Stéphanie Lévesque s’est donné comme mandat de communiquer au plus grand nombre les bienfaits de l’autonomie manuelle. Mais bien qu’il soit tout à fait possible d’apprendre à manier le marteau à l’âge adulte, il est encore mieux de se familiariser avec son coffre à outils dès le plus jeune âge. C’est l’idée derrière Génération Marteau, plus récent livre pratique de la chroniqueuse et enseignante.

Elle-même mère, Stéphanie Lévesque le constate d’emblée : les jeunes d’aujourd’hui sont beaucoup plus attirés par leur console de jeu portative que par une clé à molette. « Ce n’est pas pour rien que j’ai appelé mon livre Génération Marteau. Ces connaissances-là, ça se perd de plus en plus, dit-elle en rigolant au bout du fil. Mais il faut allumer les enfants au travail manuel. Je ne prétends pas qu’ils vont en faire leur métier — quoique ce serait bien, il y a pénurie dans les métiers de la construction ! —, mais au moins qu’ils sachent comment peinturer un mur, installer des rideaux ou un miroir, on ne réinvente pas la roue, là. »

Le bouquin, joliment illustré par la nièce de l’autrice, commence en démythifiant les principaux outils qui doivent impérativement se retrouver dans son coffre — on y apprend notamment comment choisir différents rouleaux à peinture selon le type de surface à recouvrir, un conseil valable à tout âge, comme bien d’autres dans le livre, d’ailleurs. Viennent ensuite quelques astuces pour bien utiliser les principaux matériaux de construction, des ancrages au papier sablé en passant par les moulures ou les panneaux de gypse.

Selon l’âge

Évidemment, on ne demandera pas à une gamine de 7 ans d’installer une tablette à niveau. Stéphanie Lévesque s’adresse donc directement aux enfants pour qu’ils puissent développer un sentiment d’appartenance en mettant à l’essai les projets présentés en quatre sections adaptées aux différents groupes d’âge. « Pour les petits, comment on intègre l’utilisation du marteau ? Avec des objets réno-déco », explique Stéphanie Lévesque, qui a trouvé ses idées en s’inspirant de son quotidien.

Les projets qui ont été retenus sont ceux qui ont été les plus populaires auprès des jeunes de mon entourage.

Stéphanie Lévesque

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Stéphanie Lévesque s’adresse donc directement aux enfants pour qu’ils puissent développer un sentiment d’appartenance en mettant à l’essai les projets présentés en quatre sections adaptées aux différents groupes d’âge.

Les 7 à 9 ans peuvent par exemple bricoler leur propre panier à linge sale ou un petit babillard en liège, tandis que les 10 à 12 ans peuvent s’initier à la réparation d’un petit trou dans un mur de gypse ou même récupérer un vieux meuble pour le transformer selon leurs goûts. Les 13 à 15 ans passent aux choses sérieuses et peuvent apprendre comment changer une poignée de porte ou comment fixer un objet lourd au mur, ou même tailler sa propre tête de lit personnalisée avec une scie sauteuse. Enfin, pour les plus vieux, on prépare déjà quelques tâches qui seront essentielles quand viendra le temps de quitter le nid familial : peinture, installation de papier peint, pose de rideaux, réparation de gros trous dans un mur ou confection d’un meuble en bois de construction, voilà certainement quelques projets qui demeureront pertinents pour la vie.

Prêcher la bonne nouvelle

« Il n’y a pas un projet ou un autre qui me rend fière en particulier dans le livre, c’est plutôt l’idée de prêcher la bonne nouvelle, sans prétention, en espérant que les jeunes vont pouvoir allumer et considérer que c’est le fun de pouvoir réparer soi-même son vélo ou son lit ou de fabriquer quelque chose dont ils ont envie, soutient Stéphanie Lévesque. Ce qui me rend fière est donc qu’ils puissent devenir habiles manuellement, parce que je suis certaine que c’est une richesse. »

D’ailleurs, le message vaut autant pour les parents, comme en fait foi la Zone parentale, deux petites pages très à propos présentées en début de livre. « Je comprends que certaines personnes n’aiment pas le travail manuel, reconnaît l’ébéniste de formation. Mais je ne comprends pas que tu puisses être propriétaire sans comprendre un minimum de ce qui touche à l’entretien ! Tu ne sais pas comment c’est fait ? C’est pas si grave, mais sac à boules, pourquoi tu laisses traîner un trou dans le mur pendant six mois en attendant que ton voisin vienne le faire à ta place ? »

Qui sait, les plus récalcitrants pourront peut-être compter sur leur progéniture pour effectuer leurs menus travaux !

Décore ta chambre !

IMAGE FOURNIE PAR LES ÉDITIONS LA PRESSE

Dans le projet « Décore ta chambre », destiné aux 7 à 9 ans, l’idée est donc d’initier le jeune bricoleur à la peinture en créant une œuvre qu’il pourra accrocher au mur.

Tous les projets tiennent en quelques pages, abondamment illustrés et adaptés en fonction de l’âge de ceux qui vont manier marteau, scie et pistolet à colle.

On commence tout d’abord en déterminant « c’est quoi l’idée » : « Un jeune m’a un jour posé cette question, et c’est resté, je l’ai intégré au livre, nous dit Stéphanie Lévesque. C’est cute, mais c’est légitime comme question ! » L’auteur se sert aussi de la question pour associer les compétences qui seront acquises à terme de l’exercice.

Dans le projet « Décore ta chambre », destiné aux 7 à 9 ans, l’idée est donc d’initier le jeune bricoleur à la peinture en créant une œuvre qu’il pourra accrocher au mur ; il apprendra au passage comment agencer ses couleurs et à manipuler le rouleau, entre autres.

On passe ensuite aux matériaux, outils et quincaillerie requis pour réaliser le projet. Dans le projet qui nous concerne, c’est relativement simple : cartons, bâtons de colle, ciseaux, règle et nécessaire de peinture.

Décore ta chambre ! Suite

IMAGE FOURNIE PAR LES ÉDITIONS LA PRESSE

L’étape de la préparation est toujours très importante lorsqu’on se lance dans un projet.

La préparation est cruciale avant de se mettre à l’ouvrage et Stéphanie Lévesque ne néglige rien. Ici, elle prend notamment soin de proposer aux jeunes d’utiliser des bacs différents pour chaque couleur — « ça t’évite de laver ton bac à chaque changement de couleur ».

Enfin, chaque projet se conclu avec quelques astuces, trucs et idées, comme celle très sage de ne pas utiliser trop de peinture, au risque de faire ramollir son carton !

IMAGE FOURNIE PAR LES ÉDITIONS LA PRESSE

Génération Marteau : En route vers l’autonomie manuelle, de Stéphanie Lévesque

« C’est en discutant avec des jeunes de mon entourage que j’ai eu l’idée de faire le livre. J’ai envoyé une seule page en exemple à mes éditeurs, ils ont tripé ! C’était en phase avec la tendance à faire ses propres projets maison, on était en plein confinement. Et je n’avais pas le goût d’écrire une autre livre pour les adultes, ça me tentait de m’amuser avec les enfants ! »

Génération Marteau : En route vers l’autonomie manuelle, de Stéphanie Lévesque, aux Éditions La Presse, 173 pages.