorporer au mélange, si nécessaire, un colorant destiné à cette fin, de sorte qu'il s'accorde à la couleur du mortier existant.

On se gardera aussi de traînées de mortier ou de bavures contre la face visible de l'élément de maçonnerie. En revanche, il faut suivre scrupuleusement les procédures de délaiement (gâchage), d'application, de mûrissement et de protection détaillées sur l'emballage. Une autre preuve que le rejointoiement est, au fond, une opération délicate.

Pour infos : www.daubois.com ou 418 564-1539

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