Au Québec, on déménage souvent. Entre 2001 et 2006, dans la capitale nationale, 38 % des gens l'ont fait, selon le dernier recensement. Les deux tiers (63 %) dans la ville même. Par ailleurs, selon une étude effectuée dernièrement par Melisa Vasquez, jeune chercheuse diplômée de l'Université Laval, l'acheteur d'une première maison individuelle la déniche dans le quartier qu'il habite déjà, dans d'autres qui lui sont contigus, à moins qu'il ne fasse un «saut de puce» en banlieue. D'ordinaire, il trouve son compte en moins de quatre mois.

Au Québec, on déménage souvent. Entre 2001 et 2006, dans la capitale nationale, 38 % des gens l'ont fait, selon le dernier recensement. Les deux tiers (63 %) dans la ville même. Par ailleurs, selon une étude effectuée dernièrement par Melisa Vasquez, jeune chercheuse diplômée de l'Université Laval, l'acheteur d'une première maison individuelle la déniche dans le quartier qu'il habite déjà, dans d'autres qui lui sont contigus, à moins qu'il ne fasse un «saut de puce» en banlieue. D'ordinaire, il trouve son compte en moins de quatre mois.

 «Bien que nous ayons trouvé un acheteur qui a mis plus d'un an pour acquérir la sienne dans un quartier où il voulait habiter coûte que coûte, et après n'en avoir visité qu'une seule», raconte Mme Vasquez, qui a mené enquête auprès de 47 ménages de Québec.

 La bachelière en architecture et détentrice d'une maîtrise en aménagement du territoire et du développement régional prenait la parole au Musée de la civilisation, la fin de semaine dernière, lors du colloque étudiant Québec et ses territoires. L'activité relevait du Centre de recherche en aménagement et développement (CRAD) de la faculté d'aménagement, d'architecture et des arts visuels de l'Université Laval.

 Autre exemple recensé dans cette étude, une acheteuse voulait une propriété située près du corridor du Métrobus.

 «Elle a joint un agent immobilier, en a visité 10 en quelques heures et a signé sa promesse d'achat le jour même», continue Mme Vasquez.

 Tandis qu'un autre acheteur de plus de 60 ans a choisi de s'établir dans la région. Il était libre car il avait pris sa retraite, il voulait se rapprocher de ses enfants, puis trouver une maison adaptée à ses besoins, à son âge et à son état.

 Problème d'espace

 D'après Mme Vasquez, on change de logement ou on acquiert une propriété pour résoudre un problème d'espace. L'équilibre fonctionnel dans celui qu'on occupe déjà est rompu : les enfants sont partis, d'autres sont nés ou à naître, un divorce est survenu ou la famille est reconstituée (cohabitation). À moins que ce ne soit pour des raisons professionnelles. On vient d'ailleurs, on a trouvé un emploi ici. Ou l'heure de la retraite a sonné.

 Du coup, on remarque que les jeunes couples stables qui ont voulu s'acheter une propriété et déménager en 2003 et en 2004 voulaient avoir des enfants, souligne encore la jeune femme.

 De son côté, dans le cadre d'une recherche sur les déplacements des personnes en lien avec la consommation ou la fréquentation des commerces, Jacky Rioux, membre du Groupe interdisciplinaire de recherche sur les banlieues, soutient que la proximité de commerces a, au fond, peu d'influence dans le choix d'une résidence.

 Il relate l'expérience d'un ménage qui habitait dans le Vieux-Québec.

 «Il éprouvait du bonheur à sortir simplement de son logement pour aller à pied acheter son pain et ses aliments fins. Or, un enfant survint. Rien n'allait plus. Il fallait une école à proximité, un terrain et des loisirs. Il a déménagé à Breakeyville. Les commerces de proximité étaient plus loin. Qu'importe, il s'y rendrait désormais en automobile», raconte-t-il.

 Investir

 Florent Joerin et Melisa Vasquez constatent enfin que les jeunes couples qui font l'acquisition d'une maison individuelle ne sont pas seulement en quête d'espace supplémentaire. «Ils veulent investir, avoir leur pelouse et se tenir loin des voisins.»

