« Y’en a pas de problèmes, y’a juste des solutions » est devenu le mantra de Michelle Gagné le jour où, plutôt que de déménager, elle a choisi de faire lever sa maison pour y ajouter un sous-sol en plus d’une rallonge. Un autre enfant (elle en avait déjà trois), des heures d’insomnie et une dépression plus tard, elle relate son expérience et prodigue ses conseils dans Madame rénove.

Dans quelle proportion est-ce « Madame rénove » ou « Madame fait rénover » ?

C’est moitié-moitié. Évidemment, je ne vais pas changer mon toit cet été : ce n’est pas mon métier. Mais je suis capable de faire pas mal d’affaires. J’ai démoli, fait des plans, monté des murs, posé du plancher… Mais même quand j’étais au travail et qu’on rénovait chez nous, c’était vraiment prenant.

Vous aviez anticipé un projet aussi exigeant ?

Je ne m’attendais pas à ce que ce soit si intense. Tu ne peux pas prévoir, par exemple, que tu ne dormiras pas pendant des jours parce que ta maison vibre [parce qu’elle est temporairement surélevée en attendant qu’on érige les fondations]. Et le lendemain, tu dois tout de même aller travailler.

Vous attribuez votre dépression à vos rénovations ?

Ce n’est pas tant les rénos qui m’ont rendue malade que le fait que j’étais prédisposée à faire une dépression. J’ai accumulé tout ce qu’il faut pour tomber malade. Et c’est là que j’ai découvert que l’hygiène de vie avait un impact majeur dans le quotidien. J’ai appris à me connaître à travers ce projet. La personne du début du livre n’est plus la même que celle de la fin.

Les rénos, c’est fait pour tout le monde ?

Oui, dans la mesure où on connaît ses limites. Moi, je sais que je ne suis pas capable de tirer de beaux joints. Je vais donc chercher de l’aide pour ça. Mais je me débrouille vraiment bien pour faire des recherches et m’informer. D’ailleurs, ne croyez pas tout ce qu’on vous raconte. Si j’avais écouté tout ce qu’on me disait, je n’aurais pas pu faire tout ce que j’ai fait. Occupez-vous de votre patrimoine.

Vous ciblez directement les femmes dans votre préface. Pourquoi seulement elles ?

PHOTO FOURNIE PAR BÉLIVEAU ÉDITEUR

Madame rénove, de Michelle Gagné, Béliveau éditeur, 2019, 180 pages, 24,95 $

J’avais l’impression, au départ, qu’il n’y avait que les filles pour comprendre ce que j’ai vécu [concilier boulot-famille-rénos]. Mais pourtant, les gars qui lisent mon livre trouvent ça drôle. Je réalise que les couples se partagent les tâches avec leurs forces et leurs faiblesses. Reste que c’est encore Madame qui choisit les couleurs et Monsieur qui fait la finition.

La rénovation demeure un univers masculin ?

C’est rare que je rencontre une fille qui tripe sur son nouvel aspirateur Shop-Vac. Y’a un clash entre les hommes et les femmes dans ce domaine. Depuis que j’ai écrit ce livre, plein de gars viennent me jaser de problèmes de rénovations comme s’ils n’avaient jamais osé le faire avec une fille avant. D’ailleurs, les gars de rénos ont souvent l’air de se demander d’où je sors, et il m’est arrivé plus d’une fois de me faire traiter de « petite madame ». Au Salon de l’habitation, un monsieur se demandait même où était mon mari ! Pourtant, y’a plein de filles qui aiment rénover et plein de couples qui ont du plaisir à le faire ensemble.

De quoi êtes-vous le plus fière dans cette épopée ?

De ne pas être tombée dans le panneau des « tant qu’à y être, on va ajouter un pied de plus ». On a réalisé ce projet à notre façon et en respectant notre budget. Pas dans les délais, bien sûr, parce que ça aussi, on a appris que ce n’était jamais respecté.

Avec le recul, vous répéteriez l’expérience ?

Je ne le referais pas… [courte réflexion] Mais non, ce n’est pas vrai, je le referais n’importe quand parce que je suis contente du résultat. Quand je reçois chez moi et que je me dis « c’est donc bien grand », ça me fait vraiment plaisir. On s’est d’ailleurs lancés dans l’achat d’un chalet qui vient avec beaucoup de défis.

À suivre dans le tome 2 de Madame rénove

Madame rénove. Michelle Gagné. Béliveau éditeur. 180 pages. 24,95 $.