Les ménages québécois consacrent 30 % de leur temps de loisir aux tâches ménagères. Pour Christian et Andrée-Anne, un couple de trentenaires montréalais, c'est trop.

Les ménages québécois consacrent 30 % de leur temps de loisir aux tâches ménagères. Pour Christian et Andrée-Anne, un couple de trentenaires montréalais, c'est trop.

Quand ils ne travaillent pas, ils veulent profiter de la vie, et non récurer la cuisinière et passer la vadrouille. En apprenant qu'ils pouvaient engager une femme de ménage subventionnée, ils n'ont pas hésité un instant.

Depuis plus d'un an, Christian et Andrée-Anne reçoivent toutes les deux semaines la visite d'une préposée à l'entretien ménager - terme politiquement correct désignant une femme de ménage - dont une partie du salaire, soit quatre dollars l'heure, est payée par la Régie de l'assurance maladie du Québec. Résultat : leur préposée ne leur coûte que 13,75 $ l'heure. «C'est le même coût qu'engager une femme de ménage au noir, mais à la différence que la nôtre travaille pour une entreprise reconnue qui bénéficie d'une assurance responsabilité. Pour quelqu'un comme moi qui travaille à son compte et qui déclare tous ses revenus, je trouve cela plus équitable et juste», affirme Christian, soulagé de ne plus faire de ménage, ou presque.

En plus, il peut déduire un petit pourcentage de ses frais de ménage comme frais de bureau. Comme de plus en plus de gens, Christian et Andrée-Anne profitent du Programme d'exonération financière pour les services d'aide domestique (PEFSAD), un service créé par le gouvernement du Québec à la suite du Sommet de l'économie et de l'emploi, tenu en octobre 1996.

Le PEFSAD vise trois objectifs : favoriser le maintien à domicile des personnes âgées ou des gens touchés par une limitation (un handicap, par exemple), contrer le travail au noir et créer des emplois de qualité. «À l'époque, il existait une pénurie de préposées à l'entretien ménager. Beaucoup de personnes âgées, incapables de faire leur ménage, ne pouvaient plus rester chez elles, alors qu'avec un peu d'aide, cela aurait été possible», explique Hélène Paradis, directrice générale de Répit-Ressource de l'Est de Montréal, une entreprise de 96 employés desservant les territoires de l'est de Montréal.

Depuis ce temps, tous les Québécois âgés de 18 ans et plus ont droit à une aide fixe de quatre dollars pour chaque heure de services rendus en aide domestique, quel que soit leur revenu. Une aide variable de 0,20 à six dollars l'heure peut s'ajouter à l'aide fixe, en fonction du revenu familial ou de la situation familiale. Au total, l'aide financière peut atteindre 10 $ l'heure.

Les services d'aide domestique sont fournis par des entreprises d'économie sociale (coop ou OSBL), qui couvrent un territoire desservi par un ou plusieurs CLSC. En embauchant une préposée travaillant pour une telle entreprise, les gens favorisent la création de vrais emplois. «Nos employées, majoritairement des femmes, reçoivent un salaire variant de 9 à 12,50 $ de l'heure et elles profitent de vacances payées et de la protection de la CSST, ce à quoi elles n'auraient pas droit en travaillant au noir», explique Mme Paradis.

Les clients profitent aussi d'avantages en engageant une aide domestique travaillant légalement. «Comme entreprise ayant pignon sur rue, si les clients connaissent des problèmes, ils peuvent simplement nous contacter. Nous possédons aussi, en cas de problèmes majeurs, une assurance responsabilité», affirme Jacques Monette, directeur général de Novaide, une entreprise comptant 90 employés qui dessert les quartiers du centre de l'île de Montréal.

La majorité de la clientèle des entreprises d'économie sociale est constituée de personnes âgées incapables d'effectuer leurs tâches ménagères. «Pour eux, la visite d'une préposée est un lien vital avec le reste du monde. Souvent, il s'agit de leur seule visite dans la semaine», raconte Mme Paradis. Par contre, de plus en plus de gens actifs profitent du programme. «Tous les clients sont les bienvenus et il n'y a pas de liste d'attente», affirme M. Monette.

La seule condition pour bénéficier du programme d'exonération financière : fournir les produits nettoyants et l'équipement nécessaire pour faire le ménage. «On pousse de plus en plus pour l'utilisation de produits verts. Nettoyer à longueur de semaine avec de l'eau de javel, ce n'est pas très sain pour la santé», affirme Mme Paradis. Aujourd'hui, Christian et Andrée-Anne pourraient difficilement se passer d'une aide domestique. «C'est tellement satisfaisant de rentrer du travail et de voir que la maison est propre comme un sou neuf», raconte-t-il.

__________________

Pour en savoir plus: Vous trouverez toutes les informations sur l'aide financière et la liste des entreprises fournissant le service d'aide domestique sur le site de la Régie de l'assurance maladie du Québec: www.ramq.gouv.qc.ca