 «Mais, tout compte fait, chacun a tendance à vouloir s'installer là où le contexte social et urbain, y compris sa densité de population, ressemble à celui qui a marqué son enfance et sa jeunesse», soupçonne M. Joerin. Comme une sorte de retour aux sources.

Les déménagements jouent un rôle

 Les déménagements, mine de rien, jouent un rôle très important dans la transformation des structures urbaines, pense Melisa Vasquez, de la Chaire de recherche du Canada en aide à la décision territoriale de l'Université Laval (CRAD).

 Les déménagements, d'après elle, donnent lieu tantôt l'abandon, tantôt la revitalisation des quartiers centraux, l'embourgeoisement de quartiers économiquement faibles (embourgeoisement), l'étalement urbain ou le vieillissement des banlieues.

 Outils

 Les gens, par ailleurs, disposent de raccourcis pour leur permettre d'acheter une propriété. Les journaux, Internet et leur réseau de connaissances, entre autres. Ce qui devrait avoir un effet inhibiteur sur le nombre de maisons visitées.

 «Mais on ne sait encore jusqu'à quel point. Il est clair donc que les gens décident, mais nous ignorons, pour ne l'avoir pas étudié, quels supports de recherche, et dans quelle mesure, ils emploient», dit Mme Vasquez.

 En revanche, il est clair qu'agents et courtiers immobiliers jouent un rôle décisif auprès des acheteurs dans le dernier droit d'une transaction immobilière.

 «Nous savons aussi qu'ils aident des acheteurs confus, qui ne savent trop ce qu'ils veulent. Ils leur font préciser leurs besoins, leur montrent, enfin, des maisons et quartiers s'y accordant. Mais jusqu'à quel point servent-ils de régulateurs dans la recherche de propriétés par les particuliers? Pour l'instant, nous n'en avons pas encore une idée précise», dit au Soleil le titulaire de la Chaire, Florent Joerin.

 Par ailleurs, la chaire voudrait, un jour, suggérer un site Internet de maisons qui complète ceux que nous connaissons.

 «Un site qui, entre autres, indiquerait la distance-temps en voiture entre la propriété envisagée et le lieu de travail. Entre la propriété et l'école. Et qui tiendrait compte de l'environnement dans lequel ils se trouvent», détaille-t-il. Jusqu'à présent, ce sont des maisons et terrains que les particuliers, agents et courtiers vendent. Ils ne parlent pas expressément de ce qu'ils ne vendent pas. Comme l'environnement. À moins qu'il ne constitue un argument de vente.

 Quartiers

 Par ailleurs, un quartier peut n'être pas particulièrement attrayant ou compter pour peu dans les critères personnels d'achat. «Mais une fois installé, on le découvre. On l'aime et il devient soudain primordial», continue M. Joerin. Autre aspect, selon lui, qu'il faudrait regarder de près.

 Mais il arrive parfois que le quartier aille comme un gant à l'acheteur, quoique n'ayant pas trouvé la maison qui lui convienne tout à fait. «Il en acquerra une plus petite et entreprendra de gros travaux de rénovation pour l'ajuster à ses besoins», suppose Mme Vasquez.

47 ménages interrogés

 L'enquête menée par Melisa Vasquez sous la direction du professeur Florent Joerin de la faculté d'aménagement et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en aide à la décision territoriale a été faite auprès de 47 ménages qui, durant les années 2003 et 2004, ont acheté une maison de 110 500 $ à 140 000 $. La majorité (45) des acquéreurs étaient instruits, 21 détenant un DEC, 24 un diplôme universitaire.

 «Trente-cinq sont des couples. Seize avec enfants et 19 sans enfant. Les autres ménages sont soit monoparentaux (sept), soit composés d'une personne seule. L'âge moyen est de 36 ans», détaille Mme Vasquez.

 En revanche, 37 gagnent plus de 60 000 $ par année et sept, plus de 100 000 $. Cinq d'entre eux ne vivent qu'avec un seul revenu. Ce qui est bien au-dessus du revenu personnel moyen, dans la région de Québec, qu'on estime à 32 000 $.

 L'universitaire et l'étudiante considèrent toutefois que l'échantillon est représentatif de ce type d'acheteurs.

 

Photo François Roy, La Presse