Depuis quelques jours, une résidence de l’arrondissement de Saint-Laurent, à Montréal, fait tourner les têtes et les clics, car coiffée d’un gigantesque auvent évoquant les abris hivernaux pour autos. Bien que l’image paraisse cocasse aux yeux de certains, elle n’a rien d’une blague, puisque la structure permet de mener d’importants travaux de construction.

Un proprio qui n’aime pas déneiger son toit ? Qui veut enquiquiner le voisinage ? Ou encore une de ces boutades virales fabriquées à coup de Photoshop ? Les internautes ont multiplié bouffonneries et hypothèses au sujet d’une maison montréalaise au-dessus de laquelle a été récemment installé un abri temporaire. Bref, les photos circulant dans les réseaux sociaux n’ont pas manqué d’étonner. Mais s’il y a une personne qui n’y voit rien de particulier, c’est bien Daniel Singh, propriétaire de Canevas Métropolitain, l’entreprise qui a conçu et fait installer la structure.

PHOTO TIRÉE DU COMPTE FACEBOOK D’ANDREW WALACH

Trois jours sont nécessaires pour monter l’abri, le premier étant consacré à la structure. Les propriétaires d’abri pour auto se remémoreront ces chiffres avant de pester l’hiver prochain.

« Des abris comme ça, j’en ai fait 500 semblables depuis 40 ans, et même plus grands ! », glisse-t-il au téléphone, ne cachant pas sa perplexité face à l’engouement viral provoqué par ce projet en particulier. « Dans le résidentiel, ce n’est pas vraiment habituel », reconnaît-il cependant. « Des compagnies comme Bombardier ou Pratt & Whitney ont toutes des abris de cette dimension et même plus gros, c’est juste qu’ils ne sont pas à la vue. »

La mission de l’abri grand format dans le cadre de ce projet résidentiel précis : un étage supplémentaire sera ajouté à l’édifice, ce qui nécessite de protéger le chantier des intempéries automnales. Ses dimensions : 36 pi de large sur 75 pi de long, soit 11 m sur 23 m environ, c’est-à-dire à peu près la taille d’un terrain de tennis. Trois jours sont nécessaires pour l’installation d’une telle structure, nécessitant grues, nacelles et ancrages. Toujours dans ce cas particulier, elle restera en place entre 20 et 30 jours, le temps que les travaux soient achevés. Mais une structure similaire montée dans un endroit fixe pourrait y rester de 15 à 20 ans, précise M. Singh.

PHOTO TIRÉE DU COMPTE FACEBOOK D’ANDREW WALACH

La structure, vue d’une nacelle de montage

L’immense abri n’est par ailleurs pas loué, mais vendu (il faut compter entre 45 000 et 60 000 $ pour ce genre de produit fait sur mesure, installation et équipements compris, indique le propriétaire de Canevas Métropolitain), et sera par la suite remis sur le marché — il y aurait déjà cinq acheteurs potentiels sur la liste.

Face aux internautes enchaînant les blagues de plus ou moins bon goût en référence à la tempête Fiona, M. Singh se veut très clair sur un point : ça ne s’envolera pas. « Ce n’est pas le genre de produit qui part au vent. Depuis 40 ans [que nous en proposons], ce n’est jamais arrivé. Les abris d’auto résidentiels qui partent au vent, c’est qu’ils sont mal installés. »