« À cœur Vaillant, rien d’impossible. » Le proverbe qui surplombe l’entrée du « Petit lodge » ne pourrait mieux illustrer l’aventure de sa restauration. Il ne saurait, aussi, représenter plus justement la famille qui lui a redonné son âme pour que subsiste la magie de Noël. Tout a commencé un jour d’automne…

Abandonnée depuis des années, la vieille cabane croupissait en forêt sur la terre familiale des Vaillant, à Sainte-Cécile-de-Masham, en Outaouais, et tombait graduellement en décrépitude. Quelques rondins de bois moussu maintenaient encore en place une charpente brinquebalante, malmenée par des vandales au fil du temps et cadenassée par prudence pendant une décennie.

Ainsi offerte au temps et aux intempéries, la petite bicoque se languissait loin de sa belle époque, jusqu’à ce qu’une visite, au tout début d’octobre, vienne l’extraire de sa léthargie.

Le « Petit lodge » avant sa restauration
  • Vandalisée à quelques reprises, la cabane avait été condamnée dans la dernière décennie.

    PHOTO FOURNIE PAR LA FAMILLE VAILLANT-JOANETTE

    Vandalisée à quelques reprises, la cabane avait été condamnée dans la dernière décennie.

  • Arianne Joanette et son mari, Ghislain Vaillant, ont entrepris de restaurer la petite bicoque le 3 octobre. À la fin du mois, le « Petit lodge » était fin prêt à accueillir la famille pour la nuit.

    PHOTO FOURNIE PAR LA FAMILLE VAILLANT-JOANETTE

    Arianne Joanette et son mari, Ghislain Vaillant, ont entrepris de restaurer la petite bicoque le 3 octobre. À la fin du mois, le « Petit lodge » était fin prêt à accueillir la famille pour la nuit.

  • Le plancher de la cabane a été redressé et isolé pour que les lieux puissent être accueillants en hiver.

    PHOTO FOURNIE PAR LA FAMILLE VAILLANT-JOANETTE

    Le plancher de la cabane a été redressé et isolé pour que les lieux puissent être accueillants en hiver.

  • Toute la famille a participé aux travaux, y compris Rose, 13 ans, et son frère de 9 ans, Gabriel-Alexandre. « C’est toujours quand il n’y a pas grand-chose à faire que les enfants sont les plus créatifs et les plus occupés », observe leur mère.

    PHOTO FOURNIE PAR LA FAMILLE VAILLANT-JOANETTE

    Toute la famille a participé aux travaux, y compris Rose, 13 ans, et son frère de 9 ans, Gabriel-Alexandre. « C’est toujours quand il n’y a pas grand-chose à faire que les enfants sont les plus créatifs et les plus occupés », observe leur mère.

  • Trop basse pour un gaillard de plus de 6 pi, la cabane a été surélevée d’un pied et demi.

    PHOTO FOURNIE PAR LA FAMILLE VAILLANT-JOANETTE

    Trop basse pour un gaillard de plus de 6 pi, la cabane a été surélevée d’un pied et demi.

1/5
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Un petit clan carburant aux projets vint ce jour-là inspecter ses entrailles pour en évaluer le potentiel, après avoir tergiversé sur une question décisive : garder ou non la terre transmise d’une génération à l’autre dans la famille Vaillant ? D’un côté, personne n’en tirait réellement profit. La conserver relevait plutôt de l’attachement, explique Arianne Joanette. Et ce lien est d’autant plus grand que les parents de Ghislain Vaillant, son conjoint, sont morts tragiquement lorsqu’il avait 16 ans.

Un autre point jouait incontestablement en faveur de cette étendue de feuillus et de conifères. Depuis sept ans, la petite famille et ses proches y dégotent leur sapin de Noël au cours d’une expédition dite « magique » où les thermos sont remplis de chocolat chaud et les hot-dog, rôtis sur le poêle Coleman afin de combler les panses, le temps de trouver le parfait spécimen à illuminer. Ce jour-là, les yeux des gamins se garnissent d’étoiles et les cerveaux font le plein de souvenirs.

À la question, donc – « garder ou non la terre ? » –, la famille a répondu par un « oui » senti, choisissant non seulement de conserver le patrimoine, mais de le faire revivre.

Un Noël à reconstruire

La période entourant Noël est toujours festive chez les Vaillant. La porte de la maison s’ouvre généralement autour du 22 décembre pour accueillir famille et amis. S’amorce alors une ronde de visites qui se prolonge pendant toute la période des vacances. « Normalement, notre façon de mettre du beau dans notre vie, c’est de voir nos amis, de recevoir ou de préparer un voyage. »

Cette année, Noël s’annonçait évidemment moins frénétique. Pour casser la morosité et faire passer la pilule auprès de leurs enfants de 13 et 9 ans, Rose et Gabriel-Alexandre, le couple a trouvé son parfait « projet pandémique » : restaurer la petite cabane en famille afin d’y passer les Fêtes. Construite au début du siècle dernier par l’arrière-grand-père Vaillant (remarquez qu’en inversant les derniers mots, la phrase a tout autant de sens), elle réclamait un peu d’amour. Elle en a obtenu une bonne dose.

Le « Petit lodge » restauré
  • On a donné la priorité au confort pour les lits. Celui des parents, un grand lit à mousse mémoire, est installé dans le coin droit de la pièce et surmonté des lits jumeaux des enfants.

