Imaginez une grande surface, traversée d'allées attrayantes, garnies d'articles impeccablement classés. Dotez-la de services-conseils, d'offres de livraison et de collecte.

Un eldorado de la rénovation, version réemploi: dans la cour à bois, au rayon de la plomberie, au rayon des armoires, des portes, des luminaires ou des meubles, les biens et matériaux n'en sont pas à leur première vie.

Tel est le centre de «rénocyclage» que le sociologue Bruno Demers veut mettre sur pied, dans un lieu très accessible de Montréal, en s'inspirant des meilleures réussites américaines.

Ce boursier d'Équiterre a pour mandat de développer la filière réemploi au Québec, plus particulièrement à Montréal. Il a ausculté, pendant un an et demi, les centres de récupération de matériaux du Québec et des États-Unis, et a parlé à plus d'une centaine d'entrepreneurs. Il s'attaque maintenant au plan d'affaires et à la création de l'organisme qui assumera la gestion du centre, organisme apte à recevoir des dons de matériaux et à remettre des reçus de charité.

«On aimerait lancer le centre de réemploi d'ici deux ans, confie M. Demers, mais il faut d'abord trouver le bon bâtiment, bien localisé.»

Un stock bien maîtrisé

Le centre de réemploi devrait occuper au minimum 15 000 pi2, idéalement 30 000, et très bien maîtriser son stock en ligne, dit Bruno Demers. «Si un architecte, un constructeur ou un propriétaire demande: «As-tu 200 deux par quatre en inventaire?», il faut pouvoir répondre.»

Contrairement aux écocentres et aux centres privés, qui attendent que les matériaux arrivent d'eux-mêmes par le bon vouloir des propriétaires, M. Demers préconise des collectes à domicile, sur les chantiers, voire dans les foires d'exposition.

Le centre sera «esthétiquement inspirant, avec un design incorporant lui-même beaucoup de composantes réutilisées». Il offrira des ateliers et il comprendra une salle d'exposition, où seront vendus du mobilier, des articles et des oeuvres uniques, conçues sur place, par le personnel du centre ou par des artisans-recycleurs en résidence.»

Déconstruction

Le centre pourrait collaborer avec des entreprises de déconstruction. «La déconstruction, plus coûteuse que la démolition, devient concurrentielle si on offre un reçu fiscal en échange des matériaux, comme cela se fait à Portland, en Oregon, où toute l'industrie du réemploi est florissante, de l'ingénieur au petit entrepreneur, du centre de matériaux au magasin de décoration.