Les espaces très ouverts dans un quartier résidentiel sont rares. Annie Lebel a fait son nid près du marché Jean-Talon, dans un bâtiment qui abritait autrefois une entreprise de sécurité.

Les espaces très ouverts dans un quartier résidentiel sont rares. Annie Lebel a fait son nid près du marché Jean-Talon, dans un bâtiment qui abritait autrefois une entreprise de sécurité.

  «On a acheté tout le bâtiment commercial. Comme le zonage était résidentiel, nous l’avons transformé en deux condos», nous explique la jeune architecte, associée chez Atelier In Situ, à Montréal.

  Mme Lebel a pris son temps, dessiné le projet et supervisé les travaux. Après 16 mois de chantier, elle nous livre une maison étonnante, aux volumes immenses, très vitrée et ensoleillée, sans deuxième étage et aérée grâce à ses 16 pieds de plafond.

   >> Reportage multimédia: Marie-France Léger et Ivanoh Demers vous invitent à une visite commentée et imagée de ce loft.

Le tour du proprio

 De l’extérieur, l’édifice est moins haut que les petites maisons environnantes. La porte de garage a disparu. La façade avant a été reconstituée avec des panneaux de fibro-ciment qui tranchent avec la brique traditionnelle des alentours. Pour garder une certaine chaleur, on a refait les portes et les fenêtres en bois.

 La porte franchie, on débouche sur une vertigineuse hauteur de 16 pieds et sur une superficie de 2600 pieds carrés. La propriétaire ne voulait pas entendre parler de construire un deuxième étage. Pour conserver ce volume intérieur, elle a opté plutôt pour le concept d’espace ouvert avec trois mezzanines, dont la plus grande fait 250 pieds carrés.

 Les propriétaires Annie Lebel et Paul Nightingale ont oublié complètement les mots pièces et subdivisions. Salon, cuisine, salle à manger, bureau, toutes les aires de vie glissent de l’une à l’autre, délimitées uniquement par des meubles de grandes dimensions, au style contemporain. «Les espaces de vie sont flexibles et communiquant», signale Annie Lebel.

 Au plafond, la structure d’origine du toit a été dégagée. Nous obtenons ainsi de belles poutres apparentes. En plus de l’effet de hauteur, cela humanise un peu les immenses murs blancs, entièrement refaits avec de nouvelles cloisons de gypse. «Toute la structure apparente blanche est pré-existante. Les mezzanines viennent s’accrocher sur ces colonnes de bois», nous dit l’architecte.

 En poursuivant notre visite dans les hauteurs, on éprouve une sensation de flottement. Sommes-nous sur le pont d’un bateau ou au balcon, face à la scène d’un théâtre?

 La mezzanine des maîtres fait 250 pieds carrés. Derrière le lit, dans ces grands placards verts lime, se cachent une petite salle d’eau et un immense rangement. Le soir venu on tire les rideaux de feutre pour étouffer toute lumière et se donner plus d’intimité.

 Une nouvelle terrasse

 Avant l’arrivée d’Annie Lebel, la terrasse n’existait pas. Il n’y avait pas de terrain libre car la construction s’étendait jusqu’à la ruelle. On a donc retranché une portion du bâtiment pour créer ce coin de repos. Les murs qui le ceinturent en font presque une pièce extérieure.

 La verrière qui ouvre sur l’arrière nous saute aux yeux en arrivant. La jeune femme a dessiné de grands panneaux vitrés. Les panneaux du bas font 8 pieds et demi de haut par 3 pieds et demi. En haut, on trouve une seconde rangée de vitres à peine plus petites, mais givrées, pour bloquer un peu les rayons du soleil.

 Grand canapé crème dans le salon, écran plasma géant vissé au mur, lampes italiennes de sept pieds de haut. Pour la salle à manger, Annie a récupéré une table en peuplier contreplaqué utilisée lors d’expositions. La cuisine italienne bleue de la compagnie Effeti lui est tombée dans l’œil.

 Juste derrière la cuisine, on trouve l’escalier menant à la mezzanine principale, ensuite la salle d’eau et la salle de bains.

 Dans cette maison, très aérienne, la chaleur demeure grâce à une combinaison intelligente des matériaux et des revêtements et une luminosité hors du commun. Elle a été mise en vente récemment pour plus de 600 000$.

 En bref

 Le défi > la propriétaire Annie Lebel voulait conserver cette idée de volume sans subdiviser l’espace avec l’ajout d’un 2e étage.

 La structure > On a augmenté la superficie habitable avec l’ajout de trois mezzanines qui s’accrochent discrètement aux colonnes en gros bois d’œuvre apparentes.

 La couleur du bois > Les murets et planchers des mezzanines sont en érable torréfié. Ce procédé a rendu le bois non seulement plus résistant mais aussi plus riche. Dans cet ensemble immaculé, les mezzanines ressortent davantage sans pour autant écraser le visiteur. Les deux escaliers de la maison sont aussi en érable torréfié.

 Le puits de lumière > Comme si la luminosité ne suffisait pas, un nouveau puits de lumière en acier galvanisé, de 10 pieds par 4,6 pi. a été installé

 L’escalier > Le détail de l’escalier central en forme de Z, qui mène aux deux plus petites mezzanines, est vraiment particulier. Ce n’est pas la marche qui est inclinée, c’est la contre-marche, de biais, qui donne cette impression de zig-zag.

 Le plancher > Le plancher de béton est luisant car poli au diamant. «Les pores sont tellement fins qu’on n’a pas besoin de scellant», constate Mme Lebel. Malgré la froideur initiale de cette matière, qui enlève habituellement toute envie de se déchausser, l’intimité est au rendez-vous.

  Chauffage > Les propriétaires ont opté pour un chauffage radiant qui court sous la nouvelle dalle de béton. Les tubes d’eau sont chauffés au gaz. Et comme il n’y a pas de sous-sol, la fournaise est logée dans une chambre mécanique, à l’arrière du bâtiment. Dans les mezzanines, des calorifères électriques sont encastrés dans le plancher.

  Portes et fenêtres > Le plancher de la terrasse, les portes et les fenêtres, ainsi que les cadres de fenêtres de la verrière sont en tremble torréfié, donnant au bois une qualité imputrescible.