    PHOTO FOURNIE PAR LA FAMILLE VAILLANT-JOANETTE

    On a donné la priorité au confort pour les lits. Celui des parents, un grand lit à mousse mémoire, est installé dans le coin droit de la pièce et surmonté des lits jumeaux des enfants.

  • Un lavabo a été installé dans la zone cuisine. Une chaudière déposée sous ce dernier permet de récupérer l’eau.

    PHOTO FOURNIE PAR LA FAMILLE VAILLANT-JOANETTE

    Un lavabo a été installé dans la zone cuisine. Une chaudière déposée sous ce dernier permet de récupérer l’eau.

  • Les dimensions du #Petitlodge imposent une réflexion dès qu’un nouvel objet s’ajoute à l’aménagement : est-il assez pratique pour justifier l’espace qu’il prendra ?

    PHOTO FOURNIE PAR LA FAMILLE VAILLANT-JOANETTE

    Les dimensions du #Petitlodge imposent une réflexion dès qu’un nouvel objet s’ajoute à l’aménagement : est-il assez pratique pour justifier l’espace qu’il prendra ?

  • « Depuis le début de la pandémie, je fais des listes de choses que je souhaite faire pour mettre du beau dans la vie, indique Arianne, qui est avocate. J’ai la chance d’avoir un bon travail, mais je n’ai pas toujours des dossiers faciles. J’ai besoin de semer du positif autour de moi. »

    PHOTO FOURNIE PAR LA FAMILLE VAILLANT-JOANETTE

    « Depuis le début de la pandémie, je fais des listes de choses que je souhaite faire pour mettre du beau dans la vie, indique Arianne, qui est avocate. J’ai la chance d’avoir un bon travail, mais je n’ai pas toujours des dossiers faciles. J’ai besoin de semer du positif autour de moi. »

  • Un budget a été débloqué pour réparer la structure de la cabane, le plancher et le comptoir. Le reste a été aménagé avec les moyens du bord et beaucoup de créativité.

    PHOTO FOURNIE PAR LA FAMILLE VAILLANT-JOANETTE

    Un budget a été débloqué pour réparer la structure de la cabane, le plancher et le comptoir. Le reste a été aménagé avec les moyens du bord et beaucoup de créativité.

1/5
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

La structure a été surélevée d’un pied et demi, et son plancher, redressé et isolé, tandis que les rondins et fenêtres abîmés ont été remplacés. À la fin du mois, la cabane était prête à accueillir ses occupants pour la nuit. Ne restait plus qu’à aménager l’espace de 12 pi sur 12 pi, en usant de créativité et en recyclant le matériel déjà disponible pour dépenser le moins possible.

« On forme une bonne équipe. Il faut connaître mon chum pour savoir à quel point il peut concrétiser une idée. C’est une machine ! Tout le monde qui le croise est impressionné par sa capacité à créer », assure son « assistante ». Le couple a d’ailleurs construit sa maison de ses mains. Ses enfants participent également à la restauration de la cabane, et ont appris à faire un feu dans le poêle à bois pour griller le pain sur le poêle, le matin. Ce Noël, des bottes de construction figurent sur la liste de souhaits de Gabriel-Alexandre.

Retour aux sources

Le « Petit lodge » est maintenant accueillant. Bien sûr, l’espace et les moyens y sont limités, mais il y a les couchers de soleil « splendides », les loups qui hurlent parfois à la lune, l’aurore boréale aperçue une nuit d’automne, les castors qui font saucette le matin et la brume qui accompagne l’aurore. La nature invite à changer la cadence.

Les aliments y ont un goût incomparable, comme ce chili qui a cuit toute une journée dans une marmite de fonte sur un feu de bois, et qui s’est imprégné d’arômes de fumée. Les soirées de danse sur des musiques québécoises y sont aussi mémorables. Durant les Fêtes, ce sera partie remise dans les deux cas.

PHOTO FOURNIE PAR LA FAMILLE VAILLANT-JOANETTE

Goose, le braque allemand, accompagne la famille dans ses expéditions sur la terre de Masham. « On évalue qu’on pourrait facilement recevoir 10 personnes à manger dans ce petit espace en utilisant le pied du lit comme banquette et la table pliante », estime Arianne.

Un autre projet sera de visionner des films en forêt grâce aux panneaux solaires installés par Ghislain, assez puissants pour alimenter un projecteur et des lumières de Noël. « Les enfants ne le savent pas encore, mais on compte profiter du moment où ils seront couchés pour aller décorer les arbres et leur faire la surprise », confie leur mère avec un plaisir évident.

La famille compte aussi glisser sur les pentes, peindre les quatre toiles (une pour chacun) achetées pour décorer l’intérieur, bâtir des banquettes à l’extérieur, faire griller des sucreries en tous genres sur le feu, découvrir de nouveaux jeux de société, faire des bonshommes de neige et marcher en forêt. Ah ! Il y a aussi ce mystère à élucider : si le père Noël n’existe pas, comment se fait-il que des traces de pieds de lutins aient été repérées dans le bois ?

« J’ai l’impression de vivre un Noël d’antan. Il y a quelque chose de satisfaisant au fait d’aller à l’essentiel, observe Arianne. Il n’y a pas grand-chose à faire et plein en même temps. » L’absence d’urgences, les matins plus doux, le temps qui file sans presse et l’absence de distractions... Tout ça resserre les liens familiaux, relève-t-elle encore.

Décidément, les Fêtes sont différentes, cette année. Elles seront néanmoins gravées dans les mémoires à jamais.